Une femme a souffert le martyre des heures durant après avoir subi une intervention chirurgicale majeure au Wellkin Hospital. En cause : une rupture de stock de calmants comme la péthidine et la morphine. Les proches de la patiente ont écrit à l’administration de l’établissement de santé, en mettant en copie le ministère.
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Une femme admise au Wellkin Hospital n’oubliera pas de sitôt la souffrance qu’elle a endurée après avoir été opérée. Les calmants prescrits par son chirurgien n’étant pas disponibles, la patiente, qui a subi une myomectomie (intervention chirurgicale consistant à faire l’ablation d’un ou de plusieurs fibromes ou myomes utérins tout en gardant l’utérus ; NdlR), a agonisé des heures durant.
Tous les autres alternatifs administrés par l’anesthésiste n’ont pas eu les effets escomptés. La famille a informé l’administration de l’établissement de santé privé de ses griefs dans une lettre, en mettant en copie le ministère de la Santé. La direction dit avoir ouvert une enquête après avoir reçu la plainte des proches de la patiente.
Ces derniers reprochent à l’hôpital privé son manque d’égard vis-à-vis de la malade. Ils trouvent aberrant que des calmants tels que la péthidine et la morphine soient en rupture de stock dans un tel établissement. « Nous apprenons du personnel médical que ceux qui subissent les interventions chirurgicales dans d’autres cliniques n’ont pas été confrontés à ce problème-là », soutient un des proches de la patiente.
Supportant mal la douleur après cette opération majeure, elle a hurlé tellement elle avait mal : « Toute la clinique l’a entendue se plaindre pendant de longues heures », disent ses proches. Ils martèlent que les mesures appropriées n’ont pas été prises malgré leur insistance pour avoir des calmants plus efficaces que ceux qui lui avaient été administrés dans un premier temps.
Ce n’est que plus de cinq heures après l’intervention que le personnel de l’établissement a pu trouver de la péthidine pour en administrer à la patiente. « On nous a fait comprendre en deux occasions que le calmant était en rupture de stock », explique le frère de la patiente. À la place, un autre calmant (Tramadol) lui a été administré, mais cela n’a pas eu les effets escomptés, selon lui. « Ce n’est qu’en début de soirée, après avoir longtemps insisté, qu’une dose de péthidine lui a été administrée. Nul ne sait d’où provenait le calmant », ajoute-t-il.
Selon diverses sources, ce cas ne serait pas isolé. D’autres patients ont fait les frais du dysfonctionnement répété de l’établissement de santé privé de Moka. Si ce n’est pas le manque de médicaments, ce sont les appareils qui tombent en panne, au grand dam des patients. L’un deux affirme que la qualité du service s’est détérioré depuis l’arrivée de la nouvelle direction : « Il y a une lourdeur administrative qui retarde les procédures et gêne la bonne marche du travail. » Un autre patient ajoute qu’il y a régulièrement des pénuries de médicaments en raison d’une mauvaise gestion du stock. « Malheureusement, ce sont les patients qui sont pénalisés en dépit de la bonne volonté des médecins et du personnel », dit-il.
«C’est inacceptable»
« C’est inacceptable qu’une clinique soit en rupture de stock de péthidine ou de morphine », explique un membre du Medical Council qui a tenu à garder l’anonymat. « Ce sont des produits essentiels pour calmer la douleur, surtout après des interventions importantes. C’est assez étrange que l’établissement n’en avait pas au moment voulu », précise-t-il.
Il souligne cependant que la morphine et la péthidine sont des produits soumis à un quota à l’importation. Selon un importateur, les produits de la famille des morphiniques sont livrés selon un quota à chaque pays sous l’International Narcotics Control Board basé en Suisse. Pour passer une commande additionnelle, tout pays doit justifier sa demande accompagnée de justificatifs précis, nous a expliqué un importateur. C’est à partir de là que la requête est soumise au laboratoire pour la production et la livraison.
« Les morphiniques sont administrés en dernier recours, selon le protocole ou les convictions du médecin, car cela peut créer une dépendance s’ils sont administrés à des doses élevées », dit-il. Ils ont aussi pour particularité d’agir rapidement pour calmer la douleur, dépendant du mode d’administration : voie intraveineuse, comprimé ou patch. Notre source précise également qu’il arrive que les autres calmants ne marchent pas sur un patient qui est plus sensible à la douleur qui peut être physique, neurologique ou mentale, ce qui est parfois difficile à gérer, selon elle.
C’est ce qui est sans doute arrivé dans le cas de la patiente, selon l’anesthésiste qui s’est occupé d’elle. « Nous avons fait tout le nécessaire pour lui administrer des calmants, mais ils n’ont pas eu l’effet escompté », nous a-t-il expliqué. Selon lui, elle a un faible seuil de tolérance à la douleur, ce qui fait que tous les calmants administrés initialement n’ont pas été efficaces.
Le médecin traitant abonde dans le sens de l’anesthésiste, affirmant qu’elle a prescrit les calmants appropriés à la patiente et qu’elle ne pouvait pas savoir qu’il n’y en avait pas en stock. Ce que déplore la famille de la patiente.
Dr Dawood Oaris, président de l’Association des cliniques privées : «Il y a une pénurie de plusieurs médicaments»
« Nous avons constaté que divers médicaments importants sont en rupture de stock, allant des calmants de la famille des morphiniques aux antibiotiques en passant par les médicaments pour les patients souffrant de maladies cardiovasculaires ou d’asthme. » C’est ce qu’a affirmé le Dr Dawood Oaris, président de l’Association des cliniques privées, interrogé à ce sujet. Selon lui, les importateurs eux-mêmes n’arrivent pas à s’approvisionner sur le marché international. Il précise que le service public n’a pas pu les aider non plus leur stock étant limité. « Les cliniques ont opté pour l’entraide. Nous tentons de nous débrouiller comme nous pouvons », a indiqué le Dr Oaris.
Une enquête ouverte
Le Défi Quotidien a adressé une requête au responsable de communication de Wellkin Hospital pour avoir des éclaircissements sur le cas de cette patiente. Mais à l’heure où nous mettons sous presse, nous n’avions pas obtenu de réponses à nos questions. Une source proche du dossier nous a néanmoins dit que la plainte de la patiente a été prise en considération par le département concerné et qu’une enquête a été ouverte pour savoir ce qui s’est passé.
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