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Rishni Toofaneeram : «L’avenir du vestimentaire mauricien est dans la fusion»

Rishni Toofaneeram

Rishni Toofaneeram est la costumière des finalistes du concours Miss Global. La jeune femme explique que l’île Maurice est le lieu idéal pour explorer le compromis dans le vestimentaire. Rencontre.

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« Je voulais un concept qui tranche et qui attire toutes les communautés. Je voulais présenter une collection unique. »

Avant toute chose, elle entend mettre les points sur les i : « Je ne suis pas designer, mais j’ai appris à cultiver et affiner mon regard sur les tendances vestimentaires. Depuis que je suis revenue de Londres, je me suis rendu compte que la Mauricienne, grâce à sa morphologie issue du métissage, est en mesure de porter tant les vêtements occidentaux qu’orientaux. En fait, nous sommes bénies des dieux, car nous sommes issues de quatre cultures : indienne, africaine, chinoise et européenne. Nous pouvons exploiter cette richesse, grâce à l’imagination et au savoir-faire », explique-t-elle.

Pièces uniques

La directrice du magasin Ella, à Vacoas, explore la rencontre des couleurs, des tissus et des tendances. Si son magasin, géré par sa mère lorsqu’elle se trouvait à Londres, proposait déjà des pièces uniques fabriquées en lin, c’est à son retour à Maurice qu’elle va insuffler un nouveau départ à son commerce.

Mais l’idée de proposer des vêtements combinant l’Occident et l’Orient est née dans la capitale anglaise, où, dans les quartiers indiens, elle est fascinée par la vue des jeunes filles anglaises de naissance, mais de parents indiens.

« Je les voyais à l’aise en kurtis assortis d’une paire de jeans. Ce compromis leur permettait d’exprimer à égalité leur double culture. Je me suis dit : pourquoi pas à Maurice ? Nous sommes plus près de l’Inde que les Anglais et nous fabriquons des jeans de qualité. Mais je voulais aller au-delà de ces deux pièces, j’ai pensé aux accessoires, aux bijoux, aux paillettes, aux chaussures... Au fait, la fusion est infinie et il s’agit de faire preuve d’imagination ».

Lorsqu’elle reprend la direction de sa boutique, elle conjugue deux aspects : le service et la qualité. « J’ai commencé par faire le tour des magasins de vêtements féminins et j’ai noté que les vendeuses n’avaient pas toujours le sens de l’accueil et n’étaient pas tout le temps en mesure de conseiller les clientes. Ma boutique offre des conseils et la qualité avec le sourire. »

En juillet 2016, Mira Ramchurn, qui a obtenu la franchise Miss Global à Maurice, l’approche pour habiller ses douze finalistes. Elle lui propose un défilé aux tendances fusion. « Je lui ai dit que je ne voulais pas que les filles portent des vêtements lourds et encombrants. Je voulais un concept qui tranche et qui attire toutes les communautés. Je voulais présenter une collection unique ».

Pour y parvenir, elle examine les mensurations des jeunes femmes, avant de mettre le cap sur le Gujerat, en Inde, chez un fabricant qu’elle connaît. « Au Gujerat, j’ai ce que je veux et à un prix correct ». Pour compléter la partie européenne de la collection, elle fait la tournée des autres boutiques et possède un petit secret pour vérifier la qualité des tissus.

Divali Nite

De retour à Maurice, elle fait essayer les vêtements, puis laisse à son tailleur, Asmod, le soin d’y apporter les ajustements. « Pour un coup d’essai, c’était un coup de maître », raconte-t-elle. Le samedi 5 novembre, lors de la Divali Nite, au Domaine Les Pailles, elle fait défiler certaines de finalistes et d’autres recrutées sur Facebook. Pour le maquillage, elle fait appel à Aisha Areff, qui a fait ses classes en Angleterre, puis à Prema Coiffure.

« Comme les filles connaissaient déjà le catwalk, il leur fallait juste une chorégraphie. J’ai trouvé en Angleterre les vêtements européens ».

Elle croit en l’avenir de la mode fusion, parce que, selon elle, celle-ci est la véritable expression culturelle, qui cimente notre société et lui donne une identité unique. « Ce qui est bien avec ce type de vêtement, c’est qu’il exclut tout signe extérieur d’appartenance religieuse, il est le pont entre l’Est et l’Ouest et offre la diversité. Aujourd’hui, une grande majorité de jeunes aiment cette double identité, qui ne les enferme pas dans des tiroirs communautaires. »

« Ce qui est bien avec ce type de vêtement, c’est qu’il exclut tout signe extérieur d’appartenance religieuse, il est le pont entre l’Est et l’Ouest et offre la diversité. »

Sa prochaine étape est l’exploration des tons, des tendances et la bijouterie africaine. Elle est intimement convaincue que c’est un autre monde qui viendra enrichir son offre et valorisera la Mauricienne. « L’avenir du vestimentaire mauricien est dans la fusion, mais le plus important, c’est de s’ouvrir à d’autres cultures », fait-elle ressortir.

 

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