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Restructuration des effectifs : grand chambardement à la brigade antidrogue

Rémue-ménage au sein de l’Anti-Drug and Smuggling Unit.
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Le changement de direction à l’Adsu s’accompagne d’une recomposition des équipes au quartier général comme dans les divisions régionales. Depuis le remplacement, mercredi, de Choolun Bhojoo par Mardaymootoo Rassen, les annonces de transferts se succèdent. Une cinquantaine de policiers se sont déjà fait éjecter de la brigade.

Le directeur, out. À la tête de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) pendant huit ans, Choolun Bhojoo a été prié de faire ses cartons mardi après-midi. Le Deputy Commissioner of Police (DCP) a pris, mercredi, la responsabilité du poste de police de l’aéroport. Il est remplacé au sommet de la hiérarchie de l’Adsu par le DCP Mardaymootoo Rassen, qui jouit de l’entière confiance du commissaire de police Anil Kumar Dip.

Out également, dix responsables d’équipe de la brigade antidrogue. Ces chefs inspecteurs (CI) et inspecteurs ont reçu leur ordre de transfert vers différents postes de police, jeudi, au lendemain de la prise de fonction du nouveau patron. Départ aussi de l’assistante surintendante (ASP) Ramlochun, qui intègre la direction de la Central Division.

Rassen
Le DCP Mardaymootoo Rassen.

La vague de mutations s’est poursuivie en fin de semaine aux grades inférieurs. Selon le dernier posting order émis ce samedi par l’état-major des Casernes centrales, 40 autres éléments de l’Adsu (10 sergents, 2 caporaux et 28 constables) seront redéployés, lundi, dans les sept divisions régionales de l’île, à la Special Mobile Force (SMF) et à la Special Supporting Unit (SSU). Certains de ces agents de la brigade antidrogue travaillaient sur le terrain, d’autres étaient postés au département statistiques. Selon nos informations, une nouvelle série de mutations devrait être annoncée d’ici lundi après-midi. 

Si les policiers de l’Adsu s’attendaient à des transferts, l’ampleur de l’exercice les surprend toutefois. « Le départ de Choolun Bhojoo allait forcément entraîner une vague de transferts. En gros, ceux qui ont travaillé sous l’autorité du DCP Bhojoo sont en train d’être évincés de la brigade. Nou ti kone pou ena transfer, me nou pa ti pou doute si ti pou ena otan gard ki pou bouze », nous dit l’un d’eux. Il souligne que plusieurs policiers sont mécontents de leur nouvelle affectation, parfois très éloignée de leur domicile.

Des déplacements sont également opérés en interne. Le CI Jean quitte ainsi l’Adsu de Curepipe pour venir renforcer l’effectif au quartier général. Le CI Roland Dabeesing supervisera, lui, les opérations de lutte contre la drogue et la contrebande dans le port. L’inspecteur Sadasing et le Sub-Inspector Boodhun, jusque-là affectés dans le Nord et le Sud, rejoignent quant à eux l’unité de Port-Louis.  

Du côté des entrées, cinq noms sont connus pour le moment. Les nouveaux venus à la brigade antidrogue sont les CI Moosun, Goolab, Ramasawmy, Babooram et Sultoo, qui se voient confier respectivement la charge des divisions de l’Est, du Centre, de l’Ouest, du Sud et du Nord.

Chez ceux qui restent, mais qui ne savent pas s’ils seront encore là à la fin de la semaine prochaine, la motivation est au plus bas, confie un inspecteur. « Bann zom-la down net. Nou pou travay nou, selma ladsu ti kouma enn fami. Nou tou ti bouze ansam. Sur le terrain, on savait qu’on pouvait se faire mutuellement confiance et compter sur notre chef inspecteur en cas de souci. Ce sera difficile de réinstaurer un tel niveau de collaboration. »  

Les importants changements qui sont survenus, ajoute un sergent, « auront des répercussions sur l’efficacité de l’Adsu, car les nouveaux chefs, contrairement à leurs prédécesseurs, ne connaissent pas les rouages du trafic de drogue, et il leur faudra du temps pour s’adapter ». Un autre agent ajoute que le DCP Bhojoo, fort de son expérience, « répondait toujours présent pour assister ses hommes pendant les opérations ». Il n’empêche que d’autres éléments de la brigade affirment que Choolun Bhojoo ne va pas leur manquer.

D’autres mouvements au sein de la police

Outre l’Adsu, d’autres départements de la police ont aussi connu des changements en cette fin de semaine. L’ASP Pulcherie qui, dans le passé, était aussi responsable du Groupement d’intervention de la police mauricienne, quitte la SMF et devient l’un des cadres de la Western Division. Il est désormais affecté au poste de police de Camp-Levieux. L’ASP Jaunky part, lui, au poste de police de Beau-Bassin. Deux nouveaux ASP, Chummun et Badal, quittent respectivement la Western Division et la Metropolitan North Division pour prendre de nouvelles responsabilités à la SMF.

Nomination du DCP Rassen à l’Adsu - Cassam Uteem : «On m’a souvent félicité de l’avoir choisi comme aide de camp»

cassamCassam Uteem, président de la République de 1992 à 2002, a côtoyé de près le DCP Mardaymootoo Rassen, nouveau patron de l’Adsu, pendant toute cette période. Il l’avait, en effet, choisi pour être son aide de camp après le départ à la retraite de l’officier Ramlakhan. « À l’époque, il faisait partie de la Special Mobile Force (SMF). J’avais été impressionné par sa façon de mener les parades à la baguette. Sa prestance et ses bonnes manières ne m’avaient pas non plus laissé insensible. De plus, il était respecté par ses subordonnés et apprécié de ses supérieurs. C’était le profil que je recherchais », raconte-t-il.  

L’ancien président affirme n’avoir jamais eu à regretter son choix. « Il a servi la présidence et le pays avec loyauté. Il s’est montré irréprochable dans ses fonctions à Maurice et lors de mes déplacements officiels à l’étranger. On m’a souvent félicité pour la compétence de mon aide de camp. Je lui souhaite bonne chance de tout cœur dans sa nouvelle mission à l’Adsu », conclut Cassam Uteem.    

Aujourd’hui âgé de 61 ans, Mardaymootoo Rassen compte 43 ans d’ancienneté dans la police. Après les dix années passées à la State House, il a réintégré la SMF en 2002. Trois ans plus tard, il est affecté à la Western Division. Par la suite, aux rangs de surintendant, puis d’assistant commissaire (ACP), il dirige successivement la police de Port-Louis et la Central Division. C’est en 2021 qu’il est promu DCP.

Ally Lazer : « Fodre pa ki bann gard fer nik dan Adsu »

Le grand ménage au sein de l’Adsu ne laisse personne indifférent, dont Ally Lazer, président de l’Association des travailleurs sociaux de Maurice (ATSM). « Parmi les recommandations de la commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, il était question de dissoudre l’Adsu. Maintenant, le commissaire de police a introduit des changements au sein de cette unité. Il doit forcément avoir ses raisons. J’ai toujours dit ki fodre pa ki bann gard fer nik dan Adsu ». 

Ally Lazer est d’avis qu’il faut non seulement « mener une sélection pointue lors de l’exercice de recrutement à l’Adsu », mais également « effectuer un exercice de déclaration des avoirs » des postulants. Il insiste sur le fait que seuls des officiers de confiance doivent faire partie de cette unité. 

Outre le redéploiement, quels sont les autres changements à apporter ? « Bizin pa les dimoun vinn vie dan Adsu. Il faut toujours injecter du sang neuf et il y a d’autres solutions, en sus des transferts. L’état-major de la police, par le biais de la Disciplined Forces Services Commission (DFSC), doit commencer par licencier les officiers véreux », propose-t-il. 

Pour sa part, Danny Philippe, de l’association Développement, Rassemblement, Information et Prevention (DRIP), est d’avis qu’une réflexion profonde sur la situation actuelle de l’Adsu est nécessair. « Je ne connais pas l’origine de ce redéploiement massif, mais c’est visiblement un transfert punitif. Une situation qui nous pousse à perdre confiance dans la force policière. Le malaise est visible. »

 

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