Remous à Air Mauritius : Suddhoo justifie le licenciement de Megh Pillay

Le président du conseil d’administration de la compagnie nationale d’aviation s’explique sur la décision prise de se séparer de son Chief Executive Officer. Pour lui, la question de « corporate governance » était en jeu.

Arjoon Suddhoo est finale­ment sorti de son silence samedi matin. Le président du conseil d’administration d’Air Mauritius justifie la décision, prise vendredi après-midi, de mettre un terme au contrat de trois ans du Chief Executive Officer (CEO), Megh Pillay, huit mois après sa nomination.

 Il explique que le CEO ne pouvait aller de l’avant avec un comité disciplinaire contre l’Executive vice-President Commercial & Cargo Mike Seetaramadoo, malgré sa désap­probation. Le comité avait été prévu à 16 h 30 vendredi. La réunion spéciale du conseil d’administration pour le licenciement de Megh Pillay a donc été fixée une demi-heure plus tôt.

Arjoon Suddhoo fait ressortir que c’est au Staff Committee du conseil d’administration de se pencher sur le cas de Mike Seetaramadoo et non à la direction, car comme l’a déjà souligné l’avocat de ce dernier, Me Maneesh Gobin, cela pourrait être perçu comme une vendetta de la part de Megh Pillay. Ce Staff Committee est censé être composé de Megh Pillay, de Prakash Maunthrooa et d’Arjoon Suddhoo lui-même.

Aux dires de ce dernier, le licenciement de Megh Pillay est une « corporate governance issue ». De sources proches de l’Hôtel du gouvernement, nous apprenons qu’Arjoon Suddhoo et Prakash Maunthrooa avaient déjà « préparé » le Premier ministre à cette décision, en avançant plusieurs arguments. Comme le fait que Megh Pillay serait allé de l’avant avec le recrutement des membres du personnel navigant. Dès vendredi matin, les membres du gouvernement étaient déjà au parfum quant au sort de Megh Pillay. Certains étaient contre, au vu du mauvais signal qui serait lancé au monde des affaires. Pour d’autres, il fallait mettre Megh Pillay « au pas ».

 Samedi, Arjoon Suddhoo a expliqué que Megh Pillay recevrait une com­pensation en vertu des clauses de son contrat. Les détails n’ont pas été révélés, mais il y a fort à parier qu’une bataille légale se prépare. D’autant que le CEO a fait appel à deux Senior Counsels, en l’occurrence Mes Désiré Basset et Ravind Chetty, pour confirmer qu’il était dans ses prérogatives d’aller de l’avant avec ce comité disciplinaire contre Mike Seetaramadoo. Or, c’est l’avis contraire qu’Arjoon Suddhoo a obtenu de Me Raouf Gulbul.

Vendredi, Megh Pillay a réitéré les démarcations établies entre son rôle de CEO et celui de Chairman à Arjoon Suddhoo.

Tout en lui indiquant que son argument, soutenu par Maneesh Gobin, que le comité disciplinaire contre Mike Seetaramadoo allait être « biased » ne tenait pas la route, car il allait être présidé par une personne indépendante et que la direction allait être représentée par le directeur des Ressources humaines, avec l’assistance de l’homme de loi de la compagnie nationale d’aviation. Il a aussi tenu à faire ressortir qu’il n’allait être qu’un témoin, vu qu’il accusait Mike Seetaramadoo d’insubordination.