21 043 candidats s’attaqueront aux dernières épreuves du Certificate of Primary Education à partir du mardi 25 octobre. Ces examens de fin d’étude primaire tant décriés à cause du niveau de compétition marquent la fin d’une époque. Ils seront remplacés par le Primary School Achievement Certificate afin de réduire la pression sur les élèves.
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2016 tire bientôt à sa fin et marque, en parallèle, celle de l’ère du Certificate of Primary Education (CPE). Ils seront 21 043 écoliers à prendre part aux dernières épreuves entre le 25 et le 28 octobre, avant l’introduction du Primary School Achievement Certificate (PSAC) en 2017. Avec cette réforme éducative, Leela Devi Dookun-Luchoomun, la ministre de l’Education, compte réduire la pression sur les enfants de 11 ans.
Toutefois, certains partenaires de l’éducation voient toujours dans le nouveau système une forte dose de compétition. La directrice de la St-Nicholas Grammar School, Marie-Claire Ducasse-Heerah, indique que cela a toujours existé et continuera d’exister. « L’humain est ainsi fait. Il a besoin de faire mieux que son camarade », indique celle qui compte plus de 40 ans dans l’enseignement. Elle soutient qu’une petite dose de compétition est bonne, mais il ne doit pas être au détriment de l’enfant.
Examens de transition
Pour Dr Hassam Sakibe Coowar, recteur du Mauricia Institute, il y aurait beaucoup plus de compétition pour les enfants avec le PSAC. « Il reste quand même un examen de transition – du primaire au secondaire. Même si les contrôles continus représentent 40 % de la notation finale, il reste toujours les 60 % qui seront comptabilisés pour l’examen final. Cela n’empêchera pas les élèves de continuer à prendre des leçons et de chercher à concourir car il faut décrocher de bons résultats pour entrer dans des collèges ‘honorables’ », lance-t-il.
« Il est faux donc de dire que l’accès dans les collèges d’état et autres établissements subventionnés se fera sur n’importe quel résultat du PSAC ! Le 9-Year Schooling et l’abolition du CPE ne sont qu’un leurre savamment orchestré qui ne mérite pas son implémentation », martèle Dr Hassam Sakibe Coowar. Le sociologue Poliah Ritesh Rao se demande, lui, comment peut-on éliminer la compétition si les examens nationaux débutent en STD IV. « La seule différence entre le CPE et PSAC est que la compétition pour une place dans un collège national est reportée en Grade 9. »
Marie-Claire Ducasse-Heerah ajoute que la réforme ne sert à rien si la formation des enseignants n’est pas actualisée. Une réforme, dit-elle, doit couvrir tous les domaines passant par la formation et une révision du programme d’études pour obtenir des résultats voulus. Le recteur de Mauricia Institute précise « qu’abolir un système pour enrayer ses défauts et lacunes serait, certes, bénéfique pour l’enfant mauricien. Mais, il ne faut pas changer l’appellation pour la remplacer par une autre. »
« Comment peut-on prétendre à un bénéfice, aussi longtemps que le syllabus du STD V et VI reste le même ? Toute réforme aurait dû revoir l’aspect volumineux du syllabus pour un enfant de 9, 10 ans pour l’alléger. Savez-vous que le papier 1 de Maths pour le SC Cambridge est basé sur le syllabus de STD VI? » Le recteur demande ainsi au ministère de l’Education de publier à titre comparatif le syllabus du CPE et celui du PSAC pour que le grand public puisse en juger.
Le pédagogue Dev Virahsawmy insiste sur le fait qu’il n’y a aucun contrôle au niveau de l’apprentissage à la lecture et à l’écriture. « Avec la promotion automatique des écoliers en classe supérieure, ce n’est que lorsqu’ils sont en CPE que nous comprenons qu’au moins 50% de nos enfants ne savent ni lire, ni écrire, ni compter… » Il soutient qu’avec l’abolition du CPE, ce n’est qu’en Grade 9 (Form III) que l’on va découvrir les lacunes de notre système.
Mais pour le sociologue Poliah Ritesh Rao, l’abolition du CPE sera bénéfique à l’enfant car cela éliminera le stress autour de ces examens. Il ajoute que les enfants devraient être évalués d’après les matières qui sont au programme d’étude du STD VI. « L’avantage du PSAC est que l’élève sera évalué de manière globale. » Toutefois ce projet éducatif aurait dû être lancé en tant que projet pilote, afin d’identifier les bienfaits et les lacunes. « Il faut encourager un environnement sain pour que les enfants puissent étudier à leur aise », affirme-t-il.
« Maquillage pour épater une certaine galerie ! »
Le recteur du Mauricia Institute n’hésite pas à critiquer la reforme éducative. L’après CPE, Dr Hassam Sakibe Coowar le décrit comme « une mare de confusion, un véritable labyrinthe ! » « Le CPE a maintenu un élitisme à sauvegarder. Il n’y avait que 30% d’échec. Le système d’admission dans les collèges est carrément obscur. On parle de choix parental, résultats de l’examen et régionalisation. Lequel va primer? En plus, on reporte la compétition en Forme III ou Garde 9 avec le redoutable Examen National pour bien se classer afin d’intégrer les star schools, rebaptisées ‘académies’. » Au niveau de l’admission dans les académies, Dr Hassam Sakibe Coowar affirme que ce sera une « cacophonie » avec la mixité. « L’admission de l’élite se fait en Form IV pour mixer filles et garçons – en ségrégation de Formes I-III. Ce sera une véritable cacophonie, une déformation d’un système qui n’a pas changé mais maquillé pour épater une certaine galerie! »
Calendrier CPE 2016
- Mardi 25 octobre - Français et sciences.
- Mercredi 26 octobre – Anglais
- Jeudi 27 octobre - Histoire et géographie, langues orientales
- Vendredi 28 octobre - Mathématiques.
- Les résultats sont prévus pour le 5 décembre. Les examens de rattrapage auront lieu le 20 décembre et les résultats seront connus le 29 du même mois.
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