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Recherche et innovation : Zaheer Allam, lauréat du Next Einstein Forum

Zaheer Allam

L’urbaniste Zaheer Allam refait parler de lui. Après avoir remporté plusieurs prix et été décoré de la République de Maurice, il fait partie des 25 lauréats du Next Einstein Forum. Portrait. 

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Zaheer Allam, 31 ans, est lauréat du Next Einstein Forum (NEF), parrainé par le Président du Kenya, Uhuru Kenyatta. Il est de ceux à qui tout semble réussir. Il a été choisi pour ses études sur la dynamique de façonnement de la vie urbaine et sur l’utilisation des outils culturel et technologique. Ceux-ci ont pour objectif de développer de manière adéquate des politiques visant à améliorer le niveau économique et d’habitabilité des villes futures. Les villes, nous dit-il, sont des engins extrêmement complexes, mais important à étudier, car elles hébergent déjà aujourd’hui la majorité de la population mondiale.

« Après avoir échoué à presque tous mes cours de science au collège, je n’aurais jamais pensé qu’un jour on me classifierait comme scientifique, et encore moins, être reconnu comme tel », indique Zaheer Allam. Il est toutefois, en toute humilité, heureux et honoré d’être un lauréat du Next Einstein Forum. Celui-ci réunit les scientifiques d’envergure de moins de 42 ans dont les recherches et les innovations contribuent à relever les défis les plus urgents pour l’Afrique et le monde. C’est la reconnaissance que ses recherches peuvent aider l’Afrique.

Le plus important, c’est la contribution qu’une personne peut apporter pour rendre meilleurs la société, le pays et le monde»

Il trouve intéressant que l’accent, qui était jadis mis sur les sciences fondamentales, se dissipe peu à peu. Et le rôle des sciences humaines est salué dans le processus de développement. « Au final, tout ce travail bénéficie à qui si ce n’est à nous, humains ? Et qui donc peut mieux comprendre la question de l’habitat et de l’habitabilité que ceux actifs dans les sciences ? » dit-il. 

Consécrations

Ce n’est pas sa première consécration. Il y a trois ans, il figurait sur la liste des décorés de la République, élevé au rang d’Officer of the Order of the Star and Key of the Indian Ocean. Il devenait alors un des plus jeunes Mauriciens à recevoir une distinction nationale. Et son succès ne s’arrête pas là. Le jeune urbaniste s’est fait un nom sur la scène internationale.

Il est né à Terre-Rouge. Ses parents sont retraités, après avoir travaillé comme employés de banque. Il n’est pas le seul prodige de sa famille. Sa sœur aînée est une ancienne lauréate. « J’ai fréquenté l’école Villiers-René, à Port-Louis, et ensuite le St Mary’s College, à Rose-Hill. J’ai opté pour la filière technique en Higher School Certificate (HSC) », raconte-t-il.

Selon lui, son parcours secondaire n’a pas été brillant, mais il s’est ensuite rattrapé. Après le HSC, il met le cap sur la Malaisie et intègre Curtin University, où il décroche son Bachelor en architecture. Par la suite, il opte pour l’urbanisme. « Après mes études, je ne voulais plus faire de l’architecture, car je ne voulais pas contribuer à la conception de bâtiments aux styles contemporains qui nuiraient à la culture innée des villes. Pour y remédier, j’ai préféré sortir des sentiers battus, en me concentrant sur l’environnement où sont érigés les bâtiments. Donc, la fabrique urbaine », poursuit-il. 

Il est aussi détenteur d’un MBA de l’université Anglia Ruskin, en Angleterre, et a vécu pendant quelques années en Australie, où il a fait son PhD à la Curtin University, sur le thème Sustainability Policy. Actuellement, il fait des recherches à l’université de Sydney pour décrocher un deuxième Masters en Political Economy.

Après avoir échoué à presque tous mes cours de science au collège, je n’aurais jamais pensé que je deviendrais un jour scientifique et encore moins être reconnu comme tel»

Il est aussi membre de plusieurs organisations internationales, dont une patronnée par le prince Charles. De plus, Zaheer Allam est représentant du continent Africain au sein de l’International Society of BioUrbanism. Zaheer était aussi un militant écologiste. Il s’était engagé dans le combat contre le projet de CT Power à travers la plate-forme citoyenne en 2014 et 2015.

Top 40 Planners Under 40, Creative Lab Winner, 100 Most Influential Urbanists, Hononary Member du World Architecture Forum, 10 Outstanding Young Persons of the World, Fellow du Royal Society of Arts (UK)… Ce sont quelques-uns des prix qu’il a décrochés. « Ce que je fais me passionne. Durant mon temps libre, je lis beaucoup sur un nombre de sujets. Je lis plutôt du non-fiction, quoique j’apprécie la fiction de temps à autres », confie-t-il. Il aime les ouvrages de Steven Johnson et de Yuval Harari. 

Il travaille comme Urban Strategist à Port-Louis, au bureau de Gaëtan Siew. Il voyage beaucoup dans le cadre de son travail et a parcouru 24 pays, dont des destinations méconnues de la plupart d’entre nous  tels que le Bénin, le Burkina Faso, Djibouti, Samoa, le Panama, la Colombie, et très bientôt l’Angola. En ce moment, il consacre une grande partie de son temps à travailler sur la régénération urbaine dans plusieurs villes africaines.

Il ne manque pas de souligner que l’urbanisme est un domaine vaste, qui a trait à la conception des bâtiments, mais que c’est aussi l’art de trouver des solutions, souvent dans des domaines différents, mais compatibles. Il faut donc avoir une compréhension globale sur plusieurs enjeux et savoir comment développer des outils spécifiques pour des contextes uniques. Pour cela, l’innovation est la clé. 

Il a pour mentor Gaëtan Siew, architecte reconnu à Maurice, qui était l’ancien président de l’Ordre international des architectes, et Nikos Salingaros, considéré comme l’un des 50 visionnaires qui ont changé le monde et classé parmi un des meilleurs penseurs urbains de tous les temps. 

Ses écrits traduits en plusieurs langues

Zaheer Allam s’adonne aussi à l’écriture. Ses écrits ont été traduits en plusieurs langues et figuraient parmi les meilleurs d’ArchDaily, plateforme architecturale avec plus d’un milliard de visites par an. Sinon, il a plusieurs projets en cours, dont des livres, pour lesquels il est en contrat avec des maisons d’éditions telles que Springer et Palgrave Macmillan, sur les thèmes de l’urbanisme, de la politique durable et du changement climatique. Deux de ses ouvrages, intitulés Cities and the Digital Revolution : Aligning Technology and Humanity et Theology and Urban Sustainability, seront publiés d’ailleurs en août de cette année.

Indéniablement, ses consécrations lui ouvrent des portes. Mais il estime que ce n’est nullement une finalité. « Le plus important, c’est la contribution qu’une personne peut apporter pour rendre meilleurs la société, le pays et le monde », estime-t-il. 

 

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