Le projet Heritage City est relancé avec la bénédiction de sir Anerood Jugnauth. Nombre de ministres ne cachent pas leur embarras devant la décision annoncée par le PMO qu’ils qualifient « d’inexacte ».
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Cinq semaines après avoir offert un enterrement de première classe au projet Heritage City, le Conseil des ministres a décidé de lui redonner vie vendredi. Cette renaissance s’est opérée via deux lignes laconiques publiées en quatrième vitesse sur la page Web dédiée aux délibérations du Conseil des ministres : « Cabinet has agreed to the Heritage City project being revived. A Committee chaired by the Prime Minister would finalise all issues. »
Cette décision ne figurait pourtant pas sur une première version du communiqué mise en ligne par le Prime Minister’s Office (PMO). Elle n’a été rajoutée que quelques minutes plus tard, renvoyant la publication prochaine du rapport final du cabinet singapourien nTan sur le groupe British American Investment – dont de larges extraits ont déjà paru dans la presse – en seconde position.
Modifications non négligeables
Nombreux sont ceux présents au Conseil des ministres à ne pas cacher leur « embarras » face à la teneur de ce communiqué qu’ils qualifient « d’inexact ». De sources concordantes, l’on apprend que le projet a simplement été « survolé » au Conseil des ministres. Et qu’il « n’a jamais été question » que le comité, composé du Premier ministre adjoint Xavier-Luc Duval, du vice-Premier ministre Ivan Collendavelloo, du ministre des Finances Pravind Jugnauth et du chef du gouvernement sir Anerood Jugnauth, allait le « revive ». ll s’agirait plutôt d’étudier dans quelle mesure ce projet était viable, pour renaître de ses cendres.
En fait, ce comité de haut niveau, qui doit aussi voir l’apport des différents techniciens ayant planché sur le projet, devait indiquer s’il était « en mesure d’être relancé ». Là aussi, le projet annoncé dans le Budget 2016-17, le 29 juillet, est censé subir certaines « modifications non négligeables » avant d’être avalisé. D’autant que la mise à mort de la nouvelle ville administrative, sept jours après le grand oral de Pravind Jugnauth, est intervenue dans le sillage des vives critiques formulées par son Principal Advisor Gérard Sanspeur.
« Que vont penser les bailleurs de fonds du gouvernement ? » lâche, excédé, un ministre de l’Alliance Lepep qui a eu du mal à cacher sa surprise lorsque Radio Plus a annoncé la deuxième version des délibérations du Conseil des ministres hier après-midi. « Nous n’avons jamais été d’accord pour revive le projet. Le communiqué du Conseil des ministres ne reflète pas la vérité », confie un de ses collègues.
L’ensemble des opposants au projet au sein même de la majorité s’accordent à dire que Roshi Bhadain a réussi son « forcing » auprès du chef du gouvernement pour le « revival » de ce projet qu’il a porté à bout de bras depuis le début de l’année. Malgré ses propos amers à l’issue de l’annonce du gel du projet, il sera finalement aux premières loges pour sa mise en chantier. Il faudra, cependant, patienter encore un mois pour savoir ce que le comité de haut niveau décidera, sir Anerood Jugnauth devant se rendre en mission à l’étranger dans le courant de semaine prochaine.
« Casting vote »
« Il ne faut, cependant, pas oublier que même si l’ensemble du Conseil des ministres est contre le projet, le Premier ministre a une voix prépondérante (casting vote). C’est le seul qui décide. C’est la démocratie. C’est d’ailleurs lui qui a annoncé la remise en orbite d’Heritage City vendredi », déclare un autre ministre. Le chantier était censé débuter le mois dernier grâce aux financements dérivés du don de Rs 12,7 milliards consenti par New Delhi après la révision du traité de non-double imposition négocié par Roshi Bhadain.
S’étalant sur 336 arpents, Heritage City verra la construction d’immeubles iconiques qui abriteront la nouvelle Assemblée nationale, le Bureau du Premier ministre et sept des plus importants ministères du pays. Trois zones résidentielles, 1 200 appartements destinés à la moyenne bourgeoisie, une gare routière, un parc et un espace commercial sont aussi prévus.
Reste à savoir s’il connaîtra le même destin que la ville-satellite proposée par Rama Sithanen sous un précédent gouvernement d’Anerood Jugnauth, il y a un quart de siècle.
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