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Ravi Rutnah: un parlementaire qui a du mordant

Il a été dans les bonnes grâces du Premier ministre, cette semaine au Parlement, pour son intervention très animée au sujet des amendements au Protection from Domestic Violence Bill. Rencontre avec Ravi Rutnah, avocat et député de la majorité, qui a cependant été rappelé à l’ordre par la Speaker pour son excès de zèle à certains moments. Les signes d’opulence extérieurs ne sont pas visibles dans l’étude de Ravi Rutnah, l’avocat-parlementaire, colistier de sir Anerood Jugnauth et Vishnu Lutchmeenaraidoo aux élections de décembre 2014. L’avocat de 45 ans a conservé un certain goût pour la simplicité, hérité d’un père ex-chauffeur d’autobus, fervant du Mouvement militant mauricien (MMM), syndiqué à la General Workers Federation et participant durant les grandes grèves de 1971. Seul un grand poster de Che Guevara orne les murs de son bureau et, sur sa table, des fanions aux couleurs mauriciennes, britanniques, françaises, américaines, et indiennes indiquent les pays où il a fait ses études ou séjourné. Comme de nombreux jeunes Mauriciens qui ont étudié en Grande-Bretagne, Ravi Rutnah n’a, lui aussi, pas échappé à un parcours des plus épineux. « J’ai dû travailler comme éboueur pour financer mes études, sans oublier mon travail comme domestique dans un hôpital. Mais comme je voulais apprendre le droit, rien ne m’arrêtait. Ma vocation est partie d’une réflexion de Subhash Lallah, avocat et ex-député du MMM, qui m’avait un jour dit que moi aussi je pouvais devenir avocat. Il suffit parfois d’une rencontre pour que vous vous fixiez un objectif », relate-t-il. Durant dix ans, dont deux passés à New-York, Ravi Rutnah va enchaîner les études et les stages de perfectionnement, passant sa licence de droit, jusqu’à une spécialisation en jurisprudence aux États-Unis, et divers licences en droit de propriété et droit criminel, entre autres. « Aux États-Unis, j’étais devenu membre de l’American Bar Association et à Londres, membre du Barreau international. Mes différents jobs m’ont imprégné de tout ce qu’il y a à savoir en droit mais aussi des rapports entre les praticiens, avocats, juges et grands magistrats. » À Londres, le jeune avocat s’inscrit au Parti travailliste, participe aux débats politiques et rate de près une investiture dans la circonscription de Leyton and Wanstead. Cependant, son cœur reste mauve et à chaque élection générale, il rentre à Maurice pour soutenir le MMM. En 2005, il retourne définitivement au pays, cédant à la demande pressante de ses parents. Durant les premiers mois suivant son retour, il part humer l’atmosphère dans les Cours de justice du Nord. En septembre 2010, il s’inscrit au barreau mauricien et son premier client est le journaliste Dharmanand Dhooharika, qui faisait face à deux accusations. « Je prends son cas et on réussit à rayer l’accusation de diffamation criminelle. C’est cette affaire qui me fait connaître du public et, dès lors, je vais m’emparer de cas très controversés faisant état de brutalités policières. J’étais parmi les premiers avocats à travailler sur l’affaire Michaela Harte, avec mon collègue Sanjeev Teeluckdharry. Là, nous nous sommes rendu compte de l’étendue des manquements dans la police », souligne le député. C’est à partir de cette période, ajoute-t-il, que date son réquisitoire contre les brutalités policières et la pratique des accusations provisoires. Mais son combat pour mettre de l’ordre dans les rangs de la police, fait-il valoir, n’a pas été entamé par son élection et son adhésion à un parti membre de l’alliance au pouvoir. « Il faut humaniser la force policière avec la mise sur pied d’un syndicat et d’une académie de formation. Il faut, dans la foulée, réformer les procédures qui mènent à la nomination des magistrats et des juges, ainsi que les prosecutors », insiste Ravi Rutnah.
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