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Rapport du National Audit Office: le traitement des déchets médicaux pas aux normes

Alors que les déchets médicaux peuvent représenter un danger réel à plusieurs niveaux, le National Audit Office met au jour des manquements graves au niveau du ministère de la Santé et des hôpitaux à ce chapitre. Ces derniers sont loin d’être aux normes internationales en la matière. Pendant que les pays riches produisent 0,5 kilo de déchets médicaux par lit d’hôpital et par jour, et les pays pauvres 0,2 kilo par lit, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Maurice en produit 1,33 kilo. Cela tend à démontrer le gaspillage et le laisser-aller qui prévalent dans nos hôpitaux. Maurice produit non seulement beaucoup plus de déchets médicaux que la moyenne, mais en sus de cela, elle enfreint les recommandations de l’OMS en ce qui concerne leur traitement. Dans un rapport déposé fin mai à l’Assemblée nationale, le National Audit Office (NAO) dénonce plusieurs manquements et en appelle à des actions concrètes. Le document Healthcare Waste Management in Regional Hospitals brosse un tableau sombre de la situation. Alors que Maurice crève le plafond en termes de production de déchets médicaux, « le ministère n’a aucune stratégie pour minimiser cette production et il n’y a aucune gestion régulée par une loi spécifique ».

Dangereux et nuisibles

Pourtant, les déchets médicaux sont « dangereux et nuisibles ». Ce qui implique qu’ils doivent être disposés de manière « minutieument planifiée », comme le recommande l’OMS. Cette dernière suggère que chaque hôpital ait son propre plan de gestion, ce qui est loin d’être le cas à Maurice. « Depuis 2009, le ministère de la Santé a pris plusieurs mesures pour développer un plan de gestion. Toutefois, à octobre dernier, ces initiatives n’avaient pas porté leurs fruits », constatent les rédacteurs du rapport. Alors que les hôpitaux devraient former leur personnel, allant du Ward Manager aux opérateurs des incinérateurs, en passant par les infirmiers, par rapport aux déchets médicaux, « le ministère n’a pas de programme de formation formel et structuré ». Et la formation dispensée à quelques personnes du corps médical est « inadéquate ». Par conséquent, il leur est « difficile d’être à l’aise avec les procédés et les dangers existants dans le traitement des déchets médicaux ». Cela a eu des conséquences certaines. À plusieurs reprises, des personnes ont été blessées par des seringues usagées. Le rapport fait état de certains incidents rapportés au ministère de la Santé. Dans d’autres, des déchets médicaux ont été retrouvés dans des bennes à ordures municipales. De plus, des incinérateurs ne seraient pas aux normes et cracheraient de la fumée qui pourrait être néfaste pour la santé. Des cas où des éboueurs se sont blessés avec des objets tranchants simplement jetés dans des sacs poubelles ont aussi été rapportés.

Médicaments expirés

Le NAO a aussi constaté que les endroits où étaient disposés les déchets produits par les hôpitaux n’étaient pas inaccessibles au public et aux animaux (rats, chiens, chats, insectes et oiseaux). Des déchets médicaux, pouvant provoquer des infections, n’étaient ni réfrigérés, ni isolés, et encore moins protégés. « De grandes quantités de médicaments expirés étaient toujours dans les stores depuis 2006 », ajoutent les auteurs du rapport. Pour ce qui est des incinérateurs, la situation n’est guère mieux. La plupart des déchets médicaux y sont brûlés, sans passer par un exercice de tri au préalable. « Il n’y a aucune norme d’émission pour ces incinérateurs. Par ailleurs, pour la période allant de juin 2012 à octobre 2015, quelque 409 tonnes ont été envoyées à un dépotoir sans aucun traitement ». La NAO conclut que « les pratiques en cours dans les hôpitaux ne sont pas en adéquation avec les exigences minimales de l’OMS ». Pour pouvoir se conformer à ces normes, il faut une politique générale élaborée par le ministère de la Santé, avec l’aide du ministère de l’Environnement. À cela, il faut ajouter une formation pointue et une conscientisation de toutes les parties concernées.
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