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Rapport de l’Ombudsperson for Children : Punitions corporelles avérées à l’école Raoul Rivet

Après les allégations de punitions corporelles perpétrées sur des enfants de Grade 1 à l’école primaire Raoul Rivet, l’Ombudsperson for Children vient de boucler son enquête. Elle conclut que ces plaintes sont fondées.

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Elle a soumis des recommandations au ministère de l’Éducation.

Il est âgé de cinq ans. Il s’appelle Irshaad (prénom modifié) et n’aime plus l’école. Ses parents ont beaucoup de mal à lui faire entendre raison. Il persiste à ne plus vouloir se rendre en classe. « Mis tro bate », dit-il.

Irshaad est en Grade 1 Blue à l’école primaire Raoul Rivet, à la rue St-Georges, à Port-Louis. Depuis le début du trimestre, il ne cesse de dire à ses parents que son enseignante le frappe : « Li bat kout lareg. Li ris seve », leur a-t-il confié. Il n’est pas le seul à s’être plaint de l’enseignante. C’est d’ailleurs la conclusion du bureau de l’Ombudsperson for Children, chargé de veiller au bien-être des enfants.

Cette affaire fait beaucoup de bruit depuis la semaine dernière. Nous n’avons eu cesse d’en parler dans nos précédentes éditions depuis un mois. Plusieurs parents ont d’ailleurs porté plainte contre l’enseignante de Grade 1 Blue de l’école primaire Raoul Rivet, l’accusant de punition corporelle.

Après avoir reçu de nouvelles plaintes, la semaine dernière, l’Ombudsperson for Children, Rita Venkatasawmy, a décidé de rouvrir une enquête. Elle a tenu à se déplacer personnellement pour approfondir son enquête. Pour ce faire, elle s’est rendue à l’école primaire Raoul Rivet, le lundi 20 mars, sans annoncer sa visite.

« Je me suis entretenue avec ces enfants. Je tiens à préciser que j’ai utilisé des techniques spéciales pour les interroger. Selon les conclusions de notre enquête, ces plaintes sont fondées », indique Rita Venkatasawmy. Elle explique que quand un enfant raconte quelque chose, on peut avoir des doutes sur ce qu’il dit, mais quand ils sont plusieurs à relater la même histoire, « c’est qu’il y a réellement un problème ».

Rita Venkatasawmy insiste sur le fait que c’est l’intérêt de l’enfant qui doit primer. « Nous avons contacté les parents et nous leur demandons de ne pas priver leurs enfants de leur scolarité. Il est important que ces derniers aiment l’école. »

Le bureau de l’Ombudsperson for Children a fait des recommandations au ministère de l’Éducation. Rita Venkatasawmy a donné l’assurance qu’elle fera un suivi de son côté.
Elle n’a pas voulu divulguer le contenu de son rapport, mais elle soutient que « l’ambiance de cette salle de classe doit être améliorée ». Selon une source proche du ministère de l’Éducation, « une décision ne saurait tarder ».

L’enseignante a, quant à elle, demandé qu’une caméra de surveillance soit placée dans sa salle de classe. Le maître d’école dit, pour sa part, attendre les conclusions de l’enquête ainsi que la décision du ministère.  Affaire à suivre...

Ce que dit la loi

Me Neil Pillay, avocat, explique que les lois de la République protègent les enfants de la maltraitance et de la punition corporelle. Il est clairement stipulé dans l’article 13(4) des Education Regulations de 1957que « no corporal punishment shall be inflicted on any pupil in any school ». L’avocat précise qu’en vertu de l’article 34 de la loi, l’enseignant peut donner des sanctions sans punition corporelle et que si ce dernier inflige une punition corporelle à un élève, il risque des démêlés avec la justice.

De plus, l’article 13 de la Child Protection Act interdit de maltraiter un enfant. Toute personne qui est reconnue coupable de maltraitance est passible d’une amende n’excédant pas Rs 10 000 et d’une peine d’emprisonnement ne dépassant pas deux ans.

Où se rendre pour dénoncer des cas

Toute personne qui souhaite dénoncer un cas de maltraitance sur un enfant ou un cas de punition corporelle peut se rendre à la police, à la Child Development Unit et au Family Support Bureau. À l’école, il faut rapporter le cas au maître d’école ou à un autre responsable. Il rapportera, à son tour, le cas au directeur de la zone et aux autorités concernées.
Rita Venkatasawmy avance que les parents peuvent aussi se rendre au bureau de l’Ombudsperson for Children, situé dans l’immeuble NPF, à l’avenue des artistes, à Beau-Bassin, après avoir rapporté le cas aux instances susmentionnées. « Nous pouvons intervenir quand les autorités qui doivent assurer la protection de l’enfant ne le font pas, que ce soit dans le privé ou le public », ajoute-t-elle.

Tél. : 454 3010/454 3020 ou le numéro vert : 177

R.B, mère d’un élève : « On est soulagé, car on nous écoute enfin »

« Cela fait plusieurs semaines que nous nous adressons aux autorités concernées pour qu’elles mènent une enquête approfondie. Jusqu’à présent, rien n’a été fait. Nous sommes désormais soulagés. L’enquête de l’Ombudsperson for Children nous donne raison. Pendant tout ce temps, on nous faisait croire que nos enfants mentaient. »

Jean, parent : « Nous attendons des mesures exemplaires »

« Maintenant que l’enquête est bouclée, nous espérons que les autorités prendront les mesures qui s’imposent. D’ailleurs, nous ne comprenons pas comment cette enseignante, qui a des antécédents, n’est pas inquiétée. Ce n’est pas la première fois que des parents se plaignent de l’utilisation de méthodes violentes par cette femme. Pourquoi continue-t-on à la défendre et à la protéger ? »

T.G, maman d’un écolier : « Elle m’avait avoué avoir frappé mon enfant »

« Je ne comprends pas comment les autres enquêteurs ont pu dire qu’il n’y a aucun problème dans cette classe. Elle avait utilisé une règle pour frapper mon enfant. Quand je lui en ai parlé, elle m’a avoué l’avoir frappé. Elle m’a dit que c’est tout à fait normal de le corriger. Certains parents ont demandé le transfert de leurs enfants. On ne peut pas garder nos enfants à la maison. »

 

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