La Nursing Association manifestera ce mercredi 30 mars devant les bureaux du ministère de la Santé, à Port-Louis. Ram Nowzadick, son président explique ses motivations.
Pourquoi cette manifestation devant les bureaux du ministère de la Santé ?
Nous voulons, par cette action, dénoncer ce que nous considérons comme des actes de répression exercés par les autorités à l’encontre des infirmiers, en particulier ceux qui font partie du comité exécutif de la Nursing Association (NA) et ceux qui la représente dans les différents hôpitaux.
Ce sont là de graves accusations...
J’ai des preuves de ce que j’avance. En janvier de cette année, huit infirmiers, dont des membres du comité exécutif et des représentants de la NA, ont été transférés. Cela, sans consultation, sans préavis et de manière arbitraire, pour ne pas dire inhumaine, de l’hôpital psychiatrique vers d’autres établissements.
Le transfert du personnel n’est-il pas une pratique courante et ne demeure-t-il pas la prérogative de l’employeur ?
Certes. Toutefois, comment expliquer le transfert d’infirmiers spécialisés dans le domaine de la psychiatrie vers des services généraux ? Ils ont été redéployés dans des hôpitaux où leurs compétences ne sont pas requises. Ces infirmiers avaient signé un bond de cinq ans pour travailler à l’hôpital Brown-Séquard en raison de leurs compétences. On a fait peu de cas de cette condition. On est en droit de se demander pourquoi une telle décision ? Si ce ne sont pas là des représailles, je me demande bien ce que c’est ?
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«Il y a un manque de planification et de vision au ministère de la Santé»
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On ne peut planifier une manifestation en se basant uniquement sur des transferts que l’on considère injustifiés...
Évidemment. Les transferts ne sont qu’un aspect de tous les maux qui gangrènent le secteur de la santé publique. Il y a un manque de sérieux au niveau du top management. Les problèmes sont légion dans les hôpitaux : manque de personnel, manque d’infrastructures, manque de lits, un temps d’attente interminable aux urgences, des patients qui sont laissés sur des civières dans le Outpatient Department en attendant qu’on leur trouve une place dans une salle. La situation dans les Area Health Centres et les Community Health Centres n’est pas meilleure. Bref, il y a un manque de planification et de vision de la part des décideurs au ministère de la Santé.
Quelle serait la solution pour empêcher que cette « gangrène » ne se généralise ?
Il faudrait un remède de cheval.
Un syndicat est-il obligé de toujours tout voir en noir ? N’y a-t-il rien de bien dans ce secteur?
Notre mission est de contribuer à faire avancer le secteur. Nous sommes là pour motiver le personnel, empêcher que la frustration ne s’installe et influencer les décisions pour le bien des patients et du personnel. Il faudrait pour cela qu’on veuille bien entendre notre voix. On a demandé plusieurs réunions de travail, en vain. Il y a un manque de leadership dans ce ministère. C’est une situation qui nous préoccupe beaucoup en tant que syndicat responsable. Trouvez-vous normal que des patients disparaissent des hôpitaux sans laisser de traces ?
Pardon ?
Il y a eu des cas où des patients hospitalisés ont fugué au nez et à la barbe des autorités. Le dernier en date concerne un patient admis à l’hôpital Jawaharlal Nehru. On n’a plus de nouvelles depuis plus de quatre jours ! Il y a pire. Un patient a été retrouvé mort dans une rivière, un autre s’est pendu...
La faute à qui ?
La faute au manque de personnel, de logistique et de moyens. Il y a un chaos généralisé dans les hôpitaux et les centres de santé. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, l’hôpital psychiatrique devrait compter au moins 300 infirmiers qualifiés, mais nous savons tous quelle est la situation sur le terrain.
Un syndicat responsable ne devrait-il pas ouvrir la porte au dialogue ?
Il faut être deux pour cela. Les hauts cadres du ministère se cachent derrière le ministre. Nous demandons au Premier ministre d’intervenir et de rappeler son ministre de la Santé à l’ordre. Il faut demander au ministre de revoir son attitude, sinon c’est la santé des patients qu’il va mettre en péril. Ces derniers seront les dommages collatéraux de ce tug of war.
Le mot de la fin ...
Notre porte est ouverte au dialogue. Nous lançons un appel au bon sens du ministre. Nous n’avons aucun intérêt à nous battre. Cela dit, nous ne reculerons pas devant une attitude répressive.
Pourquoi parler de représailles ?
Parce que les infirmiers en question sont des syndicalistes.
Le ministère a certainement ses raisons...
Qu’on aimerait bien connaître ! La NA a essayé en vain d’entamer le dialogue avec les hauts cadres administratifs. Nous avons envoyé des lettres et sollicité des rencontres, en vain. Le ministre et ses subordonnés font la sourde oreille. Ils travaillent au petit bonheur. Nous avons aussi sollicité, à travers une communication écrite, l’intervention du Premier ministre, mais il nous a renvoyé au ministère de tutelle. Les autorités ne nous laissent pas le choix.
Passionné de psychiatrie
Âgé de 54 ans, Ram Nowzadick compte une trentaine d’années de métier en tant qu’infirmier. Il estdétenteur de plusieurs diplômes notamment en General Nursing et Mental Health Nursing. Le président de la Nursing Association détient aussi un Bsc en Nursing Science et une maîtrise en Gestion des ressources humaines. Il se dit passionné de psychiatrie et a travaillé pendant plusieurs années à l’hôpital Brown-Séquard. Ram Nowzadick a aussi travaillé à l’hôpital Victoria et l’hôpital Jawaharlal Nehru. Actuellement, il est Charge Nurse à l’hôpital de Mahébourg. <Publicité
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