Le Dr Rajah Madhewoo se trouve actuellement à Londres pour contester devant le Privy Council la carte d’identité biométrique. Ce dernier nous parle de ses motivations et de ses problèmes financiers…
L’affaire de la carte d’identité biométrique sera devant le Privy Council en juillet. Espérez-vous un heureux dénouement ?
Je suis optimiste. Je suis actuellement au Royaume-Uni pour préparer cette affaire que le pays attend depuis trois ans, face à une mesure répressive qui ne tenait pas compte de la voix des citoyens.
Est-ce que cet appel a encore un sens, vu la garantie donnée par le gouvernement ?
Il n’y a, en fait, aucune garantie du gouvernement. Nous avons vu que ceux qui sont au gouvernement trouvent maintenant acceptable ce qu’ils critiquaient quand ils étaient dans l’opposition. À ce jour, le gouvernement ne s’attaque pas véritablement au problème, mais tente de trouver des moyens d’utiliser cette mesure pour en tirer avantage. Il y a plusieurs caractéristiques de cette carte qui demeurent encore effrayantes.
Vous évoquez des contraintes financières. Quelles sont-elles ?
J’ai reçu confirmation de David Miles, mon représentant légal de Morgan Blake, que le hearing du cas a déjà été fixé pour toute la journée du 20 juillet et une demi-journée le 21 juillet. Cela veut dire qu’il y a encore certaines procédures à suivre. Je vais devoir effectuer un dépôt de £ 6 450 (quelque Rs 260 000) d’ici le 27 juin (lundi). Et cela n’est pas la totalité de la somme à être payée. Les frais légaux pour Morgan Blake étaient, au départ, de £ 15 000 (environ Rs 600 000).
Ils ont été assez gentils de me faire une ristourne et de me laisser travailler dans leurs locaux, ce qui m’a permis d’économiser £ 3 000 (Rs 120 000). Mes avocats à Maurice, pour leur part, ont jusqu’au 29 juin pour fournir tous les documents sur le cas qui a déjà été entendu en cour à Maurice. Ils prendront, par la suite, l’avion pour le Royaume-Uni. Je dois souligner que ces avocats ont travaillé volontairement jusqu’ici.
Je dois tout de même payer leur billet d’avion et leur logement dans le centre de Londres, tout près du Privy Council. En juillet, c’est la saison haute et la chambre d’hôtel dans cette région coûte £ 100 par jour, sans la nourriture. En plus, les billets d’avion sont plus chers pendant cette saison.
Quel est votre appel aux Mauriciens dans ce cas ?
Je pensais revenir à Maurice, en espérant que le cas serait appelé en septembre ou octobre. C’est ce qu’avait d’ailleurs prédit mon représentant légal. Mais au final, l’affaire vient beaucoup plus tôt que prévu et je n’ai aucune chance de revenir à Maurice afin de lever des fonds. Lorsque j’étais à Maurice, j’avais fait un appel au Premier ministre pour trouver des fonds sur une question d’intérêt national. J’ai essuyé un refus.
J’ai fait la même chose auprès de la présidence et j’ai obtenu le même résultat. Je demande de l’aide à mes amis et à ma famille à Maurice. Si vous versez un peu d’argent sur mon compte, je vous dis merci d’avance. Et si vous ne pouvez le faire, je ne vous laisserai pas tomber. C’est une opportunité pour moi de faire quelque chose de positif pour mon pays contre la tyrannie et des tendances dictatoriales.
Pour vous, c’est un Constitutional Challenge. Croyez-vous que les Mauriciens sont conscients de l’enjeu ?
C’est effectivement un Constitutional Challenge et je suis certain que les Law Lords vont se pencher sur ce cas avec beaucoup de sérieux. Même les criminels ont le droit de refuser de donner leur empreinte digitale. Un droit qui est refusé aux Mauriciens. Mes empreintes digitales sont sacrées. La Cour suprême a fait comprendre que l’on ne pouvait sauvegarder les empreintes digitales. Tout a été arrêté suite au cas en cour de Pravind Jugnauth. Mais il faut se rappeler que le jugement a pris sept mois avant d’être rendu. Puis, le ministre étienne Sinatambou a expliqué que les empreintes digitales seraient stockées pour une durée de deux mois au maximum. C’est tout de même du stockage d’empreintes digitales.
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