Depuis le 25 novembre 2022, de nouveaux règlements ont été ajoutés à l’Independent Broadcasting (IBA) Act, pouvant être cités comme l’Independent Broadcasting Authority (Amendment of Schedule) Regulations 2022. Si les autorités affirment que l’objectif est de mettre à jour le code de conduite qui régit les radios, ces dernières déplorent que cette décision a été prise de façon « unilatérale et sans aucune concertation ».
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L’IBA passe encore une fois à l’attaque en venant avec de nouveaux règlements pour les radios privées. Le 6 septembre dernier, le ministre Deepak Balgobin avait donné son accord le 23 novembre et c’est le 25 novembre que ces nouveaux règlements sont entrés en vigueur. Le Conseil des ministres, qui s’était réuni le même jour, avait pris note que ces nouveaux règlements à l’Independent Broadcasting Authority Act seront promulgués. L’objectif est de mettre à jour le code de conduite qui régit les radios, afin que la loi soit plus « en phase et plus adaptée au nouveau paysage médiatique et aux évolutions du secteur ».
C’est l’impartialité des radios privées qui est au cœur de ces nouveaux règlements. Il est tenu aux journalistes/présentateurs des radios privées de garantir l’impartialité lors des émissions et dans les bulletins d’information. L’équilibre doit être le maître-mot dans la diffusion des informations. Il est aussi à faire ressortir que les radios privées doivent donner la parole au gouvernement et aux autorités durant les émissions. De surcroît en cas de refus, les radios privées doivent trouver le moyen de rester impartiales.
L’organisme, à travers ces nouveaux règlements en vigueur, insiste que les émissions, en particulier politiques, soient justes et objectives. S’il s’agit de sujets controversés, le journaliste/présentateur est tenu à avoir la version d’une source officielle. S’il essuie un refus, l’IBA demande à ce que les radios privées demeurent impartiales dans le traitement et la diffusion de l’information.
L’accent est aussi mis sur l’intervention des journalistes/présentateurs qui peuvent exprimer leurs points de vue sur l’actualité, la politique et autres, mais que ces interventions ne doivent pas être biaisées. En sus, des attaques personnelles, des commentaires dénigrants sont à éviter, selon ces nouveaux règlements.
Absence de concertation
Le directeur de l’information du Défi Media Group, Nawaz Noorbux, déplore l’absence de concertation. « Je trouve que c’est dommage que l’IBA impose ces règlements sans aucune concertation avec les radios privées, comme cela a été le cas avec les amendements de l’année dernière », dit-il.
Il a aussi mis l’accent sur l’impartialité. « Ce n’est pas à l’IBA de me montrer les techniques éditoriales. J’anime des émissions et je sais faire l’équilibre. Force est de constater que souvent, on fait appel au gouvernement et aux autorités qui refusent de participer aux émissions. Est-ce que l’IBA veut que j’agisse comme un représentant du gouvernement ? Je peux apporter un équilibre, mais ce n’est pas à moi de défendre le gouvernement », lance Nawaz Noorbux.
Nawaz Noorbux lance aussi un défi à l’IBA d’aller voir du côté de Moka. « Est-ce que la MBC applique-t-elle la règle de l’impartialité dans ses bulletins ? La parole n’est pas donnée à tous. Nous continuons à faire notre travail et surtout ne comptez pas sur nous pour agir comme des représentants du gouvernement », lâche le directeur de l’information.
Le président-directeur général de Top FM et Top TV, Kris Kaunhye déplore aussi que « tout cela arrive encore une fois sans consultation avec les opérateurs ». « Ces nouveaux règlements font état de plusieurs choses qu’on fait déjà à la radio. Les journalistes/présentateurs sont tenus d’être impartiaux lors des programmes et émissions. On ne peut, dans un pays démocratique, changer la règle du jeu à son bon vouloir », dira-t-il.
Il indique que la liberté d’expression s’applique à tous, dont « les journalistes/présentateurs qui ne peuvent être dépourvus de leurs opinions ». « Il me semble qu’il y a une tentative de réguler les radios au lieu de les laisser s’auto-réguler. On est en train de reculer. On veut garder une relation consultative. Or, les décisions sont prises de façon unilatérale », s’indigne Kris Kaunhye.
Le président-directeur général de Top FM souligne aussi que l’antenne est ouverte à tout le monde. Comme Nawaz Noorbux, il se désole aussi du fait que les représentants du gouvernement et des autorités refusent les invitations de participer à une émission. « C’est un peu bête de réagir de cette façon. C’est aux représentants de défendre leurs dossiers et nul ne peut se substituer à leur rôle. Le journaliste/présentateur ne peut que modérer à la limite du possible », avance Kris Kaunhye.
Nicolas Adelson, directeur chez Viva Voce Ltd, affirme ne pas vouloir faire de commentaire. « Je n’ai rien reçu à ce propos de manière officielle », dit-il.
Les amendements de 2021
À noter que l’année dernière, d’autres règlements avaient été imposés à travers l’IBA Amendment Bill, notamment le renouvellement des licences des radios privées chaque année au lieu de tous les trois ans et la création d’un Review Panel, entre autres.
Jean-Luc Mootoosamy (journaliste) : «Ne pas opter pour la chaise vide permet de faire avancer le débat»
« Le contenu de cette Government Notice est un rappel des règles que chaque professionnel à l’antenne d’une radio, d’une télévision, devrait connaître. Un rappel que tout programme - spécialement ceux accueillant des intervenants externes - doit être préparé, qu’il faut être vigilant, veiller à l’équilibre. Je fais confiance aux routiers des antennes qui les appliquent déjà pour partager leur savoir-faire en la matière. Le GN308 insiste aussi sur le fait que les ondes - privées et publiques - devraient être des lieux d’impartialité et non des tribunaux. J’ajouterais que l’impartialité ne devrait pas se limiter aux émissions sur des questions polémiques, mais partout, sur l’ensemble des grilles de programmes. S’agissant d’équilibre, je note toutefois une absente : l’opposition. Si la nécessité d’obtenir le point de vue du gouvernement est souligné à trois reprises, celui de l’Opposition n’est pas mentionné. C’est tout aussi important – question d’équilibre. Les approches éditoriales sous la section 5 (b) sont intéressantes et mériteraient d’être discutées en conférence de rédaction. Elles impliquent d’avoir des journalistes formés et solides. Les règles en périodes électorales mentionnées comme applicables (paragraphe 6) mériteraient cependant d’être connues et discutées avec des professionnels. Je dirais que cet avis gouvernemental rappelle aussi la responsabilité de tous les acteurs sollicités par les médias : participer, intervenir, ne pas opter pour la chaise vide, permet de faire avancer le débat et évite justement les perceptions d’impartialité. »
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