Yogita Baboo-Rama est une dame de fer qui refuse de céder. Sinon, trois ans de travail tomberaient à l'eau. Elle est présidente de l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA) depuis 2019, mais a intégré la compagnie en 1996. Son mari est décédé il y a cinq ans, la laissant avec leur fille de huit ans. Elle est le seul soutien de sa famille et doit subvenir à ses besoins.
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Quand elle a quitté l'école, elle a trouvé un emploi chez Air Mauritius à l'âge de 20 ans. « Je rêvais de devenir pilote, mais c'était difficile, mes parents n'auraient pas pu me payer les études. Je suis devenue hôtesse de l'air, réalisant ainsi une partie de mon rêve. Pendant longtemps, les avions étaient quelque chose d'extraordinaire. Même aujourd'hui, beaucoup de filles rêvent de devenir hôtesses de l'air pour voyager, mais ce n'est pas glamour et luxueux. C'est beaucoup de travail dur et de sacrifices comme ne pas être présente pour les anniversaires de ses parents, pour les fêtes de mariage », raconte Yogita Baboo-Rama.
Elle souligne que les samedis, les dimanches et les jours fériés sont des jours normaux de travail. « En matière de sécurité, il y a des examens annuels pour rester à jour et il faut être en bonne condition physique pour continuer à travailler. Ce n'est pas seulement une question de voyager, mais aussi de travailler dur sur soi-même. J’ai fait cela pendant 27 ans, travaillant sans reproche. Je n'ai jamais eu de problèmes avec les passagers. Je n’ai rien à me reprocher au niveau du travail », dit-elle.
La syndicaliste déplore le non-respect des droits des travailleurs. « Si l’on veut corriger le système, il faut pouvoir le dire. Mon licenciement me motive encore plus à poursuivre le combat. C'est une bataille que je mène depuis trois ans. Je ne vais pas baisser les bras », assure-t-elle.
Yogita Baboo-Rama se dit reconnaissante et redevable envers l’équipe de l’AMCCA, solide et soudée : Finley Seetaramadoo, Steve Antoine, Didier Duval, Moïse Fok Shan. Elle salue également les syndicats qui la soutiennent. « Depuis l'amendement de l'article 72 de la Workers’ Rights Act, la répression a commencé. Une révision judiciaire a été engagée contre le ministre du Travail, l'administration de MK et l'État mauricien. Il y a eu un ‘gagging order’ contre nous », soutient-elle.
Pour elle, c’est inacceptable. Vouloir bloquer le syndicat veut dire que l'existence même du syndicat est remise en question si les travailleurs restent tranquilles. « Pourquoi y a-t-il des lois ? La loi est basée sur les conventions signées par l'Organisation internationale du travail pour protéger les droits syndicaux, le droit des travailleurs. Ce qu'ils ont fait est un contournement de la loi. On m’a mise à la porte pour mauvaise conduite à cause de mes implications syndicales. La loi dit clairement qu'on ne peut pas licencier pour des raisons syndicales. Il s'agit d'un licenciement illégal », insiste Yogita-Baboo-Rama.
Elle souligne que lors de l’émission de radio qui n’a pas plu à la direction de MK, elle était présentée comme la présidente du syndicat. « C'est encore plus grave, car ils savent qu'ils violent la loi mais s'en moquent. C'est une erreur intentionnelle, pas une simple maladresse. Ils sont maintenant en train de s'habituer à une nouvelle culture », déplore la présidente de l’AMCCA.
Par ailleurs, Yogita Baboo-Rama rappelle qu’elle était en congé sans solde depuis deux ans. Elle ne s’était pas fait vacciner contre la Covid-19 car on pouvait présenter un test PCR, jusqu’à ce que la décision soit prise d’obliger tout membre du personnel non vacciné à prendre un congé forcé. « Je ne suis pas d'accord avec cette injustice. Je suis en guerre pour mes membres. J’ai leur soutien et je continue ma lutte acharnée pour qu’on respecte nos droits », conclut-elle.
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