À l’occasion de la fête de Noël, Le Dimanche/L’Hebdo s’est entretenu avec la Mère Noël, épouse du Père Noël. Elle y parle de la magie et l’esprit de Noël, partage quelques secrets, dont un qui concerne Maurice.
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Pourriez-vous nous expliquer qui vous êtes ? Car les gens vous connaissent, mais sans vraiment vous connaître…
Je suis la Mère Noël, gardienne de la magie de Noël et complice du Père Noël dans la création de la féérie qui envahit le monde au mois de décembre, chaque année. Mon rôle dépasse celui de l’organisation logistique. Je suis là pour réchauffer les cœurs et répandre la joie dans chaque parcelle de notre foyer au pôle Nord et au-delà.
Quel est votre vrai nom ?
Mon vrai nom ? Je ne vais pas pouvoir vous le donner. Car il faut quand même préserver une part de mystère (rires). À l’atelier, on m’appelle Goody. C’est aussi ainsi que le Père Noël me nomme. Certains me nomment aussi Noëlla, ou Madame Santa, mais va pour Goody.
Le Père Noël est-il l’homme idéal que l’on dit ?
Je pense sincèrement que la personne idéale n’existe pas. C’est impossible d’être « idéal ». D’ailleurs, la perfection n’existe pas. Mais on s’entend très bien. Il y a un grand respect mutuel. Puis, chacun a sa place dans notre relation. Tout n’est pas toujours rose.
D’ailleurs, plus la date du 25 décembre approche, plus le stress monte, sans parler de la tension qui va avec. À quelques jours de Noël, je sais que ce n’est pas le moment de contrarier le Père Noël. Il est complètement concentré sur les préparatifs, car il n’a pas droit à l’erreur. Ce n’est donc pas le moment pour moi de l’embêter avec des peccadilles et c’est tout à fait normal. Le bonheur des enfants n’a pas de prix.
Mais pour le reste, il est toujours extrêmement attentionné et présent, si on oublie la période entourant Noël, bien sûr.
Le bonheur des enfants n’a pas de prix.»
Mais vous fêtez Noël ?
Ah, mais bien entendu ! Ce serait quand même le comble que nous ne fêtions pas Noël (rires). Le symbole par excellence de Noël qui ne fête pas Noël, ça n’aurait vraiment pas de sens.
Ceci dit, la façon de célébrer n’est bien entendu pas la même que pour la personne lambda. N’imaginez pas une fête en famille autour d’une dinde. Notre fête à nous, c’est la distribution, l’émerveillement et la joie des uns et des autres, et plus spécialement des enfants. La fête, c’est aussi de constater qu’en cette période, les gens ont la capacité de mettre de côté leurs différends, d’oublier leurs tracas, de partager de l’amour, de faire des sacrifices importants juste pour pouvoir faire plaisir à l’être aimé.
Mais après avoir partagé le Père Noël avec le monde entier – et je me sens très privilégiée de pouvoir le faire –, je suis heureuse de pouvoir le récupérer. En général, on commence à reprendre une vie plus normale à partir du 27 décembre. Traditionnellement, c’est ce jour-là que je prépare un repas, avec l’aide de mes assistantes, et que nous invitons les lutins et les elfes dans le grand entrepôt en bois qui ne se trouve pas très loin de notre maison. Allons dire que la campagne de Noël se clôt le soir du 26 décembre avec ce dîner durant lequel le Père Noël fait son traditionnel discours de remerciements.
Et à partir de là, vous faites quoi ?
Nous donnons congé à tous pour environ deux mois et puis nous reprenons le boulot. Il faut bien se rendre compte que Noël demande une longue et minutieuse préparation. C’est une immense organisation car elle touche plus ou moins chaque être humain sur terre. C’est, avec le Nouvel an, la seule fête qui transcende toutes les religions, y compris à Maurice.
Mais attention, elle n’est pas fêtée partout de la même manière. Les traditions ne sont pas partout les mêmes, et on doit veiller à respecter ces traditions.
La préparation consiste en quoi ?
On analyse les différentes demandes et tendances. On passe commande là où c’est nécessaire et on fabrique sur place ce que nous pouvons. On prépare également bien en avance la distribution afin que cela puisse se faire le plus rapidement possible le moment venu. Rien que cela nous demande une attention très particulière pendant plusieurs mois.
Il faut aussi coordonner toute la campagne de marketing et de conscientisation pour que les gens continuent à accorder autant d’attention à la fête de Noël et continuent à croire dans la symbolique de Noël.
Je parlais un peu plus tôt des traditions. C’est un aspect qui est pris en compte dans les préparations. La préparation est un ballet harmonieux où chaque détail compte.
Nombreux sont ceux à Maurice qui ont une petite pensée pour leur prochain. Il y a une solidarité et un partage qui transcendent les communautés»
Pouvez-vous nous donner un exemple lorsque vous parlez de faire attention que les traditions soient respectées ?
Chez vous à Maurice, tout comme dans la région Asie et Afrique, peu de gens savent que le Père Noël se nomme en fait Nicolas, et plus précisément Saint Nicolas dans certains pays. C’est d’ailleurs de cette appellation que provient le fameux Santa Claus américain.
Dans certains pays de l’Europe du Nord, dont la Belgique et les Pays-Bas, il distribue les cadeaux spécifiquement aux enfants, et non aux adultes, durant la nuit du 5 au 6 décembre. Là-bas, la tradition veut qu’il vienne sur une mule et qu’il accorde une attention particulière aux enfants qui ont été les plus sages. Cette nuit-là et même les jours qui précèdent, ses habits sont assez différents. Il a aussi d’autres accompagnateurs. Dans ces régions-là, les adultes reçoivent leurs cadeaux le 25 décembre, mais pour eux, il revêt sa tenue et son identité traditionnelles.
Ceci dit, les traditions évoluent, et dans certains pays plus que dans d’autres. À Maurice par exemple, la façon de fêter Noël a quand même pas mal évolué à travers les années.
Dans le bon sens ?
Disons qu’il y a eu plus de positif que de négatif. Noël à la mauricienne est devenue plus inclusive, mais aussi plus commerciale.
Nous constatons que beaucoup de gens et de compagnies se mobilisent en cette période pour ceux qui ont été moins favorisés par le destin. Nombreux sont ceux qui ont une petite pensée pour leur prochain. Il y a une solidarité et un partage qui transcendent les communautés. Je dirais qu’il y en a de plus en plus.
Cela aurait été formidable que cet élan puisse être prolongée tout au long de l’année. Vous êtes une petite société. Amener tout le monde à bord du train n’aurait pas dû être difficile.
Nous sommes des artisans du bonheur, de la joie et de l’amour.»
Vous parlez du train du développement ?
Sciemment je n’ai pas utilisé le mot développement. C’est une notion abstraite qui ne veut rien dire. On n’aime pas ce mot, le Père Noël et moi. Le train du développement est un train qui roule sans objectif car le développement est sans fin. J’ai remarqué qu’ici, dans votre pays, on parle beaucoup de « développement ». Certains disent qu’il ne faut pas « arrêter le développement » ou qu’il faut « favoriser le développement ». Ça ne veut rien dire.
Je préfère parler du train du bonheur, car le bonheur est un but spécifique. Chacun conçoit son bonheur de manière différente certes, mais chacun sait plus ou moins ce qui le rend heureux.
Aidons tout un chacun à atteindre ce but-là. Et surtout, soyez conscients que le véritable objectif dans la vie est d’atteindre ce stade du bonheur.
Vous parliez aussi des valeurs de Noël. Pouvez-vous nous rappeler ce qu’elles sont ?
Noël est la quintessence de l’amour, de la compassion et de la solidarité. C’est un rappel de la bonté humaine et de l’espoir, une époque où même les cœurs les plus froids se réchauffent.
Est-ce difficile de maintenir ces valeurs ?
Le monde change, et il change de plus en plus vite. Ça a du bon, mais aussi du mauvais. Le Père Noël et moi en discutons souvent. Autant les réseaux sociaux peuvent nous aider à partager les valeurs, autant ils peuvent contribuer à les détruire. Plus que jamais, on doit s’adapter.
Aujourd’hui, les enfants peuvent accéder à du contenu qui ne devrait pas leur être destiné. Certains irresponsables s’amusent à tourner l’image du Père Noël en ridicule et remettent en doute son existence sans être conscients qu’ils font du tort à la magie de Noël. Pourtant, conserver cette magie de Noël est capitale. Le monde en a besoin.
Mais on a connu des moments bien pires. Imaginez Noël durant les guerres mondiales ou dans les zones de guerre. Je dirais que chaque période à ses spécificités. Nous sommes cependant très positifs. L’empathie et l’amour finissent toujours par triompher.
Conserver cette magie de Noël est capitale. Le monde en a besoin.»
Mais vous, votre rôle c’est quoi spécifiquement ?
C’est, entre autres, de préserver l’harmonie et la bonne humeur de l’atelier. Je veille à ce que tout fonctionne, que tous les maillons de la chaîne soient solides, que cette aura féerique soit bien présente pour que chaque jouet puisse être réalisé avec amour et magie. Je fais aussi en sorte que cette atmosphère favorable à la création soit présente. Il s’agit en somme de veiller au bien-être de ceux qui contribuent à perpétuer cette magie.
Vous êtes la directrice des ressources humaines en somme…
(Rires) je n’aime pas trop ce terme. Ça a un goût d’exploitation. Mon approche est celle d’une mère. J’ai un grand amour pour tous ceux qui aident à entretenir cette magie de Noël. Le rappel à l’ordre n’est pas mon créneau. Chacun sait pourquoi il ou elle est là. Nous sommes des artisans du bonheur, de la joie et de l’amour. Tout le monde en est conscient.
Ceci dit, même si tout le monde sait ce qu’il a à faire, œuvrer dans une atmosphère créatrice et remplie de bonne humeur nous amène à nous dépasser.
Comment avez-vous rencontré Nicolas… enfin le Père Noël ? Car, quand je fais une recherche sur Google, on trouve plein de versions différentes…
J’ai vu, oui, que beaucoup de théories circulent. Certaines prétendent même que nous nous sommes rencontrés à un genre de car wash pour traîneaux ! Laissons libre court à l’imagination des gens. Plus il y a de théories, plus il y a du mystère, et plus il y a du mystère, plus il y a de la magie de Noël.
Allons garder un côté poétique en disant que notre rencontre fut une danse entre le hasard et la destinée. Nous nous sommes rencontrés au détour d’une tempête de neige. Nous avons ri sous la neige et nous ne nous sommes plus quittés depuis. Nous formons une équipe inséparable, travaillant main dans la main pour offrir des souvenirs inoubliables à chaque enfant du monde.
J’ai la chance d’avoir à mes côtés un homme au destin exceptionnel, portant un amour infini pour chaque être humain dans le monde et avec une foi inébranlable dans l’humanité. Son dévouement et son engagement sont une source d’inspiration.
Quand vous êtes-vous rencontrés ?
Il y a une bonne centaine d’années, voire plus…
Ça ne nous avance pas vraiment…
Même si j’ai une appréciation énorme pour ce bon peuple mauricien, je ne peux pas non plus vous dévoiler tous nos secrets… même si j’ai déjà dit pas mal de choses sur notre cuisine interne dans cet entretien (rires). Sachez que le mystère est un des piliers de la magie de Noël. Laissons les gens à leur imagination.
Le mystère est un des piliers de la magie de Noël. Laissons les gens à leur imagination.»
Un secret de plus de dévoilé ne ferait pas de mal…
Hmmmmm…. Allez d’accord… Il arrive que je distribue moi-même des cadeaux.
Parfois ? Souvent ?
Chaque année (rires), ou presque. Des petites régions… mais jamais les mêmes…
Maurice ?
Il n’y a pas que Maurice dans le monde, n’est-ce pas ?
Jamais Maurice, alors ?
Une année ou deux, mais pas récemment. Mais, jamais je n’ai pris la charge de distribuer dans tout le pays. Satisfait du secret dévoilé ? (rires)
Pleinement. Merci. Vous avez une image de femme au foyer, bonne cuisinière, de femme au chevet de son mari, bref une mamie gâteau. Est-ce que cette représentation est fidèle à la réalité ?
Dans l’histoire de Noël, je ne suis pas le personnage principal. C’est vrai. Et c’est bien ainsi.
À travers votre question, je comprends que vous parlez de cette image de la bonne petite femme soumise à son mari. Dans les faits, oui, j’ai des petits plaisirs plutôt classiques. J’aime passer des soirées tranquilles au coin de la cheminée avec le Père Noël pour échanger sur nos moments préférés, concocter des biscuits pour surprendre nos invités, etc. Mais, notre relation est entre égaux. Personne n’est supérieur à l’autre.
Être le Père Noël fait bien entendu qu’il a le contrôle sur son activité donc et moi, je le soutiens dans sa tâche, y compris au niveau de la distribution car cela me fait un plaisir énorme. Mais entre les quatre murs de la maison, c’est différent.
J’ai mes opinions qui ne s’alignent pas nécessairement aux siennes, et c’est à force de discussions et de dialogue qu’on arrive à un consensus. Ceci dit, il est une personne simple, tout comme moi. On ne se prend pas la tête pour ce qui ne vaut pas la peine, alors il n’y a que peu de place pour des conflits.
J’imagine que vous avez un message spécial pour Noël ?
N’oubliez jamais que la vraie magie se trouve dans le partage, l’amour et la compassion. N’oubliez jamais ceux qui n’ont pas les mêmes chances que vous.
Il ne faut parfois pas grand-chose pour changer un destin. Une simple main tendue, un coup de pouce financier, une écoute, de la compréhension, un ou plusieurs conseils... Tant de choses peuvent être faites pour améliorer le quotidien, voire la vie d’une personne. Croyez-en vous, croyez en l’humanité et soyez sages…
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