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Question de nominations

Les mœurs politiques sont au plus bas, quand des dirigeants politiques s’arrogent le droit de nommer qui ils veulent, où ils veulent, quand ils veulent, et en plus blâment, voire insultent, ceux qui osent dénoncer ces pratiques. Anil Gayan, fidèle à ses habitudes de provocateur patenté, s’en est pris, une fois de plus, à la presse, qui aurait eu l’incroyable toupet de dénoncer la nomination de Vijaya Sumputh comme directrice du Trust Fund for Specialised Care l’année dernière. Très irresponsable, cette presse de remettre en doute les décisions douteuses des tout puissants du jour. « Est-ce parce qu’elle s’appelle  Vijaya ? » a lancé le politicien devant des sympathisants de son parti, le Muvman Liberater, durant un congrès à Rivière-du-Rempart jeudi soir. Le sous-entendu est clair et il est inacceptable. Dommage que le ministre de la Santé ne se rappelle plus de l’époque, pas très lointaine, où il était souvent invité à s’exprimer dans les journaux de premier plan et dans des émissions de grande écoute des radios privées. Pourtant, à ce moment-là, Me Gayan, Anil de son prénom, ne valait plus rien en politique. Que l’avocate Sumputh le suive à la trace depuis une quinzaine d’années n’est, bien entendu, que pure coïncidence. En fait, c’est la presse qui est de mauvaise foi et qui invente des histoires par pure méchanceté. Comme d’habitude, quoi ! Tout compte fait, cette affaire de nomination n’en est qu’une parmi des dizaines d’autres. Pour nos politiciens, cela devient un droit acquis. Ou peut-être que ça l’est déjà ? « L’état, c’est moi », disait le dictateur zairois Mobutu Sese Seko, imitant le monarque français Louis XIV. Je fais ce que je veux et je le fais ouvertement avec votre argent. Et surtout, ne venez pas me critiquer ! On ne compte plus les nominations de proches, voire de très proches, par les puissants du jour. Certes, argueront ces derniers, d’autres l’ont fait avant. Ce n’est pas une raison pour en faire autant, voire pire. Encore plus quand hier, vous dénonciez la politique des petits copains que vous pratiquez aujourd’hui. Avec la création du ministère de la Bonne gouvernance, plus d’un croyait que ces mauvaises habitudes adoptées par la classe politique dans son ensemble allait être chose du passé. Mais force est de constater que rien n’a changé. La chasse aux sorcières est une chose, mais garder sa maison propre en est une autre. Oui, ceux qui ont profité des largesses de l’état sans aucune honte doivent passer à la caisse. Tout comme ceux qui en font de même aujourd’hui. Que les choses se fassent toutefois sans vendetta ou calcul politique. Au Parlement, SAJ a annoncé sa volonté de venir de l’avant avec une loi sur le financement politique et une nouvelle Declaration of Assets Act. L’initiative doit être applaudie. Espérons qu’il n’y aura pas, comme c’est trop souvent le cas dans ce pays, des portes de sortie dans lesquelles les corrompus s’engouffreront pour échapper à d’éventuelles sanctions. Un assainissement général s’impose. Nos gouvernants aiment prendre Singapour en exemple. Toutefois,  Singapour n’a pu émerger qu’une fois qu’elle s’est imposée des règles très strictes en matière de lutte contre la corruption, le copinage et les passe-droits.
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