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Publicité de Coca-Cola: cafouillage au ministère de l’Égalité des genres

Cette photo utilisée durant la campagne publicitaire de Coca-Cola avait été interdite de diffusion.

La polémique autour de la publicité de Coca-Cola prend une nouvelle tournure. Le ministère de l’Égalité des genres est revenu sur sa décision. Un communiqué a été émis en ce sens, le mardi 26 juillet, et un rectificatif signé par la ministre elle-même a été adressé au ‘Chief Executive Officer’ de Phœnix Beverages.

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« Il est clair que les procédures n’ont pas été suivies pour l’envoi de la lettre au Chief Executive Officer (CEO) de Phœnix Beverages, le 18 juillet. Quelque part, un officier a agi sans l’autorisation de la ministre. Une enquête est en cours pour situer les responsabilités dans cette affaire. Il est trop tôt pour se prononcer », explique une source au ministère de l’Égalité des genres. La lettre en question a été signée par l’assistant du Permanent Secretary. Elle mentionne : « In view of the points raised by Ms Gukhool, it is felt that the advert should be withdrawn from the circulation on the basis of its sexist connotation. » Cependant, une correspondance a été envoyée par Aurore Perraud, le mardi 26 juillet, au CEO de Phœnix Beverages pour rectifier le tir. La ministre dit avoir pris connaissance de la lettre du 18 juillet et qu’elle insiste pour que les objections qui y sont contenues soient retirées. Ce sont les mêmes propos que la ministre a repris dans un communiqué de presse émis le même jour. Cette dernière s’abstient de tout commentaire sur cette affaire, car une enquête interne a été ouverte.

Le bon sens a prévalu

Du côté de Phœnix Beverages, la marche arrière du ministère de l’Égalité des Genres ne change rien à la campagne publicitaire de Coca-Cola. C’est ce qu’explique Valérie Rochecouste, Marketing Manager de Coca-Cola Indian Ocean Islands Ltd. « Nous sommes contents que les objections aient été retirées. Finalement, le bon sens a prévalu. La logique a primé. Nous avons, dès le départ, trouvé que les consignes du ministère étaient tout simplement injustifiées. Il n’était pas dans notre intention de passer un message sexiste. La réaction du public nous a réconfortés », explique la manager. Et d’ajouter que la photo qui a fait polémique a été retirée du deuxième volet de la campagne. « Nous avons une palette de photos à utiliser. Nous sommes pour la variété », affirme Valérie Rochecouste. Cette interdiction sur la publicité de Coca-Cola avait suscité de vives réactions parmi les membres du public, surtout sur les réseaux sociaux. Des internautes ont même modifié la photo à l’origine de la polémique faisant ainsi le buzz sur les réseaux sociaux.

Copie de la lettre envoyée par le ministère de l’Égalité des genres au CEO de Phœnix Beverages.Copie de la lettre envoyée par le ministère de l’Égalité des genres au CEO de Phœnix Beverages.

 

 


 

Anushka Virahsawmy, directrice de Gender Links: « C’est un message négatif pour le ministère »

« Comment une telle chose a-t-elle pu se produire sans que la ministre ne soit au courant ? » s’interroge Anushka Virahsawmy. La directrice de Gender Links se dit outrée que le ministère ait décidé d’interdire une publicité sans consulter les parties concernées et les autorités compétentes. « C’est un message négatif pour le ministère. Avant de prendre une décision, il fallait penser aux conséquences. Il y va de la réputation de notre pays, car cette campagne est menée à l’échelle internationale », affirme-t-elle. Anushka Virahsawmy soutient qu’il n’y a rien de sexiste dans la publicité de Coca-Cola. « En tant que défenseur de l’égalité des genres, je serais parmi les premières personnes à dénoncer cette publicité s’il y avait eu une quelconque connotation sexuelle ou sexiste. Il est vrai qu’on ne peut pas utiliser le corps humain à des fins commerciales, que ce soit celui de la femme ou de l’homme. Mais dans ce cas précis, il n’y a rien d’alarmant. Il y a des sujets bien plus importants à débattre. C’est une perte de temps de polémiquer sur une chose aussi banale. » (NdlR : Nous avons sollicité Trisha Gukhool, freelance Gender Consultant, pour une réaction. Mais elle s’est abstenue de tout commentaire concernant cette affaire. Nous avons aussi tenté de contacter le Permanent Secretary du ministère de l’Égalité des genres qui a signé la lettre du 18 juillet, mais nos appels sont restés vains.)  


 

Les syndicats remontés contre Aurore Perraud

« Nous ne sommes pas d’accord et nous ne le tolérerons pas », commente Narendranath Gopee, président de la Federation of Civil Servants and other Unions. Comme lui, d’autres syndicalistes sont remontés contre la ministre de l’Égalité des genres, concernant sa position sur la publicité de Coca-Cola interdite la semaine dernière, puis réhabilitée mardi par le ministère de l’Égalité des genres. Radhakrishna Sadien, président de la State & Other Employees Union, abonde dans le même sens. « Les syndicalistes suivront la situation de très près. Ils se tiennent prêts à intervenir. Le problème ne porte pas sur le contenu de la pub – que le ministère trouvait trop sulfureuse avant de changer d’avis – mais sur la réaction du ministère. » Dans le communiqué émis mardi, la ministre Aurore Perraud a affirmé qu’une « enquête interne est en cours pour situer les responsabilités ». Une position qui n’est pas au goût des syndicats. « La ministre doit assumer : elle ne peut vouloir blâmer un fonctionnaire qui a agi sur instruction ministérielle, car la décision de censurer ou non une publicité relève du ministre et non d’un fonctionnaire. La ministre ne pouvait pas ignorer la chose », réagit Narendranath Gopee. « Nous ne laisserons pas un fonctionnaire payer les pots cassés. Nous suivrons cette affaire de près. Peu importe la position hiérarchique du fonctionnaire visé, nous serons solidaires de cette personne. » Radhakrishna Sadien estime que la ministre Perraud est mal inspirée. « Ce qui se passe n’est pas correct. Il faut assumer ses décisions. On voit trop de choses de ce genre. Quand quelque chose se fait bien et que le public applaudit, le politicien s’en attribue tout le mérite. Mais quand il y a problème, on rejette le blâme sur quelqu’un d’autre. » Et d’ajouter : « Lorsqu’on censure une publicité quand la campagne publicitaire est passée, avant de revenir sur sa décision, on est dans le ridicule. Il faut rendre public le contenu de l’enquête. » Radhakrishna Sadien souhaite que le gouvernement propose au plus tôt un Public Service Bill qui clarifierait le rôle et les responsabilités des ministres et des fonctionnaires.

 

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