Le projet de Rs 29 milliards devrait être complété en trois ans, en l’occurrence vers la fin de 2019. La nouvelle ville s’étendra sur 336 arpents dans la région de Minissy, non loin de l’hôpital Apollo Bramwell.
À son achèvement, le projet Heritage City, au coût de quelque USD 800 millions, soit environ Rs 29 milliards, sera un bijou non seulement pour Maurice, mais aussi pour toute l’Afrique. Sauf imprévu, les travaux devront débuter au plus tard en août 2016 et seront complétés en trois ans. La première phase du projet Heritage City, qui coûtera quelque USD 375 millions, soit environ Rs 13 milliards, comprend une ville administrative avec l’Assemblée nationale, le Bureau du Premier ministre et quelques ministères. C’est ce qu’a déclaré Roshi Bhadain, ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance, à l’Assemblée nationale, le mardi 19 avril. Il répondait à la Private Notice Question (PNQ) de Paul Bérenger, leader de l’opposition, tout en soulignant les défis que comporte un tel projet pour Maurice.
Le ministre a aussi donné l’assurance que toutes les procédures ont été scrupuleusement suivies lors des différentes étapes. « Et je peux dire que nous allons très vite sur ce projet. » C’est Lux Consult (Mauritius) Ltd, choisie par la State Land Development Company (SLDC) parmi 11 soumissionnaires, qui s’occupera du Master Plan de Heritage City.
Ce projet s’étendra sur 336 arpents dans la région de Minissy, située à Moka non loin de l’hôpital Apollo Bramwell. La deuxième phase comprendra un complexe commercial, des shopping malls, des restaurants, un food court, des salles de cinéma et un centre international de conférence. Cette deuxième phase est estimée à quelque USD 375 millions, soit environ Rs 13 milliards.
Dans sa réponse initiale, Roshi Bhadain a rappelé que le projet date de 2003, mais qu’après le changement de gouvernement en 2005, il avait été modifié. Toutefois, ce n’est qu’en 2015 que le gouvernement en exercice a réactualisé le projet qui sera bientôt concrétisé.
Paul Bérenger s’est interrogé sur le track record de la compagnie Stree Consulting qui a été choisie par le gouvernement de Dubayy pour exécuter le design du projet. Il n’y aurait rien sur la compagnie en question sur Internet, selon lui.
Le ministre Roshi Bhadain l’a rassuré en déclarant que la compagnie est représentée par l’architecte Saeed Ahmed Saeed, mondialement connu pour avoir été le concepteur de Palm Islands et de Jumeira Islands au large de Dubayy, et des Petronas Towers en Malaisie. Et d’ajouter : « I can assure the House that he is creating something fabulous for Mauritius. » Les plans ont été soumis au Cabinet en février cette année. Les honoraires du consultant représentent 1,13 % de la valeur du projet, soit Rs 155 millions.
Aux interpellations supplémentaires du leader de l’opposition, le ministre Roshi Bhadain a parlé du financement de ce projet qui est un government to government initiative et donc « risk free ». Les fonds proviendront d’un consortium de banques, dont trois ont déjà signifié leur intérêt.
Interrogé par Paul Bérenger sur la sécurité de l’emplacement de la ville administrative, étant donné sa proximité avec le Bagatelle Dam, Roshi Bhadain a rappelé que l’étude de faisabilité, réalisée entre 2003 et 2008, avait tenu compte de l’existence du barrage.
« Mais entre-temps, le projet a changé d’emplacement. Le ministre peut-il donner la garantie qu’il n’y aura pas de problème ? » insiste Paul Bérenger. À quoi Roshi Bhadain a répondu qu’à l’heure où il répondait à la question, des experts en géotechnologie étaient sur place pour évaluer la fiabilité du terrain.
Pour ce qui est des critiques sur le fait que le gouvernement sera le « locataire » de la nouvelle entité immobilière, Roshi Bhadain a insisté que d’ici une quinzaine d’années, les redeemable preference shares n’existeront plus et le gouvernement n’aura plus rien à payer.
Le montage financier de Heritage City
Le ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance, Roshi Bhadain, a profité à la fois de la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition et de la question parlementaire de Reza Uteem sur Heritage City pour expliquer le montage financier du projet. Il ressort que si, au total, le projet devrait coûter un peu moins de Rs 30 milliards, le gouvernement en financera Rs 13 milliards, laissant le reste au secteur privé. Rs 10 milliards de ces Rs 13 milliards seront obtenues des gouvernements indien et saoudien. Cet argent sera injecté dans Heritage City Company Ltd (HCCL) en échange d’actions rachetables. HCCL chapeaute le projet et le gouvernement mauricien est aussi actionnaire. L’Inde et l’Arabie saoudite seront actionnaires de Heritage City, mais le gouvernement pourra racheter leurs actions au fil des années jusqu’à ce qu’il leur ait remboursé les Rs 10 milliards empruntées. Le reste du financement de la partie publique du projet proviendra d’un crédit syndiqué (un prêt octroyé à un client par plusieurs institutions) auprès d’un consortium de quatre banques. Trois banques ont donné leur accord pour un prêt de Rs 2 milliards. La réponse d’une quatrième banque est attendue pour compléter le deal. Pour le reste, il faudra compter sur le privé qui, en principe, investira Rs 13 milliards également. Les projets immobiliers qu’ils développeront se feront selon la formule de vente en état futur d’achèvement (VEFA). Sous cette formule, l’acquéreur paie une partie de la valeur d’un bien mobilier avant même sa construction. C’est cet argent qui est utilisé pour lancer la construction. Une fois la première étape de la construction complétée, le promoteur revient vers le client pour en financer une autre partie, et ainsi de suite… Le projet est donc autofinancé et il n’est pas nécessaire pour le promoteur de contracter un crédit. D’où proviendra l’argent pour le rachat des actions ? Du loyer payé par les six ministères qui y seront déplacés, sans compter l’Assemblée nationale et le Bureau du Premier ministre. Si ce loyer est payé des fonds publics, il entrera dans les caisses de HCCL, dont le gouvernement est actionnaire. Cela permet à ce dernier de prendre l’argent dépensé dans le loyer qui revient actuellement au privé pour rembourser ce prêt.Ambiance: des bambaras et une cité
Sandya Boygah est assise et s’affaire frénétiquement sur sa tablette. Debout un peu plus loin, Prem Koonjoo répond à une question ayant trait au projet de barachois de son époux pour l’élevage de concombres de mer (bambaras). C’est l’heure des questions aux ministres. Celui de l’économie océanique se lève et se rassoit au gré des questions des membres de l’opposition. Et l’on n’est pas vraiment content. Pourquoi avoir « favorisé » l’époux de la députée ? Le ministre balaie de telles accusations d’un revers de main mais s’embrouille un peu. Il veut parler de « local companies », mais lâche « local country ». On s’esclaffe. Aadil Ameer Meea parle de « orange country ». Le sourire en coin, Shakeel Mohamed parle de « bambaras robbery ». Après les bambaras, l’on revient sur le projet de Heritage City. L’on est tout aussi inspiré, mais aussi en colère. Roshi Bhadain parle de « confusion » d’Aadil Ameer Meea sur certains aspects de ce projet. Paul Bérenger, le nez dans son journal, bondit. « Comment peut-il parler ainsi ! » s’époumone le leader de l’opposition. Il ne se calme pas, mais continue à lire et à marmonner. Le ministre de la Bonne gouvernance parle du PTr des « petits copains » qui auraient obtenu des terrains à la cybercité d’ébène. Shakeel Mohamed voit rouge. « Qu’il arrête de nous montrer ainsi du doigt », demande prestement le chef de file des rouges.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !