Priorité de la semaine : l’épineuse étape de la préparation de la liste des candidats 

L’impératif des leaders politiques, cette semaine, n’est autre que d’arrêter leur liste de candidats, car la campagne électorale est très courte. Elle durera 30 jours qui s’égrèneront d’une façon vertigineuse. Ils n’ont donc pas intérêt à attendre la veille du Nomination Day, fixé au mardi 22 octobre, pour distribuer les tickets. Par conséquent, il ne leur restera que 15 jours pour présenter leurs candidats aux électeurs. Ce court laps de temps risque d’être périlleux. 

La tâche semble être plus aisée pour Paul Bérenger car jusqu’à preuve du contraire, le Mouvement militant mauricien (MMM) ne compte pas s’accrocher à une locomotive (au Mouvement socialiste militant-MSM ou au Parti travailliste-PTr) ni tirer un wagon (un petit parti). Le leader des mauves peut distribuer les cartes ethniques et castéistes en toute aisance. Avant la dissolution du Parlement, il a annoncé que sa liste est quasi prête et qu’il ne reste qu’un ultime « fine tuning ». Vendredi prochain, le comité central et le bureau politique approuveront la liste finale. 

A contrario, la tâche est compliquée pour Pravind Jugnauth et Navin Ramgoolam, dont les partis ont chacun contracté une alliance. Ils devront accommoder les candidats dans le profil ethnique de chaque circonscription, en fonction de leur ethnie et par ricochet, en fonction de leur caste dans le cas de certains. En premier lieu, la priorité est accordée aux dirigeants des partis. Puis c’est le tour des sitting members sortants et des valeureux candidats. Ce qui explique qu’il y a parfois une permutation des anciens élus. Le pire scénario est que des  sitting members sortants et des membres soient sacrifiés. 

La première étape de la finalisation de la liste des candidats après la dissolution du Parlement est de confirmer la candidature des nouveaux, surtout ceux qui devront démissionner de leur emploi – que ce soit dans le secteur privé ou la fonction publique – pour se lancer dans la politique active. Il se chuchote que quelques fonctionnaires démissionneront pour se porter candidats. 

Électeurs exigeants 

À titre d’exemple, le nom d’un Regional Health Director est cité avec insistance comme candidat du MSM à Port-Louis. En juin, le Dr Kailesh Kumar Singh Jagutpal a soumis sa démission pour être candidat du MSM dans la circonscription no 13 (Rivière-des-Anguilles/Souillac). Le lundi 7 octobre 2019, Renganaden Padayachy a démissionné de son poste de Premier sous-gouverneur de la Banque de Maurice (BoM) et de la présidence de la Financial Services Commission (FSC). Il sera candidat sous la bannière du MSM. Il est pressenti pour être le ministre des Finances. Tout indique que le MSM rendra publique sa liste de candidats au plus tard ce week-end. 

Du côté de l’alliance PTr-Parti mauricien social-démocrate (PMSD), à lundi soir, les deux leaders ne s’étaient pas encore rencontrés pour plancher sur la liste des candidats. Ce sera fait dans le courant de la semaine. Cependant, certains rouges et bleus craignent que Navin Ramgoolam ne déroge pas à son habitude de rendre publique la liste à la dernière minute. Il avait récemment prévenu que « personne n’est assurée d’être candidat tant qu’il n’a pas eu son ticket en main et que des changements peuvent intervenir même le jour de dépôt des candidatures ». Mais plus d’un espèrent qu’il finalisera la liste durant le week-end. 

Tant que les candidats ne seront pas connus, la campagne électorale ne démarrera pas réellement. D’une part, les candidats probables continueront à labourer le terrain mais avec la peur au ventre d’être privés d’investiture. D’autre part, c’est lassant pour des agents d’évoluer dans le flou. 

De plus, la masse silencieuse qui constitue environ 50 % des électeurs attendra avant de faire son choix. Il est fort probable qu’ils ne voteront pas bloc mais qu’ils feront un choix entre les candidats. Depuis que les travaux parlementaires sont retransmis en direct, les électeurs sont plus exigeants sur la qualité des candidats. Du coup, les leaders politiques ont intérêt à proposer un maximum de candidats de calibre, bien que ce ne sera pas une sinécure pour eux.