L'opposition aux Comores se présente divisée, à quelques semaines du premier tour de l'élection présidentielle dans l'archipel de l'océan Indien, face au président sortant Azali Assoumani, qui brigue un troisième mandat.
Le 14 janvier, les soutiens du président espèrent un remake du scrutin de 2019, où il avait été déclaré élu dès le premier tour. L'opposition est affaiblie entre les pro-élections et ceux qui soutiennent le boycott du scrutin.
La semaine dernière à Mitsudje, ville natale d'Azali située à quelques kilomètres de Moroni, le sortant a tenu, sur un terrain de football, le premier meeting de sa majorité sur la plus grande île, la Grande-Comore.
En bleu, couleur de la Convention pour le Renouveau des Comores (CRC) au pouvoir, le chauffeur de salle a répété à l'envi le slogan "un coup KO". Un chant de campagne reprend le même message. "Nous poursuivrons la construction du pays", a déclaré Azali Assoumani au pupitre.
Depuis son retour au pouvoir en 2016 pour un mandat de cinq ans, le chef d'Etat, qui aura 65 ans lundi, règne sur le pays de 870.000 habitants d'une main de fer. Après un référendum boycotté par l'opposition en 2018, il organise des élections anticipées qu'il remporte en mars 2019 à plus de 60% des voix et dont les résultats sont contestés.
Nour El Fath Azali, fils ainé du chef de l'Etat, en polo bleu roi à l'effigie du candidat, est présent. Conseiller privé du président depuis 2019, il est aussi depuis quelques semaines le secrétaire général adjoint de la CRC, responsable des finances de la campagne.
Pro-élection ou boycott
Son grand rival, l'ex-président très populaire Ahmed Abdallah Sambi, est en prison pour corruption. Après quatre ans de détention préventive, il a été condamné en novembre 2022 à la prison à vie, au terme d'un procès dénoncé comme inéquitable.
L'autre leader, jugé par contumace dans la même affaire est l'ancien vice-président Mohamed Ali Soilih, en exil à Paris.
Le premier est pro-élection, le second soutient le boycott.
Azali Assoumani, actuellement président en exercice de l'Union africaine, a limogé début décembre un membre de la Cour suprême, Harimia Ahmed, qui présidait la section électorale. Contactée par l’AFP, l'ancienne avocate n'a pas souhaité "faire de commentaire".
Une figure controversée a émergé ces derniers jours. Mohamed Daoudou, ex-puissant ministre de l'Intérieur d’Azali de 2016 à 2021, leader du parti Orange. "Je propose aux quatre autres candidats de l'opposition de ne présenter qu'un candidat", a-t-il déclaré à l'AFP. "Procédons à un tirage au sort. Je suis prêt à mener campagne pour la personne qui sera retenue", a-t-il ajouté.
Le Mouvement Azali Nalawe (Azali dégage en langue nationale), soutenu par le parti Juwa de l'ex-président Sambi, a présenté ses candidats à presse. Salim Issa Abdillah vise la magistrature suprême. En bonnet traditionnel, veste noire sur un boubou blanc, il a affirmé la semaine dernière: "J'incarne le traitement médical dont a besoin ce pays", un clin d’œil à son métier de chirurgien orthopédiste.
Nadia Tourqui, experte en gouvernance, veut croire à la possibilité d'un second tour, arguant du "maigre bilan de ce pouvoir, la régression démocratique (...) et le rejet manifeste de la population". "A condition d'une élection libre, ouverte et transparente", ajoute-t-elle auprès de l'AFP.
"Partout où il y a des élections, on parle de fraude. Les Comores ne font pas exception", balaie Houmed Msaidie, directeur de campagne du président sortant. "Je suis très confiant que nous les remporterons. Nous mobilisons les Comoriens partout où nous nous rendons", ajoute-t-il.
© Agence France-Presse
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