L’annonce de l’ébauche d’un projet de loi visant à résoudre les problèmes de discrimination pour des raisons de genre a été très bien accueillie par la société civile, les féministes et les associations militant pour l’égalité des genres à Maurice. On salue le travail de la ministre de l’Égalité des genres, Kalpana Koonjoo-Shah, surtout que les projets de loi en eux-mêmes sont jugés comme une progression notable.
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Anushka Virahsawmy : «Une décision courageuse»
Anushka Virahsawmy, directrice de l’association Gender Links, estime qu’une loi pour l’égalité des genres à Maurice est « long overdue ». Elle ajoute que le gouvernement a adopté la bonne approche en parlant de la promotion de l’égalité des genres et de l’élimination des discriminations basées sur le sexe d’une personne. « Je félicite cette démarche qui amènera une certaine positivité. Nous allons dans la bonne direction », explique Anushka Virahsawmy. Elle estime cependant qu’il faudrait davantage de réflexion sur les droits des LGBT. « Il n’y a pas de lois pour les transgenres ; ils sont très discriminés. De nos jours, quand on parle de genre, il n’y a pas que l’homme et la femme », plaide la directrice de Gender Links.
Il y a, selon elle, quelques add-ons et améliorations à apporter à ce projet de loi. Avishka Virahsawmy félicite, au passage, le courage de la ministre de l’Égalité des genres, Kalpana Koonjoo-Shah, qui, selon elle, a montré qu’elle tenait parole. Nous avons eu pas mal de communication avec le ministère de l’Égalité des genres et nous avons travaillé d’un commun accord pour l’élaboration d’une loi. La décision du Conseil des ministres est la preuve de la volonté du gouvernement de respecter les femmes et les enfants. « La ministre s’est montrée très courageuse avec des projets de loi que ses prédécesseurs ont hésité à présenter, comme c’est le cas avec le Children’s Bill. Elle comprend que, pour mener à bien les combats, les paroles ne suffisent pas, il faut passer à l’action et aller de l’avant avec des projets », affirme la directrice de Gender Links. « Maintenant, il faudrait se pencher sur la prochaine étape. La présentation d’un projet de loi est une chose, il y a ensuite le vote au Parlement, mais ce qui est le plus important est de mettre un mécanisme qui fonctionne afin d’appliquer cette loi », soutient-elle.
Marie Noëlle Elissac Foy : «Un signe positif»
Marie Noëlle Elissac Foy, féministe et membre de l’association Linion Fam, qui milite contre la violence à l’encontre des femmes, estime que ce projet de loi est un pas en avant. « Le respect de l’égalité des genres est le premier pas vers une société prospère », explique Marie Noëlle Elissac Foy. Elle ajoute que c’est un signe positif pour un gouvernement en début de mandat et pour la ministre de l’Égalité des genres de venir de l’avant avec deux projets de loi attendus depuis longtemps : le projet de loi sur l’égalité des genres et le Children’s Bill. « Pour une croissance durable, la question de l’égalité des genres est essentielle. Les femmes constituent plus de la moitié de la force économique du pays, les femmes ont aussi des idées innovatrices et nous faisons très bien académiquement. Malheureusement, nous vivons dans une société patriarcale. La vraie valeur des femmes n’est pas reconnue et nous ne pouvons exercer au maximum de nos capacités. Il était temps de cesser avec ces discriminations. J’accueille ce projet de loi avec la plus grande satisfaction », explique la féministe. Elle ajoute que les femmes ne peuvent jusqu’à présent que compter sur la bonne volonté de certaines personnes, par exemple les patrons, et c’est encore le cas en politique. « Ce sera maintenant un grand pas en avant », conclut-elle.
Un Gender Equality Bill pour atteindre la parité homme/femme
Le Gender Equality Bill avance pas à pas. Annoncé timidement en 2019, les contours du texte de loi préparé par le ministère de l’Égalité du genre avec l’assistance de l’Union européenne seront envoyés au Bureau de l’Attorney General pour y être drafté et rédigé sous forme de texte de loi.
Examiné par le Conseil des ministres lors de sa réunion de vendredi, les grandes lignes ont reçu le feu vert pour passer à l’étape supérieure. L’objectif est de pouvoir introduire et faire adopter le projet de loi cette année-ci.
L’intention est de renforcer les droits de la femme sur son lieu de travail, mais aussi dans sa vie privée. Et pour ce faire, il faut abolir les inégalités existant entre hommes et femmes.
Plus précisément, le Gender Equality Bill devra « promouvoir, protéger et réguler l’égalité des genres dans les sphères publiques et privées ». Dans ce but, il faudra « éliminer la discrimination basée sur le genre, s’assurer que les droits humains des hommes et des femmes soient garantis et présents dans la législation existante et proposée afin de parvenir à une égalité des genres ».
L’autre point cardinal du texte de loi consiste à « procurer des opportunités égales pour les hommes et les femmes et créer des responsabilités dans toutes les entités, privées et publiques, pour éliminer les barrières qui mènent vers la discrimination du genre et promouvoir l’égalité et une parité du genre dans les rôles au sein de la famille, du travail, de soins non-rémunérés et de l’emploi pour hommes et femmes ». Les implications du texte seront donc très larges et toucheront le cœur même du fonctionnement de la cellule familiale.
Il est à noter qu’il existe encore toujours des inégalités criantes dans certains secteurs. Au niveau du secteur privé, par exemple, elles ne sont que 7 % de femmes à occuper une responsabilité de Chief Executive. Elles sont également largement sous-représentées dans les conseils d’administration où, également, elles ne constituent que 7 % des membres de Boards. à titre de comparaison, en 2015, la Norvège (40,1 %), la Suède (33,7 %) et la France (33,5 %) avaient les pourcentages les plus élevés de femmes au sein des conseils d’administration.
Pour ce qui est de la représentativité des femmes en politique, Maurice est un des pires élèves du continent africain. Les élections générales de novembre dernier illustrent bien ce propos. Les trois principales formations politiques n’ont, chacune, présenté que 12 femmes sur 60 candidats. Au total, les femmes n’ont représenté que 20 % des candidats.
Actuellement, le Conseil des ministres ne compte que trois femmes (Kalpana Koonjoo-Shah, Leela Devi Dookun-Luchoomun et Fazila Jeewa-Daureeawoo). Le chômage reste également plus élevé pour les femmes (10,6 % en 2017). En revanche, leur participation a grandement augmenté dans la vie active pour atteindre les 46 % l’année dernière.
Femmes dans des positions de responsabilité dans le secteur public fin 2017 | |
---|---|
Senior Chief Executive | 50 % |
Secrétaires permanents | 38,9 % |
Secrétaires permanents adjoints | 48,1 % |
Juges | 50 % |
Magistrats | 70 % |
Femmes au sein des « Boards » | 7 % |
Femmes dans des postes à haute responsabilité dans le secteur privé | 7 % |
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