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Preetam Dussoye, magicien : «Pratiquer la magie noire, c’est passer dans le monde des mystères»

Entre le monde merveilleux, destiné à nous en mettre plein la vue, et celui du mystère, Preetam Dussoye peut affirmer qu’il est aussi un sorcier. Rencontre.

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Un magicien peut-il s’adonner à la magie noire ?
Absolument. Pratiquer la magie noire, c’est passer de l’autre côté de la barrière, dans le monde des mystères et cela peut être un chemin de non-retour, car on ne sait pas ce qui nous attend là-bas. Dans certains pays, il existe la pratique de l’ensorcellement par le vaudou, à partir d’un cheveu de la victime. Dans le rituel vaudou, le cheveu est le microcosme qui conduit vers le macrocosme, qui est l’individu. Je préfère l’hypnose.

Est-ce qu’on arrive aux mêmes résultats ?
Il faudrait d’abord identifier le mal dont souffre le client. Il croit parfois qu’il est possédé par un mauvais esprit ou que quelqu’un lui fait du mal à travers la sorcellerie. C’est là où interviennent les traiteurs. Moi, je pratique l’hypnose pour que le client me livre, sans utilisation de la force, ses pensées refoulées au plus profond de lui-même.

Peut-on faire ce qu’on veut à une personne en état d’hypnose ?
Non. Parce malgré l’état d’induction dans laquelle se trouve la personne hypnotisée, celle-ci conserve encore une parcelle de conscience. Par exemple, il n’ira pas se jeter par la fenêtre ou se dénuder à la demande de l’hypnotiseur. On sait depuis des années que l’hypnose est très utilisée pour soulager le stress et l’anxiété. La technique de l’hypnose est souvent utilisée, en complément de leurs traitements, par des psychiatres, des sages-femmes, des anesthésistes, des médecins généralistes et des infirmiers. C’est une technique non médicamenteuse de plus en plus utilisée dans le milieu de la santé.

Êtes-vous un sorcier ?
Je le suis, comme ceux qui ont existé à travers les âges, au sein de certaines civilisations, dont les peuples amérindiens, en Asie centrale, où ils sont associés aux chamans. Ces derniers sont en communication avec les esprits, les mondes. On sait, depuis toujours, que les esprits hantent le monde des vivants. Certaines personnes pensent que ceux qu’on appelle les traiteurs font appel aux personnes décédées pour les envoûtements. Pour ma part, j’ai recours à l’hypnose.

Comment devient-on magicien ?
Je ne peux parler que pour moi. Il m’est arrivé des situations, des circonstances qui m’ont dirigé vers des gens qui m’ont orienté vers la magie, alors que moi, j’allais vers d’autres lieux. Tout me paraît prédestiné, comme une force impalpable était au-dessus de moi. À partir de là, j’ai compris que la magie était ma vocation. J’ai tout fait pour développer mes facultés, avec les frais qui vont avec, dont l’achat des livres et des stages par correspondance. Une chose m’est apparue évidente : à aucun moment, je n’ai eu le sentiment de m’être trompé de vocation. Au contraire, tout me réconfortait dans mon choix.

Vous est-il arrivé des expériences extraordinaires dans votre carrière ?
Oui, mais je ne peux en parler, parce qu’il impliquerait des personnes qui se reconnaîtront et qui ne seront pas contentes. En revanche, je peux parler du cas d’une adolescente qui était dans le coma et dont la famille m’avait demandé d’essayer de communiquer avec elle durant son hospitalisation. En la présence de son médecin, j’ai pu lui parler, mais c’était très laborieux. Après chaque conversation, j’allais transmettre la teneur de la conversation à la famille. Après ces séances, je n’ai plus eu de contacts avec elle. Plus tard, j’ai appris que la fille était sortie de son coma.

Est-ce que tout est vrai dans la magie ?
Un spectacle se compose d’une variété de tours. Certains sont communs, d’autres apparaissent plus complexes, comme lors d’une lévitation.

Comment est-ce possible ?
Le corps est en état de catalepsie, grâce à une suggestion, sous hypnose, par exemple. On peut, à ce moment-là, lâcher un « brick » sur lui, il ne ressentira rien.

On voit souvent le magicien assisté d’une jeune femme qui exécute ses ordres. A-t-il besoin d’un assistant ?
Les grands magiciens qui montent des spectacles laborieux sont assistés par plusieurs autres magiciens qui organisent chacun son tour. Puis, il y a toujours presque une dizaine de personnes assises au premier rang de l’assistance et qui font partie du cercle du magicien.

À quoi servent-ils ?
Je ne peux pas vous le révéler, elles ont des fonctions précises.

L’ambassadeur mauricien de la magie

À son domicile, à Eau-Coulée, Preetam Dussoye est resté le même, tel que la presse l’a connu vers la fin des années 70, où certains se plaisaient à exacerber une rivalité fictive entre lui et Ustad Rajah (Goorooduth Chuttoo), qui était policier. « Il n’y a jamais eu de rivalité ni de défis lancés », raconte-t-il.

« Je vis de la magie depuis plus de 30 ans. C’est toujours mon seul gagne-pain, depuis que j’ai commencé à apprendre les tours de magie », ajoute-t-il.

C’est au collège Imperial, où il est étudiant, qu’il contracte le virus de la magie auprès d’un autre étudiant. Plus tard, il accompagne ses parents aux cirques en tournée dans l’île : The Great Circus of Brazilia, The Great Circus Of India. Les magiciens K-Lal et John Calvert le fascinent.

« Un jour, un magicien m’a invité à l’hôtel Riverside. Je lui ai montré ce que je savais faire et, à son tour, il m’a livré quelques secrets de magie », explique-t-il. À 17 ans, à l’hôtel de ville de Curepipe, il livre son premier tour devant une assistance, où se trouve aussi sir Seewoosagur Ramgoolam.

Après le collège, il va travailler à l’usine, où il perdra son emploi après une grève qui tourne mal. Il prend la décision d’être magicien. Il apprend alors les tours de magie à travers des livres qui lui coûtent une fortune. L’initiation acquise, il réussit à décrocher des contrats auprès du ministère de l’Éducation pour donner des spectacles dans les écoles.

« Le ministre d’alors, sir Kher Jagatsing, voulait que l’éducation comporte aussi un volet artistique. Les ministres qui le suivront Ramdath Jaddoo et Armoogum Parsuraman seront du même avis, et cela m’a valu beaucoup de succès. Par la suite, on a interdit la magie dans les écoles », relate-t-il. 

Parallèlement à ses tours de magie, Preetam étudie l’hypnose, la magie, la sorcellerie, la télépathie, la méditation transcendantale. En fait, il s’intéresse à tout ce qui relève du monde parallèle et de la part du mystère chez l’humain.

Aujourd’hui, membre de nombreuses organisations internationales regroupant les magiciens, Preetam Dussoye a acquis une réputation qui lui vaut d’être l’ambassadeur mauricien de la magie.

« Je reviens de l’État de Telengana, où s’était tenue la Choomantar Magicians Convention. J’y suis allé comme invité grâce au sponsoring du ministère des Arts et de la Culture. Cette reconnaissance de l’État mauricien me réconforte dans mon projet de monter une association des magiciens mauriciens, qui pourra se faire connaître dans les conventions internationales », dit-il.

 

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