À 27 ans, Maryline, mère de trois enfants, peine à joindre les deux bouts. Avec un salaire de Rs 250 par semaine, et un mari en prison, la vie ne lui fait pas de cadeau. Depuis quelques mois, elle se retrouve obligée de se rendre dans les rues pour demander de l’aide.
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« J’ai beaucoup travaillé dans ma vie. Ce sont les circonstances de la vie qui ont fait que je me suis retrouvée dans une telle situation ».
C’est dans les rues de Rose-Hill que nous avons rencontré Maryline. Il est midi. À ses côtés, dans une poussette, une petite de 3 ans lui réclame avec insistance de quoi manger. La mère lui demande de patienter. L’enfant commence à pleurer. Elle a très faim. Un homme s’approche pour savoir comment il peut aider. Maryline lui demande d’offrir ce qu’il peut, soit quelques roupies pour qu’elle puisse acheter un sachet de lait ou quelque chose à manger pour soulager son enfant.
Lorsque nous l’approchons, elle n’hésite pas à nous parler. Elle relate qu’elle vit en ce moment une période très difficile. « Mon mari est en prison depuis sept mois. Auparavant, je travaillais sans relâche. J’étais régulière et j’avais un salaire décent. Quand je finissais un peu tard, il était là pour s’occuper des enfants. Depuis qu’il est incarcéré, j’ai commencé à m’absenter fréquemment et finalement, j’ai dû cesser de travailler. Depuis, c’est la galère. »
Ses enfants sont âgés de 12, 8 et 3 ans. Les deux aînés sont scolarisés, tandis que la dernière prendra le chemin de l’école à partir du mois de juin. Elle passe ses journées avec sa maman. Cette dernière est triste de cette situation, mais elle explique qu’elle n’a pas le choix. Cependant, elle précise qu’elle ne se rend dans les rues pour quémander que lorsque c’est nécessaire. « Je dois dire que nous avons la chance de recevoir beaucoup d’aide. Nous obtenons de l’aide des voisins et aussi de quelques autres personnes dans la région. Ils nous donnent régulièrement de quoi manger », confie-t-elle. Elle ajoute qu’elle bénéficie également d’une aide sociale de Rs 3 100. « Vous comprenez que cet argent n’est malheureusement pas suffisant pour une famille de quatre personnes. » dit-elle.
Ainsi, son objectif chaque jour est de s’assurer que les enfants aient de quoi se mettre sous la dent en rentrant de l’école, le soir, et surtout pour se rendre à l’école le lendemain matin. « Zame mo pa les mo zanfan al lekol san manze. Mo prefer pa manze si bizin me mo donn zot seki ena. Si pena mo rod kot dimoun ». Elle poursuit qu’elle fait de son mieux pour que les enfants ne manquent de rien. « Je tiens à ce qu’ils aillent à l’école et à ce qu’ils fassent leurs devoirs. Même sans électricité à la maison, nous arrivons à nous débrouiller », avance Maryline.
« Elle concède que les moments les plus difficiles sont ceux qu’elle passe dans la rue. Selon elle, les gens sont parfois très méchants et certains hommes ne manquent pas de lui faire des propositions très indécentes. »
La famille habite dans une maisonnette à Plaisance, Rose-Hill, qui a appartenu à la grand-mère de Maryline. « Mo ena lasans mo pa bizin loue lakaz », se réjouit-elle. Cependant, il n’y a que le strict nécessaire. Elle raconte qu’elle doit souvent se rendre chez sa belle-sœur avec ses enfants pour que ces derniers puissent compléter leurs devoirs. « Sinon, parfois, j’achète des petites lampes LED avec des piles quand on a un peu d’argent. Heureusement que les enfants ne se plaignent jamais de ce que je peux leur offrir. »
Elle concède que les moments les plus difficiles sont ceux qu’elle passe dans la rue. Selon elle, les gens sont parfois très méchants et certains hommes ne manquent pas de lui faire des propositions très indécentes. « Une fois, un monsieur m’a proposé Rs 50 pour avoir des relations sexuelles avec lui. J’ai refusé et il m’a injuriée. Une autre fois, un homme m’a demandé de le suivre chez lui. Il m’a dit qu’il me donnerait une somme de Rs 200. Quand je lui ai demandé ce qu’il y avait à faire chez lui, il m’a regardée de la tête aux pieds, en me disant ‘To pa kone twa’. Il m’a alors lancé que si je le laissais faire ce qu’il veut avec moi, il me donnerait des provisions d’une valeur de Rs 200 car il n’était pas sûr d’avoir cette somme. Une fois de plus j’ai refusé, car ce ne sont pas des choses que je souhaite faire. Je suis peut-être pauvre, mais j’ai ma dignité. Je ne vendrais pas mon corps ». Elle affirme qu’elle a extrêmement honte de se retrouver dans la rue. Les injures et le regard des gens pèsent lourd, selon elle.
À la recherche d’un emploi
Maryline tient à préciser à qui veut l’entendre qu’elle n’est pas une paresseuse. Elle estime que les gens ont beaucoup de préjugés sur les personnes dans sa situation. « Zot net dir ki nou pares nou pa kontan travay ». Elle assure que ce n’est pas son cas. « J’ai beaucoup travaillé dans ma vie. Ce sont les circonstances de la vie qui ont fait que je me suis retrouvée dans une telle situation ».
Elle a d’ailleurs pu obtenir un petit boulot, mais c’est loin d’être suffisant. « Je travaille deux fois par semaine pour Rs 125 par jour. Je suis bien sûr reconnaissante à cette personne pour ce boulot. Elle me donne aussi régulièrement quelques provisions ou des plats de son frigo. Cependant, je voudrais avoir un emploi qui puisse me permettre de joindre les deux bouts ». Elle indique qu’elle aime particulièrement faire la cuisine, donc un emploi comme aide-cuisinière dans un snack ou un restaurant serait l’idéal pour elle. Pour Maryline, il est important de faire des efforts pour avancer dans la vie.
Toute personne qui souhaiterait lui venir en aide peut la contacter au 5743 3629.
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