Faits Divers

Pour se venger d’un policier: Ridwaan invente un kidnapping

Le jeune homme avait déclaré avoir été enlevé le dimanche 17 avril à Bell-Village.
Il est dans de beaux draps. Ridwaan O., 19 ans, est vite passé du statut de victime à celui d’accusé dans une affaire d’enlèvement, après une enquête poussée de la CID de Port-Louis Sud. Peu avant, Ridwaan avait allégué avoir été enlevé, séquestré et agressé par un policier et sa bande. Au terme de leur enquête lundi, les policiers opérant sous la supervision des inspecteurs Poorecelan, Goolap et du sergent Dassaye, sont arrivés à la conclusion que les dires de Ridwaan n’étaient que pure fabrication. Pour le démasquer, les policiers se sont appuyés sur divers témoignages et des enregistrements de vidéosurveillance. Une charge de « false and malicious denonciation in writing » devrait être retenue contre le jeune homme. La mise en scène de Ridwaan commence dans l’après-midi du dimanche 17 avril dernier. Ce jour-là, il téléphone à sa mère et son oncle. D’une voix désespérée, il affirme avoir été enlevé par un policier répondant au nom d’Iftekar et sa bande. Il raconte qu’il a été agressé. À ses proches, Ridwaan relate qu’il marchait à Bell-Village lorsqu’il a été enlevé et embarqué dans une fourgonnette. Ensuite, il a déclaré aux journalistes que le policier qu’il avait incriminé « inn bat mwa ar laraz, koudpwin, kout matrak. Linn pik mwa dan mo vant, ek linn bat mwa lor mo figir. Mo dir li aret taper, li dir mwa bliye si pa to pou rant to lakaz ». Ridwaan a précisé qu’il a été conduit dans une maison abandonnée à Flic-en-Flac. Sur place, dit-il, ses agresseurs l’ont réduit à l’impuissance. « Deux personnes m’ont ligoté à une chaise. Zonn fer moi asiz zis lor feray-la. Zot ti atas mo lerin ek lakord et zonn blok lakord-la ek beton. » Alertée, la police avait procédé, le même jour, à l’arrestation du policier Iftekar. Ce dernier devait nier toute implication dans cette affaire.

Vidéosurveillance

Finalement, lundi après-midi, Ridwaan apparaît au poste de police de Petite-Rivière, avec du scotch aux pieds et aux mains. Il soutient que ses ravisseurs l’ont libéré et abandonné dans la région. Il a été transféré à l’hôpital pour des soins. De son côté, le policier Iftekar a passé trois nuits à Alcatraz où il était en détention préventive. Une accusation provisoire d’enlèvement a été retenue contre lui. Cependant, au fur et à mesure que progressait l’enquête, les limiers de la police criminelle ont commencé à avoir des doutes sur les dires de Ridwaan. En effet, ils constatent que les images des caméras de vidéosurveillance installées à sa demeure montrent que Ridwaan était chez lui, à Camp-Chapelon, à l’heure où il dit avoir été enlevé à Bell-Village. De plus, grâce à leurs informateurs, les enquêteurs apprennent que le jeune homme a été aperçu non loin d’un pensionnat dans la région de Petit-Rivière le jour de son prétendu enlèvement. Pour y voir plus clair, les hommes du sergent Dassaye se rendent à ce pensionnat. Sur place, ils visionnent les enregistrements de vidéosurveillance pour les journées de dimanche et de lundi. Leurs doutes se sont vite confirmés. Les enregistrements montrent que Ridwaan se trouvait dans l’enceinte de l’établissement à l’heure où il allègue avoir été enlevé. De plus, le lundi après-midi, le jour « de sa libération par ses ravisseurs », le jeune homme est aperçu quittant les lieux avec du scotch aux mains et aux pieds. Questionné par la police sur la présence du scotch, le propriétaire du pensionnat a laissé entendre qu’il croyait que c’était une nouvelle tendance chez les jeunes. Le gérant a précisé que Ridwaan a séjourné seul dans son établissement.

Suspension

Ridwaan a été convoqué aux Casernes centrales. Dans un premier temps, il a été confronté aux vidéos prouvant qu’il était chez lui au moment des faits supposés. Malgré tout, le jeune homme a soutenu qu’il a fait une erreur sur l’heure et a maintenu qu’« il a bel et bien été kidnappé, torturé et séquestré ». Cependant, il ignorait que la police avait aussi en sa possession les enregistrements du pensionnat. Confronté à ceux-là, il a fini par avouer que c’est bien lui que l’on voyait sur les vidéos. Interrogé sur le motif de son mensonge, Ridwaan a expliqué qu’il n’est pas en bons termes avec le policier Iftekar. Dans le passé, ce dernier l’a verbalisé, notamment pour « bearing offensive weapon ». Une affaire que confirme le père de Ridwaan. « Sa de la, zot pa byen ar zot prosen. » Toutefois, le père de Ridwaan dit ignorer que son fils mentait. « Nous n’étions au courant de rien. Nous avons été traumatisés. Je l’ai cherché partout quand j’ai appris que mon fils s’est fait enlever. J’ai même endommagé ma voiture ce faisant », nous raconte le père du jeune homme. À cause de cette histoire, le policier Iftekar a été interdit de service. Il confie que cette affaire « a perturbé sa vie professionnelle et familiale. »
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