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Portraits de huit femmes extra ordinaires

Nous célébrons la Femme tous les 8 mars. Souvent, des noms connus font l’actualité. Une fois n’est pas coutume, nous avons choisi de mettre en lumière huit Mauriciennes, peu ou pas connues, au courage et à la détermination  exceptionnelles.

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Parween aux doigts de fée

Elle a des mains de fée. Pas pour être belle jusqu’au bout des ongles, mais pour donner vie au bois, qu’elle rabote, polit et vernit. Un domaine où elle excelle. Il y a quatre ans, après plusieurs formations et au chômage, Parween va chercher du boulot dans l’atelier de menuiserie qui jouxte sa maison. « Quand on est au chômage, on ne peut faire la difficile. » C’est ainsi qu’elle apprend à démonter et assembler des meubles. Aujourd’hui, elle laisse libre cours à sa créativité pour fabriquer des meubles que lui commandent des magasins. Elle crée aussi des objets décoratifs et des souvenirs artisanaux. Avec son époux, ils ont fait de la menuiserie leur gagne-pain. Un métier dont elle parle avec fierté !

Sheela Beejayenath à la pêche

Il est 6 heures du matin. Nous allons à la rencontre de Sheela Beeyajenath sur la plage publique d’Albion. À 55 ans, cette mère de quatre enfants et grand-mère de quatre petits-enfants vient tous les matins pour pêcher. Un métier appris de son mari. « Auparavant, je travaillais comme bonne, puis un jour la personne qui aidait mon mari n’est pas venue et j’ai dû l’accompagner. C’est sur le tas que j’ai appris la pêche à la ligne. Aujourd’hui, j’arrive à me débrouiller. » Cette femme pêcheur au sourire rayonnant explique que c’est ainsi qu’elle a pu apporter un plus à sa famille et construire leur maison. « Je suis de retour vers 11 h 30 tous les jours et quand la moisson est bonne, je peux vendre entre 10 et 15 livres
de poisson. »

Infatigable : Vidwantee Beeharee

Elle fait partie du décor du village Le Morne. Celle que tout le monde appelle Madame Shiv a 80 ans. Elle a cinq enfants, douze petits enfants et huit arrière-petits-enfants. Ce n’est pas sa grande famille qui fait sa renommée mais le nombre d’années de sa vie active. Femme laboureur, elle a travaillé dans des champs de cannes, à nettoyer les bordures de route, à planter. « Nou ti bien mizer, confie Madame Shiv, ti bizin trase pou manze. » Il ne faut pas se fier à son apparence frêle car aujourd’hui encore, elle plante et vend des limons qu’elle a ramenés de Rodrigues, il y a 20 ans, pour joindre les deux bouts. Son panier aux reins ou sur la tête, quand elle n’est pas à la foire de Quatre-Bornes, elle sillonne le village après la récolte.

Véronique Olivier, une mère…veille !

Elle avait des rêves, des projets, une carrière. Elle a tout abandonné. Véronique, 38 ans, est mère de deux enfants dont l’aîné souffre d’une maladie très rare connue comme le syndrome de Cornelia de Lange. à l’âge de 23 ans, peu avant l’accouchement, lorsqu’elle apprend que son fils risque de naître avec une malformation, elle décide de cesser de travailler pour s’occuper de son bébé même si l’espérance de vie est courte, selon les médecins.

Aujourd’hui, son fils Doven a 15 ans mais il ressemble à un enfant de cinq ans qui demande une attention de tous les instants. « Je rêvais de devenir styliste car j’ai toujours aimé dessiner des vêtements. Actuellement, je travaille comme bonne chez trois familles à des heures irrégulières qui correspondent à l’emploi du temps de mon fils. Je multiplie les petits boulots pour subvenir aux besoins de la famille. »

Cette mère courage se bat également au quotidien contre les préjugés et les remarques désagréables envers son enfant. « Les gens se moquent souvent de lui ou s’éloignent de peur que ce soit une maladie contagieuse. En tant que maman, je souffre mais devant mon fils, je reste une femme forte et souriante. Je suis là pour le protéger. Je sais aussi me faire toute petite, je plonge dans son monde pour essayer de le comprendre et je le couve d’amour… »

Aurélie Boucherville : persévérance et compassion

À 27 ans, Aurélie est une belle jeune femme. Cependant, la vie ne lui a pas fait des cadeaux. En internat à l’hôpital de Candos où nous l’avons rencontrée, l’attention qu’elle porte aux patients force l’admiration. Pourtant, derrière tant de compassion se cache une histoire poignante.

à neuf ans, elle parle déjà de son désir de devenir médecin. C’est tout juste après le décès d’un grand-père qu’elle chérissait. « On m’a dit qu’il est mort parce qu’il était malade (il avait un cancer) et j’ai répondu que je deviendrai médecin pour soigner les personnes malades. » Au fil des années, elle persiste dans cette voie.

Son père, chauffeur, et sa mère, qui travaillait dans une école maternelle, se sacrifient pour prendre un emprunt afin de lui payer des études de médecine en Chine. Le malheur frappe à nouveau. Sa maman est atteinte d’un cancer et les moyens manquent pour continuer à financer les études d’Aurélie. Et pour cause : une séance de chimiothérapie pour sa mère coûte Rs 11 000.

Aurélie rentre au pays et s’adresse à la Fondation GML qui accepte de financer ses trois dernières années d’études. Entre-temps, sa mère décède mais Aurélie ne peut assister aux funérailles car cela se passe en février 2015 alors qu’elle entame la dernière ligne droite de ses examens en médecine. Aurélie accuse le coup mais aujourd’hui ses efforts ont fini par payer.

Vanida Mootoosamy, de femme battue à battante

Qui peut mieux parler des conséquences de la violence domestique et des moyens de s’en sortir que Vanida ? Elles sont beaucoup de femmes à avoir été battues, direz-vous. Et qu’est-ce qui fait de Vanida une femme exceptionnelle ? Elle a tout simplement refusé de demeurer victime d’une relation violente « Il est tellement plus facile de subir les coups en silence et de s’éteindre alors que se mettre debout et se battre demande beaucoup de courage. » Et du courage, elle en a eu.  Vanida dédie sa réussite à ses parents et à Gender Links où elle est mentor. Cette jeune femme de 31 ans est aujourd’hui entrepreneur. Elle a fondé Cerise Cards qui confectionne des cartes pour toutes les occasions. Son message pour les autres femmes : « Nou destin dan nou lame. Bizin oze ! »

Isabelle Jean ou l’envie de réussir

À 18 ans, elle sait ce qu’elle veut. Orpheline, Isabelle Jean avait été placée dans un shelter avec son petit frère et sa sœur alors qu’elle n’avait que quatre ans. Deux ans plus tard, c’est SOS Village qui l’accueille. Elle y reste jusqu’à ses 18 ans. Aujourd’hui, elle s’exprime avec une aisance déconcertante. Ni peur ni honte de parler de son passé ! Au contraire, elle met tout ce qu’elle a appris en pratique afin de réussir dans la vie.

« J’ai toujours souhaité travailler dans la cuisine ou sur un bateau de croisière. » Elle a réalisé son rêve : elle est employée au Club Med d’Albion. Isabelle n’est pas de celles qui attendent que la chance frappe à leur porte. Elle est une battante et de par sa détermination, elle inspire d’autres jeunes femmes.

Kim : tout pour les toutous

Certains la traitent de folle. D’autres ne comprennent pas comment une jeune femme de 25 ans, qui a fait des études en communication, se consacre aux chiens errants. Mais pour Krishma Goolaub, alias Kim, son amour pour ces animaux n’a pas de limites. Quand on lui parle de cette passion, tantôt ses yeux brillent, tantôt ils sont remplis de larmes. Elle accueille des chiens errants à son domicile et peut en parler pendant des heures « Depuis toute petite, je m’intéresse à eux car nous habitons tout près d’un terrain agricole et les gens viennent souvent y abandonner leurs animaux. »

Malgré la désapprobation de ses parents, elle abrite 11 chiens chez elle qui attendent d’être adoptés. « Je suis triste de voir à quel point ces animaux souffrent et c’est notre faute à nous les humains », affirme la jeune militante qui a décidé de rejoindre l’organisation non gouvernementale CLAWS – Adopt-Save a life.

 

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