Politique : opposer coûte que coûte à l’unisson

L’opposition parlementaire tente de mettre de côté ses divergences et de s’unifier pour tenter d’ébranler le gouvernement. Pour cela, le Part travailliste et le Mouvement militant mauricien et le Parti mauricien social-démocrate sont d’avis qu’il leur faut avaler des couleuvres, aussi grosses soient-elles, pour y parvenir.

Les choses évoluent rapidement dans la sphère politique en ce début de 2020. Plus précisément pour les partis de l’opposition. Les propos de Paul Bérenger et de Navin Ramgoolam, leader du MMM et du Parti travailliste respectivement, sur de fréquentes rencontres entre voisins pour dégager une stratégie, afin d’unifier toute l’opposition a fait son bonhomme de chemin.

Depuis qu’une ligne de communication a été ouverte en fin d’année 2019 entre les deux hommes, les discussions sont devenues régulières. Le principal objectif serait de dégager une stratégie payante, afin de mieux acculer le gouvernement pendant les séances parlementaires et sur le terrain.

Une stratégie qui passe inlassablement par une unification des quatre partis composant l’opposition. Les relations entre le MMM et le PTr semblent être au beau fixe. Reste la situation entre le MMM et le PMSD. C’est connu que les deux partis politiques n’ont presque jamais été en bons termes, ni leurs deux leaders. On se souvient des propos de Xavier-Luc Duval, leader du PMSD, à l’encontre de Paul Bérenger pendant la campagne électorale. Toutefois, avec l’intermédiaire travailliste, il semblerait que le relationnel entre les mauves et les bleus semblent se décanter. Ils seraient revenus à de meilleurs sentiments.

Écoles de pensée

Les propos de Paul Bérenger pendant son discours de fin d’année, qui a encensé le PMSD, a eu son petit effet sur la base bleue. « Cela fait chaud au cœur que le leader des mauves reconnaît enfin l’apport historique du PMSD dans l’histoire du pays. Le seul fait qu’il reconnaisse que le PMSD a agi pour l’intérêt du pays en démissionnant du gouvernement pour sauver notre système judiciaire face au projet de Prosecution Commission est un pas en avant », explique un Bleu.

Il explique que l’idée d’unifier l’opposition n’est pas si mauvaise que cela, car « il faut qu’on soit solidaire pour le bien de la population ». De ce fait, la possibilité d’une rencontre entre Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval n’est pas à écarter.

L’autre école de pensée au sein des Bleus trouve qu’une alliance avec le MMM serait trop contre nature. Il nous explique qu’il attend le retour de Xavier-Luc Duval au pays et la prochaine réunion du bureau politique pour entendre les réflexions du leader.

Alliance Bleu-Rouge-Mauve

Des rumeurs persistantes ? Bien plus qu’une rumeur indiquent certains. En cas d’alliance Bleu-Rouge-Mauve, il se pourrait bien qu’il y ait une nouvelle configuration de l’opposition à l’Assemblée nationale à la rentrée parlementaire, du moins si la décision de boycotter cette rentrée est rejetée.

Selon nos sources, la possibilité que le poste de leader de l’opposition soit confié à Paul Bérenger comme preuve de bonne foi de la part du PTr et du PMSD est mentionnée avec insistance. D’autre part, les pro-Ramgoolam y voient une stratégie pour écarter la menace Arvin Boolell au leadership du parti. Au sein du PMSD, certains expliquent que cette configuration est tout à fait possible et censée.

Arvin Boolell : « Je ne réagirais pas sur la base de rumeurs »

Nous avons contacté Arvin Boolell, actuel leader de l’opposition, sur ces rumeurs persistantes. Il nous explique qu’il ne va pas les commenter. Car il n’y a rien d’officiel, ces spéculations peuvent être lancées par n’importe qui avec un agenda politique propre à lui. Il nous confie aussi qu’il a eu plusieurs réunions avec Navin Ramgoolam et que cette possibilité n’a pas été envisagée ni même mentionnée.

Les leaders face à leur bureau politique

Les trois partis de l’opposition, ayant une structure, seront devant leurs bureaux exécutifs cette semaine pour relayer les récents développements. Le MMM, qui a repoussé la rencontre de son bureau politique, ce lundi 13 janvier, en l’absence de ses cadres, la semaine dernière, devrait annoncer la couleur sur plusieurs questions. En premier lieu, le projet de boycotter la rentrée parlementaire et l’unification de l’opposition. La première réunion du bureau politique rouge se tiendra le 16 janvier. Le PMSD attendra le retour de ses cadres à Maurice pour fixer une date pour sa prochaine réunion.

Le discours-programme : la priorité du gouvernement

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, se trouve à Londres pour une séance de travail avec le Lead Counsel du dossier Chagos, Me Philippe Sands, avant une possible rencontre avec son homologue britannique Borris Johnson. Malgré tout, les élus de la majorité mettent les bouchées doubles pour compléter une ébauche du discours-programme dans le plus bref délai. Les priorités restent l’économie, les infrastructures et le développement des secteurs en mauvaise situation, comme le textile ou le sucre. Il devrait aussi y avoir une importante section sur l’intégrité territoriale de Maurice et l’exploitation des ressources marines.