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Politique monétaire - taux d’intérêt : vers une hausse ou le statu quo? 

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Le Monetary Policy Committee, qui devait se réunir en avril, aura sa toute première rencontre de l’année dans les jours à venir. Les observateurs sont partagés sur la question de savoir s’il faut privilégier le combat contre l’inflation aux dépens de la croissance. 

Depuis fin décembre, la Banque de Maurice a laissé inchangé le Key Rate à 4,5 %, et ce malgré les pressions sur la roupie. Le taux de référence sera-t-il revu lors de la prochaine rencontre du comité de politique monétaire ? 

key rate

Pour Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC), le key rate devrait augmenter si l’on se base sur les tendances mondiales. En effet, au mois de mars, la Réserve fédérale des États-Unis (Fed) a augmenté ses taux – qui se situent désormais dans une fourchette de 4,75 % à 5 % -, cela « en anticipation d’une inflation un peu plus forte que prévu en 2023 et des turbulences bancaires susceptibles de peser sur l’économie ». De son côté, la Banque centrale européenne (BCE) a augmenté ses trois taux d’intérêt directeurs de 50 points de base car « l’inflation devrait rester trop forte pendant une trop longue période ». « Je ne crois pas que Maurice fera exception à la règle ! D’autant plus que l’objectif du key rate est de combattre l’inflation. Or, il faut que l’inflation baisse car c’est une forme de taxe qui pénalise les consommateurs. L’inflation a des conséquences plus néfastes que la hausse des intérêts », avance Suttyhudeo Tengur. 

Inflation élevée

D’un point de vue économique, poursuit le Dr Takesh Luckho, une hausse du key rate serait logique. Cependant, ajoute-t-il, le comité dispose de deux choix étant donné la conjoncture actuelle. « Les membres du comité peuvent soit maintenir le key rate ou l’augmenter, de l’ordre de 0,5 % ou 0,75 % », souligne l’économiste. Il fait ressortir que le comité prendra plusieurs facteurs en considération avant de trancher, notamment la conjoncture économique à Maurice et au niveau mondial ou encore la tendance concernant l’inflation. « À ce jour, l’inflation demeure élevée (Ndlr : le taux global est de 11,1 % en mars et le taux en glissement annuel est de 9,1 %). Cependant, la roupie a repris des forces après les sanctions imposées par la Banque de Maurice car il y a plus de devises disponibles sur le marché. Le dollar s’échange à Rs 45 contre Rs 46-Rs 47 encore récemment. Ce qui donne une certaine marge de manœuvre au comité pour prôner le statu quo, qui socialement parlant, serait une solution appropriée. Car une hausse des intérêts impactera négativement sur le coût de la vie », dit Takesh Luckho.  

Le key rate est passé de 2 % à 4,5 % en 2022.
Le key rate est passé de 2 % à 4,5 % en 2022.

En faveur d’une baisse des intérêts 

Du côté des opérateurs économiques, on se prononce pour une baisse des taux d’intérêt. « Nous nous attendons tous à une amélioration de la situation au niveau de l’inflation à Maurice et, par conséquent, à une baisse du key rate dans l’intérêt des entreprises et du pays », soutient l’industriel François de Grivel. Une baisse du taux d’intérêt sera, poursuit-il, un avantage pour les consommateurs et pour les entrepreneurs car l’argent coûtera moins cher. « A contrario, une augmentation du key rate serait plus grave dans une situation économique déjà difficile pour les Mauriciens et les entrepreneurs qui empruntent en banque », ajoute-t-il.

Hans Bhowaneedin, directeur de Fairy Group, abonde dans ce sens. « Depuis les deux confinements, beaucoup d’entrepreneurs se sont endettés pour payer les dépenses et aider à la survie de leurs compagnies. Une hausse des intérêts va nous asphyxier davantage alors qu’une baisse permettrait d’apporter un certain dynamisme dans l’économie », conclut notre interlocuteur. 

 

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