Le Premier ministre se dit déçu dans son summing-up que les membres de l’opposition se soient prononcés contre ce projet de loi. Pravind Jugnauth a affirmé mardi à l’Assemblée nationale qu’avec une telle loi, il y aura plus de transparence dans le financement des partis politiques.
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«Les membres de l’opposition n’ont aucun argument. Ils ont montré leur mauvaise foi et ont avancé des excuses ». C’est en ces termes que le Premier ministre a débuté son summing-up sur le projet de loi, le Political Financing Bill. Selon les dires de Pravind Jugnauth, les députés de la majorité ont avancé plusieurs raisons sur ce texte de loi pour qu’il soit adopté. Le chef du gouvernement a souligné à maintes reprises que « chacun devra assumer ses responsabilités » avant de répondre aux critiques émanant des membres de l’opposition.
Le Premier ministre a d’emblée donné la réplique au député du Parti travailliste, Ritesh Ramful : « Il est offusqué que nous ayons pris deux ans pour présenter ce projet de loi alors que son parti était au pouvoir pendant presque dix ans et n’a même pas présenté une ébauche ». Pravind Jugnauth s’est ensuite prononcé sur le Select Committee que réclament le Mouvement militant mauricien (MMM) et le Parti mauricien social-démocrate (PMSD). « À aucun moment, le MMM et le PMSD n’avaient évoqué un Select Committee lorsqu’ils réclamaient un tel projet de loi. C’est maintenant qu’ils évoquent cela. Qui plus est, le MMM propose que le Political Financing Bill soit adopté après les élections générales, mais je m’abstiendrai de tout commentaire ».
En ce qu’il s’agit du State Funding aux partis politiques, Pravind Jugnauth dit avoir noté un changement dans les propos du député du Mouvement Patriotique (MP) Alan Ganoo qui s’était prononcé contre au début mais a changé ses propos au fur et à mesure. « La majorité de la population est contre que l’argent des contribuables soit utilisé pour financer les partis politiques. » Il dit également prendre note des propos tenus par Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger sur l’élargissement des fonctions et des pouvoirs de l’Electoral Supervisory Commission et de l’Electoral Commissionner.
Selon ses propos, ce projet de loi vise une meilleure réglementation du financement des partis politiques en élargissant les pouvoirs. « Nous avons consulté les membres de la Commission et ce n’est pas approprié de dévoiler la teneur et les conclusions de cette consultation ».
Pravind Jugnauth trouve aussi « totalement incorrect » que certaines personnes veulent créer une perception que l’alliance MSM/ML aura une main mise. « C’est une mauvaise perception, car la loi sera appliquée pour tous les partis politiques ». Concernant le rôle des trésoriers dans ce nouveau texte de loi, le chef du gouvernement précise qu’il n’a reçu aucune contre-proposition en ce sens.
Financements anonymes
Le Premier ministre s’est également attardé sur les financements anonymes. « Il y aura davantage de transparence dans les comptes. Il faut interdire les financements anonymes, car certains anonymes peuvent financer jusqu’à un montant autorisé. C’est absurde, on n’aura aucun contrôle ». Il a aussi déploré des « insanités » qu’aurait avancés le chef de file du Parti travailliste dans son discours.
Pravind Jugnauth a conclu en exprimant sa « tristesse » que les membres de l’opposition ne votent pas ce texte de loi. « Le MMM a lutté pendant des années pour un tel projet de loi. Ce sera une occasion ratée pour ceux qui ne voteront pas. Le gouvernement a joué son rôle et chacun devra assumer ses responsabilités ».
Autres interventions
Ivan Collendavelloo, Premier ministre adjoint : «Finir avec les donations suspectes»
Le numéro 2 du gouvernement a été le premier à intervenir, mardi, à la reprise des débats sur le Political Financing Bill. Le Premier ministre adjoint, Ivan Collendavelloo, se réjouit de l’introduction d’un tel projet de loi qui permettra, selon lui, plus de transparence. « Le financement des partis politiques est important pour la transparence, surtout après l’épisode de la BAI. Nous devons mettre fin aux donations suspectes. Avec un tel projet de loi, la Commission électorale bénéficiera de plus de pouvoirs et elle pourra également rapporter les donations suspectes à la Commission anti-corruption ou à la police », a-t-il indiqué. Ivan Collendavelloo dit ne pas comprendre les critiques du Parti mauricien social démocrate envers les membres de la Commission électorale. « Nous sommes choqués par ces attaques. Les membres de la Commission sont des professionnels et ont une riche carrière. Ce projet de loi mérite d’être adopté et chaque député de cette Chambre devrait voter en faveur. Ce texte de loi aidera à assainir le processus électoral », a-t-il soutenu.
Sangeet Fowdar, député de la majorité : «Un meilleur contrôle sur les financements étrangers»
Le député Sangeet Fowdar affirme que ce projet de loi est dans l’intérêt du public. « Mes collègues ont fait de leur mieux pour expliquer la nécessité de ce projet de loi et ont essayé de convaincre les membres de l’opposition. Pourquoi l’opposition a-t-elle peur de dévoiler l’identité des financiers ? À ce stade, nous n’avons aucun contrôle sur les financements étrangers. Avec un tel projet de loi, nous aurons un meilleur contrôle. Les comptes des partis politiques devront être audités par des professionnels. L’opposition devra assumer ses responsabilités, car elle aura des comptes à rendre à la population. Le projet de loi n’est peut-être pas parfait, mais il peut être amendé dans l’avenir. »
Ritesh Ramful, député du parti Travailliste : «Le gouvernement n’arrive même pas à se convaincre»
Pour le député rouge, le gouvernement aurait dû avoir plus de consultations avec les membres de l’opposition et le public sur ce projet de loi. Ritesh Ramful affirme que le gouvernement n’est pas « sérieux» en présentant le Political Financing Bill à l’approche des prochaines législatives. « Le Premier ministre adjoint, Ivan Collendavelloo, a tenté de nous convaincre. Mais au final, ses arguments n’étaient pas suffisants pour me convaincre. Le gouvernement n’arrive même pas à se convaincre sur ce projet de loi. En un mandat, il a présenté une ébauche en 2018 et un texte de loi différent de qu’il avait proposé l’année dernière », a-t-il soutenu.
Dan Baboo, Whip de l’Opposition : «Manque de consultation»
Le député du Parti mauricien social démocrate (PMSD), Dan Baboo, trouve que le texte a été préparé à la va-vite. « Le gouvernement tente de faire l’opposition et le public avaler des couleuvres. Nous ne pouvons accepter un tel projet de loi qui a été présenté sans aucune consultation. Ce texte tente de mettre fin aux petits partis politiques. Il y a un manque de consultations. Cela aurait pu se faire à travers un référendum, un Livre blanc ou un débat national. Le PMSD est en faveur d’un meilleur contrôle sur le financement des partis politiques. D’ailleurs, Xavier-Luc Duval a présidé un comité en ce sens. Il avait émis des propositions, mais maintenant nous avons des changements cosmétiques. C’est précipité », conclut-il.
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