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Policier décédé en cellule : la Human Rights Commission parle de « mort suspecte »

Le décès du policier Arvind Hurreechurn continue à susciter des interrogations. Le leader de l’opposition a déposé un document, mardi, au Parlement, qui fait état de plusieurs zones d’ombre.

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Arrêté le 25 octobre, à sa descente d’avion en provenance de Madagascar, avec deux kilos d’héroïne dans sa valise, le policier Arvind Hurreechurn avait été retrouvé pendu, vers 0 h 05 le 30 octobre. Il était alors incarcéré dans la cellule 14 au Moka Detention Centre. Il se serait donné la mort en se servant de sa serviette nouée à un robinet placé à 90 centimètres du sol.

Dans un rapport évoqué au Parlement, mardi, par le leader de l’opposition, Paul Bérenger, le Deputy Chairperson de la Human Rights Commission, Hervé Lassémillante, parle de « mort suspecte ». Ce document a été déposé lors de la question parlementaire posée par le député MMM, Veda Baloomoody.

« Il est difficile pour un homme de taille moyenne de se pendre à un objet se trouvant à à peine trois pieds du sol. Le gardien n’a rien vu ni entendu de suspect », écrit Hervé Lassémillante. Ce dernier avait visité la cellule le lendemain du décès d’Arvind Hurreechurn.

«Une Gaffe»

Il a noté que dans certaines cellules du centre de détention, les caméras CCTV fonctionnaient, « pourtant l’accusé dans une affaire importante d’importation de drogue était détenu dans une des cellules qui ne pouvait pas être supervisée par la caméra CCTV. À mon avis, cette décision ressemble à une gaffe. Il est connu que des accusés de trafic de drogue qui pourraient parler et dénoncer sont soumis à des sérieux risques.»

Dans sa réponse parlementaire, Xavier-Luc Duval devait affirmer que la caméra était hors d’usage « depuis des années » et qu’un appel d’offres sera lancé pour remplacer tout le système. Selon les informations obtenues du Commissaire de police, Arvind Hurreechurn avait été placé dans cette cellule pour des raisons de sécurité. « La cellule est dotée de toilettes. S’il n’y en avait pas, il aurait fallu le déplacer à chaque fois qu’il aurait voulu se soulager et la police voulait assurer un niveau maximum de sécurité », affirme Xavier-Luc Duval.

Si aucun enregistrement vidéo ni  aucune photo n’a été fait avant que le corps ne soit déplacé, c’est parceque ce n’est qu’à l’hôpital de Moka que sa mort a été constatée. « La préoccupation immédiate des officiers de garde était d’enlever la pression causée par la serviette et de le ranimer. Il a donc été conduit à l’hôpital le plus proche. Ceci explique pourquoi aucun Scene of Crime Officer ou Police Medical Officer n’a été mandé sur les lieux avant le transfert d’Arvind Hurreechurn », indique Xavier-Luc Duval. Selon le rapport d’autopsie, le détenu est décédé d’une asphyxie par pendaison.

Le Premier ministre suppléant pense que l’enquête judiciaire et celle de la Major Crimes Investigation Team devraient être en mesure de faire la lumière sur ce décès.

Marie-Lourdes Lam Hung : «Oui, j’ai parlé au CP»

La déclaration publique que la mort du policier Hureechurn en cellule était suspecte a eu des répercussions. La vice-présidente de la Commission des droits humains, Marie-Lourdes Lam Hung affirme avoir eu une conversation téléphonique avec le Commissaire de police, Mario Nobin, après la déclaration d’un membre de la Commission, Anishta Babooram-Seeruttun, sur Radio Plus, le mardi 1er novembre. Marie-Lourdes Lam Hung assure cependant qu’il n’y a jamais eu de menaces de sanctions. Toutefois, Anishta Babooram-Seeruttun a été appelée à fournir des explications en écrit.

C’est Shakeel Mohamed, député du Parti travailliste, qui a soulevé la question, mardi, au Parlement. Le député, avocat de profession, est au courant de l’affaire car Mme Babooram-Seeruttun l’a consulté après avoir été sommée de s’expliquer. Nous avons contacté cette dernière pour sa version des faits, mais ayant reçu des instructions pour ne plus s’exprimer dans les médias, elle n’a pas souhaité commenter l’affaire.

Toutefois, selon nos recoupements, le jour-même où elle a fait cette déclaration à Radio Plus, elle a dû donner des explications à Mme Lam Hung, présidente par intérim de la commission, l’ex-juge Seetulsingh, le président titulaire, étant à Genève pour une conférence.

« Oui, j’ai parlé au Commissaire de police », confirme la principale concernée au Défi Quotidien. « Je ne peux pas vous dévoiler la teneur de la conversation, mais il n’a jamais été question de sanctions », insiste-t-elle. Selon elle, le principal reproche fait à Anishta Babooram-Seeruttun est qu’elle se soit exprimée sur le cas Hureechurn alors qu’elle n’a pas visité le centre de détention de Moka. 

La vice-présidente de la Commission assure que le rapport de Me Lasémillante n’en est pas un. « Il n’y a pas eu de rapport, Monsieur Lasémillante a effectué une visite, c’est tout », assure-t-elle. Cette dernière affirme qu’elle a été sur les lieux le mardi 2 novembre, mais n’a pu visiter la cellule No 14, où le policier a été retrouvé sans vie, puisqu’elle était fermée. « Nous avons visité à la place la cellule 12, qui est similaire », explique Marie-Lourdes Lam Hung. Elle n’a pu cependant confirmer si Me Lasémillante avait pu visiter la cellule 14, et l’homme de loi est resté injoignable, mardi. Le contenu du document déposé au Parlement, par le leader de l’opposition (voir ci-contre), n’est pas clair sur le sujet non plus.

Nous avons tenté à plusieurs reprises de joindre le Commissaire de police, Mario Nobin, pour avoir sa version des faits mais en vain. L’Inspecteur Shiva Cooten, responsable de communication de la police, assure ne pas être au courant de l’affaire.

 

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