Les responsables du pré-primaire sont inquiets. Ils ont noté que certains enfants ne pouvaient pas écrire leur nom en quittant le préscolaire. Des mesures sont prises pour remédier à la situation.
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« J’étais étonné en constatant que mon fils de 5 ans ne pouvait pas écrire son nom en entrant en Grade 1. Il peut le faire en joignant les pointillés, mais ne sait pas reconnaitre les lettres de l’alphabet. Je suis triste que mon enfant ait ce retard », déplore Angélique. En effet, son fils, qui est entré au primaire en janvier dernier, fait partie de ceux qui ne peuvent pas écrire leur nom après avoir passé deux ans dans une école du pré-primaire. C’est le constat qui a été fait lors de la 62e réunion du board de l'Early Childhood Care and Education Authority (ECCEA) Board, qui a eu lieu le 4 avril, où il a été recommandé qu’un suivi du progrès de l’enfant soit effectué par les Assistant coordinators de l’autorité. Ces derniers devront, par la suite, soumettre un rapport à ce sujet.
Mais la présidente de l'Early Childhood Teachers Union, Artee Choytooa, ne l’entend pas de cette oreille. Elle précise : « Les enfants savent écrire leur nom en quittant le préscolaire. Malheureusement, les puériculteurs/trices sont à blâmer s’il y a des enfants qui sont lents dans leur apprentissage. Cela ne veut pas dire qu’ils ne pourront pas lire et écrire à l’avenir… » Elle souligne également qu'il ne faut pas oublier que chaque enfant est unique et que les premières années d’apprentissage sont cruciales pour son développement. Selon elle, les autorités devraient donner aux enseignants du matériel adéquat tel qu’un activity book, comme c’est le cas au primaire, pour les aider dans leur tâche.
Les responsables des écoles du pré-primaire ont un programme d’étude précis de deux ans à couvrir. Artee Choytooa indique qu'à 3 ans, l’enfant apprend à dessiner des traits en connectant des points. Puis, au fur et à mesure, il arrive à former les lettres de l’alphabet. Après deux ans, les enfants devraient avoir acquis des connaissances de base en anglais, français et mathématiques. Ils ont également appris à reconnaitre les couleurs et à associer des mots simples avec des images.
Dans le privé
À l’école « Les Petits marins », à Pointe-aux-Sables, la directrice Jolenda Baya-Monvoisin fait ressortir que tout est fait pour que l’enfant entre au primaire avec un maximum de connaissances, tant au niveau de la pédagogie, qu’au niveau personnel. Elle fait ressortir que chaque puériculteur/trice doit gérer sa classe en prenant en compte les thèmes proposés par l'ECCEA ainsi que le niveau de l’enfant. Pour que ce dernier puisse écrire son nom, la méthode utilisée est la connexion des points. La directrice soutient qu’après deux semaines de pratique, l’enfant est en mesure de l’écrire.
Utilisation abusive de l’informatique
Les outils informatiques sont de plus en plus utilisés dans la pédagogie. Jolenda Baya-Monvoisin n’est pas contre cette méthode mais elle est d’avis qu’il faut savoir l’utiliser. « Lorsqu’un enfant travaille avec un papier et un crayon, il retient mieux la leçon. L’informatique est, certes, un outil pédagogique mais il faut l’utiliser à bon escient. Cela n’aide pas l’enfant à faire des efforts, puisque tout est visible sur l’écran… »
Activités pédagogiques adaptées
Au ministère de l’Éducation, le dossier est traité avec sérieux. Nous apprenons que toutes les activités pédagogiques à l'école maternelle sont guidées par le National Curriculum Framework. Ce document est accompagné d’un Manual of Activities afin d'aider les responsables à proposer des activités pédagogiques adaptées aux besoins des enfants.
Le ministère a aussi pris en considération l'évaluation des compétences qui permet aux enfants de passer en Grade 1 au primaire, soit le Development Learner Profile. Les responsables soutiennent que cela démontre le progrès du développement global de l’enfant.
Les autorités offrent des moyens pour améliorer la méthode d’enseignement dans ce secteur. C’est ainsi qu’à chaque vacances scolaires, des séminaires ont lieu sur des thèmes pédagogiques. De plus, l’expertise des professionnels est recherchée pour atteindre les objectifs.
En chiffres
191 écoles du préscolaire sont sous la responsabilité des écoles primaires
4 948 enfants sont admis dans les écoles publiques
651écoles privées
18 036 enfants fréquentent des écoles privées
Soonita Kistamah, ancienne directrice de l'eccea : «Les autorités doivent investir davantage dans les écoles du pré-primaire…»
Soonita Kistamah, ancienne directrice de l'Early Childhood Care and Education Authority, a une longue expérience dans le préscolaire. Elle souligne l’importance du pré-primaire dans la vie des élèves.
Quels sont les objectifs à atteindre pour un enfant fréquentant le préscolaire ?
Chaque école préscolaire a un programme d’étude précis à suivre. Les objectifs sont très clairs pour l’apprentissage de chaque enfant. En sortant du pré-primaire après un passage de deux ans, l’enfant doit savoir compter, écrire les lettres de l’alphabet ainsi que son nom et prénom. C’est la base.
Lors du 62e ECCEA Board meeting, les autorités ont noté que plusieurs enfants n’arrivent pas à écrire leur nom en entrant au primaire. Quelles sont les causes, selon vous ?
Il y a une énorme disparité entre les écoles du pré-primaire à Maurice. Certaines sont dotées de matériel dernier cri, alors que d’autres n’ont pas d’équipements adéquats.
Il y a de plus en plus d’enfants qui sont accros aux tablettes ou au téléphone portable. Croyez-vous que cela puisse avoir un impact sur le développement de la petite enfance ?
C’est vrai que cela peut avoir un impact sur leur développement, mais les puériculteurs sont formés pour donner aux enfants l’éducation de base. On voit aussi que le préscolaire est vaguement évoqué dans la réforme éducative du Nine Year Continuous Basic Education alors qu’il représente la base même de l’éducation.
En tant qu’ancienne directrice de l’ECCEA, que faut-il changer pour améliorer le niveau des enfants à la sortie du préscolaire ?
Les autorités doivent investir davantage dans les écoles du pré-primaire pour réduire la disparité. Il faudrait prendre au sérieux la direction de l’ECCEA puisque depuis 2014, il n’y a pas de directeur. Les personnes qui sont là agissent par intérim. En investissant dans le pré-primaire, on peut réduire le pourcentage d’échecs à la fin du cycle primaire. La base de l’éducation, c’est le pré-primaire où l’enfant a entre 3 et 5 ans.
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