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Permis de résidence refusé: Les déboires de 19 Mauriciens au Québec

Francisco Mootoo (à gauche) et Vishwan Rubee et sa fille (à droite).
Les modifications récentes apportées par le gouvernement du Canada au Programme des travailleurs étrangers empêchent ces Mauriciens de réaliser leur rêve. « Je préfère mourir ici que de recommencer à zéro à l’île Maurice. » Vishwan Rubee serre sa fille de deux ans dans ses bras. Ce Mauricien ne veut pas l’abandonner au Canada pour rentrer à Maurice. C’est ce que les autorités canadiennes lui ont demandé de faire. Dans 15 jours, ce père de deux enfants, qui vit avec sa compagne québécoise, devra rentrer dans son pays natal. Jeudi, il a participé à une manifestation pour demander au gouvernement fédéral de reconsidérer sa demande et celle de 18 autres employés de l’abattoir d’Olymel, situé dans la région de Saint-Esprit, au Québec. Depuis six ans, notre compatriote est boucher-coupeur de viande et poissonnier, mais le ministère l’a placé dans la catégorie « boucher industriel », qui n’est pas éligible au Programme de l’expérience québécoise (PEQ). Ce programme permettait jusqu’ici aux travailleurs étrangers temporaires « qualifiés » d’obtenir un Certificat de sélection du Québec après un an dans un emploi, mais aussi après avoir rempli d’autres exigences. C’est après ce moratoire que les ressortissants étrangers pouvaient faire une demande pour la résidence permanente.

Non qualifiés

Dans le passé, les travailleurs mauriciens avaient obtenu sans grande difficulté leur permis de résidence permanente après avoir travaillé pour la société Olymel pendant plusieurs années. Ils avaient fait une demande entre 2012 et 2013. Aujourd’hui, selon les changements au niveau fédéral, les « bouchers industriels » sont considérés comme « non qualifiés ». Du coup, ils ne sont plus éligibles pour postuler au PEQ. Avec les réglements fédéraux selon lesquels un séjour d’une durée maximale de quatre ans au Canada est imposé sur les travailleurs étrangers temporaires, ils sont 19 à devoir quitter le territoire lorsque leur permis de travail arrivera à terme. Vishwan Rubee, originaire de Phœnix, insiste sur le fait qu’il ne peut quitter ses deux enfants au Canada. « C’est ce que je crains le plus. Mes démarches n’ont pas abouti jusqu’ici. Je ne sais plus quoi faire », confie notre compatriote. Francisco Mootoo, ancien habitant de cité Florida, Baie-du-Tombeau, est au Canada depuis 2012. Il s’est intégré et parle le français avec l’accent du pays. Employé chez Olymel, il dit avoir construit sa vie là-bas. Ce sera dur de tout laisser pour rentrer. « Nous avons le sentiment d’avoir été menés en bateau », explique Francisco Mootoo. « Nous avions compris que si nous faisions des efforts, réussissions nos formations et mettions le cœur à l’ouvrage, nous allions pouvoir parrainer nos familles afin de bâtir une vie meilleure ici. Maintenant, le gouvernement fédéral a changé les règles », souligne ce jeune homme.

Les meilleures notes

« J’ai fait deux fois le test de français, je l’ai réussi haut la main. J’ai eu les meilleures notes. Je suis intégré, j’habite Saint-Esprit. Pourquoi ne puis-je  rester ? Nous avons entendu dire que les Syriens seront accueillis. Ce n’est pas normal », dit-il. À la presse québécoise, la société Olymel a affirmé qu’elle essayait de trouver une solution pour ses 19 employés. « Ce sont des travailleurs qui se sont très bien intégrés parce qu’on y a mis les moyens, parce qu’on a pris au sérieux l’accueil et parce que le syndicat y a mis du sien aussi », a commenté Richard Vigneault, un responsable. Olymel les appuie dans leurs démarches. Au total, ils sont 60 travailleurs étrangers à l’usine de Saint-Esprit. Le département de l’Immigration au Canada n’a pas commenté ce dossier. Pour les autorités, les permis de travail temporaires sont valides pour une durée maximale de quatre ans.

« Assez bons pour rester »

L’Association des travailleurs étrangers temporaires au Québec affirme, dans la presse canadienne, que la demande des 19 Mauriciens a été injustement rejetée à différents niveaux du gouvernement. Enrique Llanes, un des organisateurs communautaires pour le Centre des travailleurs, dit avoir attiré l’attention des politiciens sur ce débat, tant au niveau fédéral que provincial. « Nous devons nous opposer à la création de travailleurs jetables au Québec et au Canada. S’ils sont assez bons pour travailler ici, alors ils devraient être assez bons pour y rester. »
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