Permis de conduire falsifiés : les Casernes centrales «utilisées» par les escrocs

Les versions des détenteurs des fausses licences interrogés jusqu’ici par les enquêteurs corroborent. Les Casernes centrales ont été utilisées comme lieu de repérage et pour inspirer confiance aux aspirants-conducteurs. La transaction monétaire, selon eux, se déroulerait dans l’enceinte des casernes ou dans ses alentours. Une enquête du Défi Quotidien démontre que les faussaires ont toutefois laissé deux anomalies dans la réalisation de ces faux permis. Les détenteurs de ces permis contenant ces anomalies sont conseillés de se présenter à la police.

Le coup était parfaitement calculé. Les escrocs misaient sur « le mental et la naïveté » des aspirants-conducteurs en vue de leur soutirer le maximum d’argent possible contre un permis de conduire « valide ». Valide car le document entièrement falsifié était minutieusement retravaillé par le designer qualifié de « maillon fort » du réseau. La ruse employée par les escrocs pour 
« berner » les aspirants-conducteurs est – contre une somme de Rs 20 000 – est que les permis de conduire émanaient des Casernes centrales et étaient délivrés sans passer par les examens de conduite. C’est ce qui a été privilégié afin de « mettre les aspirants conducteurs en confiance ». 

Des anomalies décelées

Une fois les demandes de permis et la moitié de la somme réclamée sont réceptionnées par l’éclaireur, quatre autres protagonistes (incluant le designer) entrent en jeu. Ils auront la tâche de concevoir le document falsifié en se basant sur un modèle copié sur Internet. Une fois conçu, le permis est remis aux aspirants-conducteurs après deux à six semaines contre le versement de la somme restante. Les escrocs ont toutefois laissé des traces visibles sur les documents qui n’ont pas échappé aux autorités. Il y a l’inscription ‘Learner’ pour taxi figurant sur la liste qui catégorise les véhicules. C’est quelque chose qui n’existe pas sur le permis mauricien. Puis, il y a la lettre D (pour Duplicate) dans les numéros de série des documents.

Autre irrégularité : la falsification du livre des entrées. Ce livre est utilisé par les escrocs lors de la livraison des licences contrefaites. Cela pour que « la transaction paraisse aussi vraie que possible ». Les aspirants-conducteurs apposent leurs signatures, puis effectuent le paiement nécessaire avant de repartir avec leurs permis de conduire. Il est aussi à noter que les pages du livre des entrées sont frappées du logo de la force policière. Un délit grave passible d’une peine de prison. Selon des renseignements, les limiers du Central Criminal Investigation Department (CCID) sont en présence d’un des livres falsifiés.

Les présumés escrocs bientôt à la prison

Environ 200 détenteurs de permis falsifiés ont été convoqués à ce jour au CCID. Leurs versions des faits corroborent. Ce qui facilite l’enquête policière. Une source du CCID confie, sous le couvert de l’anonymat, que les présumés escrocs sont encore « under police custody » et que les enquêteurs recueillent toutes les informations possibles avant qu’ils ne soient transférés à la prison centrale de Beau-Bassin. « C’est le seul réseau de falsification de permis de conduire selon nos renseignements. Les faussaires sont dans le circuit depuis environ un an, c’est-à-dire depuis l’introduction du nouveau permis de conduire grise en remplacement de celui en bleu marine », précise notre interlocuteur. 

Des permis «détruits»

Il ressort, selon des renseignements, que des détenteurs de fausses licences seraient en train de « détruire » les documents afin de ne pas être interpellés par la police. La cellule de communication de la police, qui a été sollicitée, demande aux détenteurs de licences falsifiées de se rendre à la police pour les interrogatoires d’usage. 

« Le fait de détenir un permis de conduire falsifié est un délit. Nous demandons aux détenteurs de contacter la police afin de permettre aux limiers d’élucider cette affaire le plus vite possible. Tous les détenteurs de fausses licences seront interpellés. Les permis de conduire seront immédiatement confisqués et les versions consignées », explique la cellule de communication de la police.