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Pay Back Mauritius Scheme : des détenus à la plage

Faire travailler les détenus pour la réhabilitation de nos plages. C’est en ce sens qu’un protocole d’accord (Memorandum of Understanding) a été signé entre la Beach Authority et les Mauritius Prison Services le mercredi 14 septembre à la prison de Beau-Bassin.

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Pay Back Mauritius Scheme

C’est dans le cadre du « Pay Back Mauritius Scheme » (PBMS), mis sur pied par le service pénitentiaire que des détenus sont engagés dans un projet visant à réhabiliter la plage publique de Belle-Mare sous la supervision des autorités de la prison. « Ils seront appelés principalement à restaurer les infrastructures existantes sur cette plage longue de plusieurs dizaines d’hectares. Les travaux dureront entre 3 et 4 mois. La Beach Authority fournira les matériaux et le financement nécessaire. Dans le cas du projet de Belle-Mare, une centaine de milliers de roupies sera investie », confie le Dr Dhuneeroy Bissessur, Managing Director de la Beach Authority.

Une aubaine pour la Beach Authority dont les ressources humaines et les moyens financiers sont limités. « Au lieu de retenir les services d’un prestataire pour effectuer ces travaux, qui coûtera de l’argent à la Beach Authority, nous nous sommes dits que les détenus peuvent eux-mêmes faire ces travaux, sous la supervision de professionnels du domaine. Nous leur fournirons les matériaux nécessaires. Mais c’est aussi un moyen pour ces détenus de réparer le tort qu’ils ont causé et faire amende honorable à travers leur contribution », déclare notre interlocuteur qui compte étendre cet accord aux projets futurs de la Beach Authority. 

Cette collaboration entre la Beach Authority et les Mauritius Prison Services remonte à 2013. Dans un premier temps, des détenus ont procédé à l’aménagement de la plage de La Prairie avec la construction de kiosques, de bancs, d’aires de stationnement et de la mise en terre de cocotiers, entre autres. Pour les Mauritius Prison Services, il s’agit de permettre aux détenus de s’adonner à des activités constructives pendant leur incarcération et de s’engager dans un projet qui a pour objectif  d’embellir l’environnement. « Ce projet fait partie du plan stratégique 2013-2023 des Mauritius Prison Services (MPS).

Dans un premier temps il y a eu la remise à niveau de la plage de La Prairie et nous renouvelons maintenant l’expérience à la plage publique de Belle-Mare. Je suis allé personnellement constater de visu le travail abattu par ces détenus et je suis pleinement satisfait. Je suis d’avis qu’outre la Beach Authority, d’autres ministères ou départements des ministères doivent profiter de ce ‘scheme’. À la prison, nous avons aussi bien le temps que la main-d’œuvre, deux choses qui coûtent cher aujourd’hui. Donc autant en profiter et en les mettant à la disposition du pays, » soutient Vinod Appadoo, le commissaire des prisons.

« Stipend » de Rs 25 par jour

Il dit souhaiter par la même occasion changer la mentalité de la population qu’il estime a tendance à croire que ces détenus sont, à tort, nourris, blanchis et logés par l’argent des contribuables. « Non, ils ne font pas que manger et boire aux frais de la population, nous les faisons travailler aussi. Nombreux sont ceux qui ont des talents extraordinaires, » ajoute-t-il. De nombreux critères sont cependant pris en considération lors du choix des détenus qui seront appelés à effectuer des travaux communautaires.

« D’abord, nous privilégions ceux qui ont écopé de courtes peines. Ensuite, il faut qu’ils aient un bon caractère, notamment ceux qui ont été emprisonnés pour des amendes qui n’ont pas été payées, par exemple. Nous nous basons aussi sur les rapports de conduite que nous font les officiers sur les détenus. Ce sont essentiellement les détenus se trouvant à la prison de Petit-Verger et ceux de Richelieu qui répondent à ces critères. Ces derniers perçoivent un stipend de Rs 25 par jour par détenu offert par la Beach Authority.»

Témoignages des détenus

Détenu 1 : Ces sorties me permettent, ainsi que mes codétenus, de nous acclimater à la vie réelle qui sera un plus pour nous lorsque nous aurions purgé notre peine. En outre, étant un ex-peintre, ces travaux me permettent de ne pas perdre la main, ce qui augmente mes chances de trouver un emploi à ma sortie. Mo trouve imper dimoune passer. Parfois zotte faire nous ene ti bonjour et nous trouve ene changement dans zotte regard. Demain zotte capav dire qui zotte fine trouve ban condamné pe travaille. Et ça permette zot trouver aussi qui pena zis mauvais zafer dans prison.

Détenu 2 : Je me suis porté volontaire pour faire ces travaux car je souhaite montrer à la population que, bien que nous ayons été condamnés pour un quelconque délit, les gens peuvent nous faire confiance. Avant d’être emprisonné, j’étais électricien et mécanicien. Banne dimoune qui pe passer trouver nous pe travay parey couma tout dimoune normal.

Benjamin Jean Charle : « Les détenus sont plus enthousiastes à travailler »

Pour l’officier Benjamin Jean Charle et les détenus, la journée débute très tôt le matin. « Nous quittons la prison de Melrose où ils sont actuellement à 7h30 et nous terminons à 15h30. À notre arrivée le matin, je donne les instructions concernant les travaux à être complétés durant la journée. En ce moment nous nous concentrons surtout sur les travaux de peinture. Ils vont devoir aussi installer des poubelles et construire des foyers.

Nous ne rencontrons pas de problèmes avec eux car dès le matin il y a un briefing qui se fait et tout doit se dérouler d’après un plan établi. Ils ont un bon comportement, mais ils n’ont pas le droit d’interagir avec le public, sauf pour répondre à un bonjour, mais sans plus. Je note qu’ils sont un peu plus enthousiastes à travailler car ils ne sont pas entre 4 murs, mais à la plage », déclare cet officier des MPS.

 

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