Le leader du MMM invite les électeurs à faire preuve de discernement en se rendant aux urnes le jeudi 7 novembre. Il leur demande de distinguer « bann pouritir » des candidats honnêtes et intègres. Dans cet entretien, Paul Bérenger livre aussi ses impressions sur les moyens utilisés par ses adversaires dans cette lutte électorale.
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Voter pour le MMM, c’est voter pour des principes.
À cinq jours des élections générales, quel est votre constat sur le terrain ?
Je suis « mari happy » sur deux choses. Primo, nous assistons à une campagne sans communalisme. C’est la première fois que des élections générales se déroulent ainsi, même si j’ai tendance à penser que le MSM essaiera de jouer sur ce registre. Secundo, je considère que la victoire est acquise pour le MMM, car le public se rend compte que les politiciens ne sont pas tous des pourris. Le public voit qu’il y a des politiciens honnêtes qui ont des principes. Ce sont surtout les jeunes qui en prennent conscience. Ils savent que les politiciens honnêtes et intègres se trouvent au sein du MMM. Voter pour le MMM, c’est voter pour des principes. Et voter contre les scandales qui émaillent le MSM et le PTr.
Si vous me demandez quels seront les résultats, je vous dirai, en tant que leader du MMM, qu’il y aura un raz-de-marée mauve, un « choc », beaucoup de surprises… Il y a un sentiment de ras-le-bol généralisé parmi la population, car l’Alliance Morisien et l’Alliance Nationale se battent à coups de « Mo pouri me twa to pli pouri. Mo voler me twa to pli voler ». Et que dire de sir Anerood qui est venu mettre son grain de sel avec l’histoire de la Sextape. Les gens en ont assez de tout cela. Ils ne veulent entendre parler ni de Pravind, ni de Navin.
Dans une lutte à trois, nul n’est assuré d’une victoire nette, n’est-ce pas ?
Il y a quatre possibilités de résultats. Primo, une grande majorité pour le MMM. Secundo, une victoire du MSM qui est, à mon avis, impossible. Ces élections marqueront le début de la fin de ce parti. Tertio, bien que le PTr ait récolté 25 % des suffrages en 1982, pourra-t-il sortir victorieux de ce scrutin avec ce Navin Ramgoolam ? Cela reste à voir. Quarto, on se retrouve dans une situation de « hung parliament », comme cela a été le cas au Portugal et en Israël, etc. C’est possible, mais je trouve que nous allons vers une victoire avec une grande majorité.
Ce qui me tracasse, en revanche, c’est qu’il faut d’une part nettoyer le pays et d’autre part relancer l’économie. Cette première tâche ne nous fait nullement peur. Ce sera certes éreintant, surtout après ce que le MSM a fait ces cinq dernières années. Mais nous avons la volonté nécessaire pour nettoyer le pays. Pour ce qui est de la relance économique, c’est une autre histoire. Sa kantite labous dou finn fer la, surtout dans le secteur textile et sucrier. Il y a aussi le fait que nous sommes dans un contexte de ralentissement économique sur le plan mondial. Il y aura un gros travail à abattre pour relancer l’économie.
C’est une campagne atypique avec la guerre des vidéos qui se déroule entre l’Alliance Morisien et l’Alliance Nationale. Cela ne projette-t-il pas une mauvaise image des politiciens ?
Pas de tous les politiciens, seulement des leaders de ces deux alliances (NdlR : Pravind Jugnauth et Navin Ramgoolam). Il ne faut pas généraliser en faisant référence à la classe politique. Il ne faut pas donner l’impression que les politiciens sont tous pareils. Il y a d’un côté le MSM et le PTr et de l’autre, le MMM qui est totalement différent. Je suis fier que nous nous présentions devant les électeurs la tête haute et les mains propres.
La population a le droit d’éprouver du dégoût. Clip contre clip, malpropreté contre malpropreté. Si les jeunes venaient à penser que c’est cela la politique, Maurice serait fini. Heureusement que le MMM est là. Sur nos 60 candidats, 36 sont des néophytes qui se présentent devant l’électorat pour la première fois. Ils représentent l’avenir du MMM et de Maurice.
Ces deux alliances multiplient leurs attaques contre le MMM présenté comme un épouvantail ?
Pravind Jugnauth et Navin Ramgoolam sont en train de paniquer, car il y a une vague mauve qui s’élève. Je ne crois pas que nous nous retrouverons dans une situation de « hung parliament ».
Ne redoutez-vous pas un vote « koupe-transe » ?
So what ? Je ne le souhaite pas car je maintiens qu’il faut voter pour les trois candidats du MMM dans chaque circonscription. Mais que peut-on faire si les électeurs décident d’évaluer chaque candidat avant de voter ? En tout cas, je suis fier des candidats du MMM. Certains sont issus de milieux modestes.
Parlant de candidats issus de milieux modestes, comment financent-ils leur campagne qui est coûteuse ?
On s’en tire mieux que je ne l’aurais imaginé. Car nous subissons deux choses : le Money Politics et les abus de la Mauritius Broadcasting Corporation. Mais nous parvenons malgré tout à faire face car nous recevons des contributions. Il y a aussi le fait que nous ne gaspillons pas de l’argent à gauche ou à droite.
On a assisté à une course effrénée de promesses électorales entre l’Alliance Morisien et l’Alliance Nationale. Pourquoi le MMM est-il resté en retrait ?
Ce n’est pas vraiment le cas. On nous a reproché d’avoir fait comme les deux blocs. C’est vrai dans une certaine mesure. Mais avions-nous vraiment le choix ? Après l’annonce de l’application des recommandations du rapport du Pay Research Bureau, nous avons dû suivre. La population comprendra.
Idem pour la pension de vieillesse. Nous avons dit qu’elle sera alignée sur le salaire minimum, tout en tenant compte du montant du salaire minimum. Mais ces deux-là (NdlR : Pravind Jugnauth et Navin Ramgoolam) s’en fichent royalement. C’est comme s’ils savaient déjà qu’ils ne remporteront pas les élections. Ils promettent donc n’importe quoi. Mais ce n’est pas comme cela qu’on dirige un pays. Pravind Jugnauth et Navin Ramgoolam sont les deux coupables derrière cette course de promesses électorales. Le MMM est, quant à lui, resté raisonnable dans ses promesses.
La démocratie occupe une bonne place dans le manifeste électoral…
Pas seulement dans notre manifeste mais aussi tout au long de notre parcours. Cela m’attriste qu’en 2010, on ait raté l’occasion d’avoir une lutte à trois qui aurait été à l’avantage du pays. Aujourd’hui le MSM critique Navin Ramgoolam mais ce sont eux qui ont sauvé le PTr en 2010. Voilà où nous en sommes aujourd’hui.
Le MMM compte instituer une commission d’enquête sur la BAI. Que voulez-vous tirer au clair ?
Faire en sorte que la vérité triomphe. C’est inadmissible que sir Anerood, Pravind Jugnauth, voire Roshi Bhadain aient retiré leur argent de là (Bramer Bank ; NdlR) causant ainsi sa chute. Selon la Companies Act, cela peut être qualifié d’Insider Trading. Une commission d’enquête est donc importante afin de situer les responsabilités, car le MSM n’est pas le seul coupable. Roshi Bhadain l’est tout autant.
Vous avez d’autres enquêtes en tête ?
Nous n’aurons pas le temps de se livrer à une politique de vengeance, comme l’a fait le MSM. Mais il y a Mauritius Telecom (MT) ou encore le Central Electricity Board (CEB) où il y a eu des scandales sur lesquels il faudrait faire la lumière à travers une commission d’enquête.
Faut-il limiter le poste premierministériel à seulement deux mandats ?
Certainement. Cela appelle la population à réfléchir. Dix ans pour un Premier ministre est suffisant, même s’il fait bien son travail. Nous avançons cette idée car nous estimons qu’il ne faut pas donner l’occasion à certains de s’incruster au pouvoir. Le modus operandi reste à définir. Il faudra venir avec un texte de loi.
Si vous accédez au poste de Premier ministre, quelles seront vos cinq premières actions ?
En fonction de ce qu’on s’attend à découvrir, je suis d’avis que nous aurons l’embarras du choix. Il faudra nettoyer le pays du fléau de la drogue et de la corruption, tout en remettant l’économie sur les rails. Il y a aussi les problèmes auxquels sont confrontés les petits planteurs. Je pense qu’un état des lieux s’impose.
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