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Patrimoine mondial de l’Unesco: les habitants du Morne se mobilisent

Un bras de fer oppose actuellement un groupe d’habitants du village du Morne et le ministère des Arts et de la Culture. Le premier accuse le second d’avoir induit l’Unesco en erreur. L’absence de Consultative Forum concernant les projets de développement au Morne est déplorée. Tout a commencé avec l’annonce d’un projet de développement IRS comprenant la construction de villas au pied de la montagne du Morne. Il est mentionné dans le document que le ministère des Arts et de la Culture a envoyé à l’Unesco fin février. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18954","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-32496","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Morne"}}]]
Les villageois reprochent aux promoteurs et au ministère des Arts et de la Culture de n’avoir pas tenu un Consultative Forum depuis 2015. Un document du ministère des Arts et de la Culture confirme cela. Mais il souligne : « Several consultations were made with target groups of the local community in relation to the various issues being faced by them and in view of exploring possibilities of improving the quality of life of the people in various domains, such as sales exhibitions, women empowerment, amongst others. » La montagne du Morne a été décrétée patrimoine mondial de l’Unesco et tout développement autour du site doit passer par un Consultative Forum. Cette instance regroupe toutes les parties concernées, dont les villageois, pour examiner comment chaque projet va être bénéfique pour eux.

Gestion

La plate-forme déplore la gestion de ce patrimoine par le Le Morne Heritage Trust Fund. Sa directrice, Magali Sinatambou, et son président, Georges Lascie, se sont refusés à tout commentaire, arguant qu’ils n’étaient pas au courant d’une quelconque polémique. Par ailleurs, la plate-forme a adressé des communications au Premier ministre sir Anerood Jugnauth et au Premier ministre adjoint Xavier-Luc Duval, afin qu’ils prêtent une oreille à ses récriminations.

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La Platform pou sov patrimwan Lemorn, regroupant plus d’une vingtaine d’organisations du Morne et de ses environs, a vu le jour à la suite de cette polémique. Elle souhaite, selon Karl Lamarque, l’un des membres, rencontrer le ministre des Arts et de la Culture, afin de lui expliquer leur position et de lui exposer les doléances des villageois. En premier lieu, ces derniers s’opposent à tout développement aux anciens villages de Makak et de Trou-Chenille. Ils déplorent aussi le fait de n’avoir pris connaissance du rapport que le ministère des Arts et de la Culture a envoyé à l’Unesco que fin mai. Cela, alors que le document a été expédié fin février.

« Exclus des plans… »

Les habitants disent aussi, souligne Yoni Auguste, autre membre de la plate-forme, avoir la perception qu’ils sont « exclus des plans » des promoteurs. « On ne parle pas d’organisation de soirées de ‘séga tipik’, ni de la fabrication de produits artisanaux ou encore moins de la vente de mets traditionnels. Il n’y a rien qui pourrait bénéficier aux habitants. On ne parle que de projets IRS, avec ses villas de luxe, ainsi que de kitesurf et de boat house », dit-il. La plate-forme, ajoute-t-il, pense que l’objectif, avec ce projet, est « se faire de l’argent uniquement, sans impliquer les villageois ». Tout le contraire, précise-t-il, de ce qui devrait être fait pour un site inscrit au rang de patrimoine mondial.

Neuf rencontres

Si le ministère a été peu loquace dans sa réaction, il soutient que, du 12 mai 2015 au 13 avril 2016, il y a eu environ neuf rencontres avec diverses organisations du village. Parmi : des organisations non gouvernementales, la Platform Kominoter Morne, le service d’écoute de développement Soleil de l’Ouest, des représentants de l’association des pêcheurs et l’Association of Mauritian Entrepreneurs Decentralized Cooperation Programme.  
 

Fierté, mais...

Les habitants du Morne sont fiers que la montagne soit inscrite comme patrimoine mondial de l’Unesco. Toutefois, ils soutiennent que leurs conditions de vie n’ont pas réellement changé depuis 2008. Ceux que nous avons rencontrés, le 25 mai, notent que ce n’est que tout récemment que certaines des infrastructures abîmées du jardin d’enfants ont été remplacées et que des toilettes publiques sont en construction à l’arrière du Village Hall. Lors de notre visite au village, quelques jeunes garçons jouaient au football sur le terrain de… volley-ball, celui de foot étant trop éloigné. à l’intention des filles ou des membres du troisième âge, il y a peu ou pas d’activités. Le président du conseil de village, Antonio Verloppe, déplore le manque de développement dans le village et affirme que la plupart des activités organisées sont à mettre à l’actif du Village Council. Selon lui, le Le Morne Heritage Trust Fund ne fait rien pour les habitants. Il se demande aussi comment on peut décréter la montagne du Morne patrimoine mondial, alors que les villageois n’y ont pas accès. « Il faut corriger cela au plus vite », dit-il. Une source au ministère des Arts et de la Culture nous a néanmoins fait parvenir un plan montrant un sentier menant à la montagne pour réfuter cet argument.  
 

Non-respect des conditions

Le Comité diocésain 1er février s’est joint à la cause des habitants du Morne afin de veiller à leurs intérêts, mais aussi à celui du patrimoine mondial. Le père Jean-Maurice Labour explique que le site est une grande fierté pour Maurice. Selon lui, les conditions imposées par l’Unesco ne sont pas respectées, comme la tenue de comités de consultation, les conditions de l’environnement, l’accessibilité du public à la Core Zone et tout ce qui peut être fait pour sensibiliser les villageois sur le patrimoine du Morne. Pour le Comité 1er février, le Morne est un symbole, d’où l’organisation de diverses activités dans la région et les villages avoisinants, allant de Baie-du-Cap à Case-Noyale.
 

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