Paradise Papers : Appleby a organisé la « libération » des directeurs de Dufry

L’hebdomadaire suisse SonntagsZeitung/Le Matin Dimanche revient sur « l’interrogatoire » des deux directeurs de Dufry par le trio ministériel Pravind Jugnauth-Roshi Bhadain-Ravi Yerrigadoo une nuit de février 2015. La firme d’avocats Appleby avait alors été sollicitée pour monter une opération de communication contre le gouvernement.

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Les révélations de l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ) sur Maurice par rapport aux « Paradise Papers » n’en finissent pas. La presse suisse se passionne depuis la semaine dernière sur l’enquête ouverte par Port-Louis sur les soupçons de pots-de-vin versés par la société suisse Dufry à l’ex-maîtresse et à l’ex-homme fort de l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam, Nandanee Soornack et Rakesh Gooljaury. La femme d’affaires avait obtenu le contrat pour la fourniture de produits de luxe à la Mauritius Duty Free Paradise (MDFP).

Les documents d’Appleby indiquent qu’elle a « organisé » la libération des deux directeurs de Dufry « interrogés » par les trois ministres, sur les dessous de ce contrat avec l’aide de Rakesh Gooljaury. Notamment sur les commissions versées à la société Frydu dont les directeurs sont la patronne d’Airway Coffee et l’ex-directeur de Fashion Style.

« Le cabinet d’avocats met tout en branle pour défendre Dufry, en organisant plusieurs rencontres avec le Consulat français mais aussi en engageant un bureau d’enquêteurs privés et une entreprise de communication. Elle envisage même de mener un procès contre les ministres pour diffamation et privation de liberté », indique SonntagsZeitung/Le Matin Dimanche. 

Tout ne s’est pas passé comme prévu cependant. « Mais l’un des avocats de Dufry est sceptique. Le 8 mars 2015, il écrit à Appleby qu’il y a plusieurs obstacles qui s’opposent à des poursuites en diffamation : la question de savoir si Dufry a ou non payé des rémunérations sera, avec les documents, au centre d’une telle procédure », explique le journal suisse. Dufry, qui a depuis été remplacée par le groupe allemand Heinneman, tente de noyer le poisson. Alors que la justice suisse admet qu’il y a eu une demande d’entraide  judiciaire de Maurice, l’Attorney General’s Office désormais dirigé par Manish Gobin, préfère rester discret sur ce dossier.

Nandanee Soornack perçevait 4,2 % du chiffre d’affaires annuel de Dufry sur ses opérations à Maurice. Ce qui lui a permis de toucher plus de Rs 100 millions. Même si elle a finalement admis devant le tribunal d’appel de Bologne qu’elle a eu un enfant de l’ancien Premier ministre, l’Independent Commission Against Corruption avait considéré qu’elle n’était pas habilitée à enquêter sur les liens unissant la femme d’affaires au leader du Parti travailliste.

Un montage a été effectué afin que Nandanee Soornack touche ses commissions à travers une société basée à Chypre, Wingam Holdings, dirigée par un autre ami de Navin Ramgoolam qui a personnellement piloté l’achat des nouveaux Airbus d’Air Mauritius.

 

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