Economie

Organisations sociales : un palliatif efficace ?

Inondation

Le récent cyclone Berguitta a mis en exergue le rôle et la capacité d’agir de différentes organisations non-gouvernementales. Les ONG, les groupes volontaires, ou encore des individus communément appelés « travailleurs sociaux » ont impressionné par leur rapidité d’intervention en période de crise, atténuant ainsi les manquements des services officiels. Mais comment les rendre plus efficaces?

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C’est un fait indéniable à Maurice. La solidarité est solidement ancrée dans nos mœurs et le volontariat attire toujours. Le pays compte des milliers d’associations à but social que l'on appelle des ONG (Organisations Non-Gouvernementales). Ces associations militent pour le bien-être des citoyens à travers diverses actions et activités. Il y en a qui militent pour la cause environnementale, d’autres qui veillent au respect des droits des citoyens, ou encore d’autres qui soulagent la pauvreté en offrant une assistance aux plus démunis. Il y a aussi des entrepreneurs sociaux qui opèrent des activités à but non-lucratif. L’entrepreneuriat social gagne du terrain, malgré les contraintes et autres obstacles.

Le récent cyclone Berguitta a démontré comment les ONG peuvent intervenir rapidement et s’organiser pour maîtriser une situation de crise. Que ce soit pour offrir des repas chauds, des vêtements ou des couvertures, déblayer des chemins ou nettoyer des cours d’eau, ou encore aider à évacuer les gens des zones à risques, les volontaires des associations sociales sont toujours prompts à se mettre au service des autres.

Bien que la plupart des ONG n’ait pas nécessairement les facilités nécessaires, comme les équipements, la logistique ou le financement, elles arrivent à satisfaire les gens qu’elles ciblent. Alors, imaginer ce que ces organisations pourront faire, si elles sont mieux équipées et leurs membres mieux formés. Dans une société caractérisée par la rude concurrence et l’individualisme, l’apport des ONG peut amener des solutions aux nombreux problèmes sociaux et permettre à la réalisation des objectifs nationaux.

D’ailleurs, ce sont les ONG qui mènent un combat inlassable contre divers fléaux de la société. En général, les gens ont plus tendance à se tourner vers les associations sociales que les autorités. Donc, l’autonomisation de ces associations à travers un meilleur encadrement, un financement adéquat, une formation professionnelle et une valorisation à travers la reconnaissance des résultats.

En effet, les ONG ont la capacité de répondre rapidement aux exigences de la situation, contrairement aux autorités qui doivent suivent des protocoles établis. Des ONG peuvent faire appel à des volontaires, augmentant leurs effectifs promptement sur le terrain.


Les activités idéales

Il y a toute une pléiade d’activités économiques qui peuvent être effectuées par des entrepreneurs sociaux. Outre le recyclage et l’artisanat, il y a l’élevage, l’alimentation, la fabrication artisanale, le counselling, le sport, les loisirs, mais aussi les services et la technologie informatique. En effet, la technologie ouvre la voie à toute une série d’activités innovantes pour les ONG.


Qui sont les ONG ?

Le terme ONG n’a pas de définition exacte. À Maurice, les ONG sont officiellement des associations régies par la Registrar of Associations Act, et le ‘Registrar of Associations’ est placé sous la tutelle du ministère de l’Emploi. Les ONG ne génèrent pas de revenus, elles dépendent sur la contribution des autres pour survivre. Par exemple, les ONG obtiennent des donations de la part des bienfaiteurs, ou encore sollicitent les compagnies pour bénéficier d’un financement grâce à la ‘Corporate Social Responsibility’ (CSR) ou font appel à la National CSR Foundation. Des ONG à Maurice reçoivent aussi du soutien des organes internationaux comme l’Agence Française de Développement ou encore la Délégation européenne. Selon les derniers chiffres officiels, il y a 9,954 ONG inscrites et actives à Maurice.


Création d’emploi

Les ONG ont bien la capacité de créer des emplois, si elles peuvent payer des salaires. Mais pour y arriver, il faut qu’elles génèrent des revenus. Or, la législation actuelle n’offre aucune disposition pour cette éventualité. À ce jour, c’est l’artisanat qui domine les activités entreprises par des associations sociales. Pourtant, il y a beaucoup d’activités qui ne sont pas assez lucratives pour intéresser les compagnies, mais qui peuvent facilement être entreprises par des ONG, par exemple, le recyclage, l’agriculture, les ‘Charity Shops’, etc.

Ainsi, des ONG pourront lever des fonds et devenir indépendantes. Si nous prenons l’exemple du recyclage, la contribution des ONG peut aider à réduire les déchets plastiques qui finissent par polluer nos cours d’eau et boucher les drains. Dans le domaine agricole, des activités des ONG peuvent promouvoir la subsistance alimentaire et permettre aux familles de faire des économies.


Business as usual?

À chaque grosse averse, des maisons sont inondées et des familles perdent leurs effectifs. Dans certains villages, ce sont toujours les mêmes endroits qui sont inondés. L’absence de drains est, certes, une des raisons, mais il y a aussi des maisons qui n’ont pas respecté les normes de construction. À Maurice, ce n’est pas encore dans nos habitudes de consulter un architecte ou un ingénieur pour des conseils avant la construction d’une maison.

Bien sûr, bâtir sa maison est un rêve pour chaque famille mauricienne, et beaucoup de maisons sont construites graduellement, faute de moyens, et certaines personnes ne peuvent se payer les frais des professionnels de la construction. C’est bien là où les autorités peuvent intervenir, en mettant à la disposition des familles  moyennes, les facilités d’accès à ces professionnels, à travers les collectivités locales, pour des conseils utiles. Avec le changement climatique, les inondations deviendront plus fréquentes, donc, il est temps de revoir nos ‘building guidelines’ surtout que le ‘plinth level’ recommandé par le ‘Building and Land use Permit’ est de seulement 450 mm. Or, il faut plutôt mesurer par rapport au niveau de la rue et en prenant en considération les nouvelles tendances météorologiques sur l’île.

Ce n’est pas dans nos habitudes de contracter des polices d’assurances pour se protéger contre les périls de dame nature. Or, à un moment où on veut vulgariser le secteur des services financiers, quoi de mieux que d’encourager les gens à souscrire à une ‘home insurance’.

Un autre fait à souligner, aujourd’hui des ex-champs de cannes se transforment en zones résidentielles, et face à la crise du logement, les gens ne peuvent attendre l’arrivée des infrastructures de base comme des chemins asphaltés, des drains, etc., pour entamer leurs projets. Or,  quand on aura déjà bétonné ces champs sans aucune planification, on créera d’autres Fond-Du-Sac ou Amaury ou Canal Dayot. La réhabilitation demain coûtera dix fois plus cher que la dotation des infrastructures aujourd’hui…

Finalement, n’est-il pas temps de faire un recensement national des logements vulnérables et de voir comment résoudre ce problème, en donnant priorité à ceux plus à risques ? Dans certains cas, n’est-il pas plus économique de reloger certaines familles (en trouvant bien sûr des moyens de compensations adéquates), afin qu’elles ne subissent pas les mêmes calvaires à chaque grosse pluie, et aussi cesser d’octroyer de nouveaux permis de construction dans des zones à risques ?

 

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