Opération de renflouage à Le Bouchon: 1 500 m de barrages antipollution importés pour protéger Blue-Bay

Les Grecs ne veulent prendre aucun risque. Des barrages seront installés autour du vraquier jusqu’à la fin de l’opération de renflouage pour éviter tout risque de pollution. Il n’y aura pas d’à-peu-près. Les experts grecs de la firme Five Oceans Salvage (FOS) ont commandé 1 500 mètres de bômes de confinement – (booms en anglais), barrages antipollution – pour éviter la pollution du parc marin de Blue-Bay par des résidus d’huile lourde du MV Benita. C’est une mesure de précaution. Le pompage des 124 tonnes de fioul et 36 tonnes de gazole du navire a déjà commencé. Les réservoirs de transferts seront transportés à terre par des hélicoptères de la police. Les barrages antipollution arriveront ce mercredi. Ils seront installés au large de Le Bouchon, où le vraquier de 44 183 tonnes est coincé sur les récifs. Moteur et transpondeur éteints, le navire a dérivé jusqu’à l’entrée du minuscule lagon du Sud, vendredi matin. Le graisseur Omar Taton s’était enfermé dans la salle des machines après une bagarre avec le 4e mécanicien Alvin Marderse. Pour stabiliser le MV Benita, l’équipe de FOS, stationnée à Maurice depuis l’accident de l’Angel One, a amarré leur remorqueur au mastodonte de 181,5 m qui a perdu ses deux ancres.

Résidus d’huile lourde

L’objectif est d’empêcher le navire ne s’approcher davantage du littoral où ne se renverse sur son flanc à cause de la forte houle. Samedi, avec l’arrivée de onze autres experts de FOS, les 780 mètres de barrages antipollution disponibles à Maurice ont été déployés au Bouchon par la Special Mobile Force et le National Coast Guard. Des résidus d’huile lourde ont été découverts sur la plage. À l’issue d’un Preliminary Salvage Plan dressé par les Grecs, 54 réservoirs d’une capacité de 1 000 litres ont été acheminés à bord du Benita, lundi. Un premier générateur devant servir au pompage du carburant a également été transporté à bord. Un deuxième a été démonté au préalable, étant plus lourd que le Dhruv, le gros hélicoptère de la police. Sitôt les Cubic Tanks remplis, ils sont débarqués sur un terrain vague à Le Bouchon et non à l’aéroport. Les autorités veulent éviter le survol des habitations. À mardi soir, les propriétaires du terrain choisi pour ce transbordement n’avaient pas encore été identifiés. Cette partie du littoral fait l’objet de conflits entre héritiers. Les autorités évoqueront un cas de force majeur pour occuper cette parcelle en friche durant cinq jours au moins.

Calfeutrer les brèches

Face à l’empressement du ministre de l’Environnement, Alain Wong, à renflouer le vraquier au plus vite, FOS a fait venir douze autres experts en soudure sous-marine. Ils opéreront en rotation pour calfeutrer les brèches notées dans les doubles coques des cinq cales. Alain Wong a sollicité d’autres experts, dont ceux attachés à Taylor Smith ou au Chantier naval de l’océan Indien, pour émettre un second avis et évaluer les opérations de sauvetage du Benita par FOS. Recrutée par l’armateur Unit Maritime Inc, FOS a indiqué que le vraquier « is pounding and shaking with heavy knocks and vibration noticed on sharp volcanic rock seabed exposed to easterly swell and waves breaking to her stern ». D’où l’observation qu’un « seesaw effect can be noticed as an impact of the heavy swell with balance point in the area of cargo hold n° 3 ». Il faudra attendre le pompage du carburant et l’arrivée du Coral Sea FOS, le 30 juin, pour passer aux choses sérieuses.