À partir de janvier 2024, les écoles pré-primaires seront gratuites. C’est l’annonce faite par le Premier ministre Pravind Jugnauth dans son message à la nation, à l’occasion des célébrations du 55e anniversaire de l’Indépendance du pays et du 31e anniversaire de son accession au statut de République.
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Pravind Jugnauth soutient que son gouvernement proposera un système de « Grant-in-aid » et invitera les écoles maternelles privées à y participer.
« Nous souhaitons que le pré-primaire soit accessible gratuitement et nous voulons assurer que tous les enfants âgés de 3 à 5 ans ont les mêmes chances d’accéder à une école pré-primaire de qualité. Le ministère des Finances et celui de l’Éducation travaillent déjà sur le projet », dit le chef du gouvernement. Au niveau du ministère de l’Éducation, nous apprenons que les modalités sont toujours au stade de discussions avec le ministère de Finances, comme l’a indiqué le Premier ministre.
Cette annonce, qui est considérée comme étant une bonne décision, en a surpris plus d’un dans le secteur. « J’ai été choquée d’entendre cela. C’est une très bonne décision. C’est bien dans un sens de traiter tous les enfants sur un pied d’égalité. L’éducation au pré-primaire est fondamentale, car c’est là que l’enfant se construit. C’est un lieu où l’enfant apprend en jouant. Il y a tout un travail pédagogique à faire pour que toutes les écoles puissent être au diapason », explique Sylvette Paris Davy, directrice de l’École Bethléem.
La directrice est cependant d’avis que les autorités doivent réunir l’ensemble des professionnels de ce secteur pour savoir comment fonctionne une école privée. Pour sa part, Caroline Arekion, la directrice de l’Early Childhood Care and Education Authority (ECCEA), a précisé lundi : « J’attends aussi la décision finale sur la question. Il faudra un temps de réflexion pour trouver la formule idéale, voire équitable pour tout le monde. »
Écoles publiques et privées
Les écoles publiques sont attachées aux écoles primaires. Elles accueillent les enfants entre 8 h 30 et 14 h 30. Les enfants restent jusqu’à 17 heures dans les écoles du privé, avec un système de garderie (« child minding service ») après les heures de classe. Cela permet aux parents de récupérer leurs enfants après le travail. Les directeurs des écoles privées offrent aux enfants un déjeuner et plusieurs facilités.
Les directeurs renouvellent en ce moment leur enregistrement pour deux ans, le dernier ayant expiré en décembre 2022. Il revient que plus de 300 responsables l’ont fait. D’ici un mois, ils auront tous complété les formalités. Nous apprenons aussi qu’il y a aujourd’hui certaines questions, relatives au « child minding service », avant et après les heures de classe, qui ne figuraient pas les années précédentes.
Fourchette des prix
Selon notre petite enquête, les prix pratiqués par les écoles privées varient entre Rs 500 et Rs 10 000, voire plus selon les services offerts.
Une table ronde souhaitée
À la suite de l’annonce du Premier ministre, des associations regroupant des établissements privés et publics demandent plus de précisions à ce sujet. Une table ronde est préconisée avec tous les acteurs concernés.
La présidente de l’association des directeurs des écoles pré-primaires privées, Jaya Nursimulu, affirme que depuis qu’ils ont pris connaissance de l’annonce, les membres de l’association se concertent. Selon elle, il est nécessaire d’obtenir plus d’éclaircissements. « Le Premier ministre a annoncé que le pré-primaire sera gratuit. Comment cela va-t-il se passer dans la pratique ? Quelles seront les procédures ? » demande-t-elle.
Jaya Nursimulu s’inquiète également d’une possible ruée vers les écoles privées. Elle explique que les écoles ont un quota d’enfants qu’elles peuvent accueillir et que les frais de scolarité varient d’un établissement à l’autre. Elle souligne aussi que le niveau d’enseignement n’est pas le même partout. « Chaque école est différente. C’est pourquoi il est important qu’il y ait des concertations avec les écoles. C’est primordial. Nous devons jouer cartes sur table pour voir quels sont les avantages et désavantages. Nous sommes prêts à aider, mais pour cela, il nous faut tous les détails », dit-elle, en espérant qu’une réunion se tiendra prochainement avec les autorités.
Artee Choytooa, présidente de l’Early Childhood Teachers Union (ECTU), abonde dans le même sens. « Nous ne savons pas exactement comment cela va se passer. Les autorités doivent venir clarifier les choses. Il y a des écoles privées et publiques. Déjà dans les écoles publiques, il y a des problèmes. Cela peut être l’occasion de se concerter pour voir quelles sont les forces et les lacunes et comment améliorer les choses », estime-t-elle.
Témoignages des parents
Haadiya Deeda :
« C’est une très bonne initiative. Ce ne sera pas bénéfique que pour les parents, mais pour la société en général. En effet, le coût des écoles pré-primaires est élevé. Nombreux sont ceux qui ne peuvent se le permettre. Par conséquent, certains parents essaient de trouver des écoles moins chères, mais souvent la qualité de l’éducation pose problème. À travers cette mesure, les inégalités économiques et éducatives seront réduites. »
Anjali Hurry Ramluggun :
« Pour moi, c’est une très bonne idée. Les frais de scolarité sont très chers. Il faut compter Rs 6 900 par mois. Cela pèse lourd sur le budget lorsqu’on compte les autres dépenses pour l’enfant. Nous avons opté pour une école privée pour plusieurs raisons, bien que cela ait un coût. Nous souhaitons que notre enfant ait une bonne base, car les écoles privées ont un système d’apprentissage différent qui inclut des activités sportives, le jardinage, la piscine, le yoga et autres. Cela m’arrange aussi, car le déjeuner et le goûter sont offerts à l’école. Donc, cette mesure va nous soulager. »
Hansee :
« Il y a plusieurs frais. Les frais d’entrée, les fournitures scolaires, les frais pour la nourriture et les autres frais extrascolaires. Nous devons donc attendre d’avoir plus d’éclaircissements. Le pré-primaire est déjà gratuit dans le public. Les enfants ont déjà une chance égale à travers cela. Cependant, nous devons reconnaître que certaines écoles pré-primaires publiques font un meilleur travail que des écoles privées. »
Manjusha :
« Ce sera définitivement un soulagement. Je suis femme au foyer et c’est seulement mon époux qui travaille. Notre enfant est scolarisé en pré-primaire et va aussi à la garderie, ce qui coûte plus cher. Avant, je travaillais et j’ai dû chercher une école qui propose le service de garderie. Avec la Covid-19, la compagnie où je travaillais a fermé ses portes. Cependant, je n’ai pas changé d’école pour un établissement public car ma fille fait des progrès. »
Population au pré-primaire de 2011 à 2021 | |||
Année | Total | Garçons | Filles |
2011 | 30 082 | 15 351 | 14 731 |
2012 | 29 893 | 15 125 | 14 768 |
2013 | 28 661 | 14 508 | 14 153 |
2014 | 27 631 | 13 538 | 14 093 |
2015 | 28 381 | 14 283 | 14 098 |
2016 | 27 380 | 13 846 | 13 534 |
2017 | 25 948 | 13 218 | 12 730 |
2018 | 23 975 | 12 242 | 11 733 |
2019 | 24 049 | 12 312 | 11 737 |
2020 | 26 162 | 12 778 | 12 081 |
2021 | 23 603 | 12 603 | 11 518 |
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