Née à Madagascar et n’ayant pas d’acte de naissance : Anouchka est bloquée dans toutes ses démarches

Âgée de 30 ans, Anouchka Labonté-Graf vit à Maurice depuis l’adolescence. D’origine malgache et Suisse par adoption, elle s’est mariée ici à 16 ans. Aujourd’hui, cette mère de cinq enfants est dans une impasse. Sans acte de naissance, elle ne peut pas obtenir la nationalité mauricienne, et encore moins l’aide de l’État dont elle aurait besoin.

Anouchka Labonté-Graf, une habitante de Tranquebar, ne compte pas baisser les bras. Née à Madagascar, elle s’est retrouvée très jeune dans un foyer. « Je suis issue d’une famille pauvre. Mon seul souvenir, c’est qu’à l’âge de 5 ans, un couple suisse m’a adoptée, avec deux autres filles. Je suis donc partie vivre en Suisse. » 

Les choses se passent bien avec la famille, jusqu’à ce qu’elle fasse sa crise d’adolescence. « J’étais une adolescente difficile. Pour me punir, mes parents adoptifs voulaient me renvoyer au foyer. J’ai alors fait une demande pour aller vivre avec une de mes sœurs d’adoption à Maurice. » 

C’est ainsi qu’Anouchka débarque dans notre île. « À mon arrivée, j’ai vécu avec ma sœur adoptive jusqu’à ce que je prenne mon envol. » À l’époque, elle fait des allers-retours réguliers entre la Suisse et Maurice. Puis elle rencontre l’homme qu’elle épousera. Elle se marie en 2008. Elle n’a alors que 16 ans.

Aujourd’hui mère de cinq enfants, un événement vient chambouler sa vie. Elle a appris récemment qu’elle était porteuse d’une grave maladie. « Le médecin m’a remis un document pour que je puisse toucher une pension d’invalidité. » Sauf que pour cela, même si elle est mariée depuis 14 ans, elle doit d’abord acquérir la nationalité mauricienne. « Les autorités exigent un acte de naissance pour la demande de naturalisation. » Et ce document, Anouchka ne l’a pas.   

 « Les papiers de mon adoption avaient suffi pour qu’on me délivre un passeport suisse. Je suis née à Madagascar et je ne connais pas mes vrais parents, pas même un membre de ma famille biologique. C’est difficile pour moi de les retracer. Et partir là-bas pour faire des recherches n’est pas envisageable. Je suis mère au foyer. Je ne peux pas laisser mes enfants », explique-t-elle. 

Soins payants

Elle a bien essayé de contacter le foyer où elle a passé les premières années de son enfance. « Je me suis renseignée mais ce foyer qui était situé à Tananarive n’existe plus. » En somme, impossible d’obtenir un acte de naissance malgache. Un réel casse-tête pour la jeune femme. « Sans acte de naissance, je ne peux même pas ouvrir un compte bancaire. Toutes mes démarches sont bloquées. » 

De plus, comme elle n’est pas citoyenne mauricienne, les soins à l’hôpital, pour elle, sont payants. « J’ai dû payer les frais de l’accouchement pour deux de mes enfants car la loi a changé. Mon dernier accouchement m’a coûté Rs 10 000 », indique-t-elle. 

La solution, selon Anouchka, serait d’obtenir un acte de naissance mauricien. « J’aimerais savoir si c’est possible de se faire déclarer à nouveau. C’est uniquement de cette façon que je pourrais entamer mes démarches. »

La mère de famille souhaite avant tout que ses problèmes soient réglés afin d’assurer un avenir à ses enfants. « J’ai comme rêve d’avoir une maison pour élever mes enfants. Nous vivons actuellement en location. Dès que j’aurai un acte de naissance, je pourrai enfin avancer dans mes projets », dit-elle.