Interview

Nada Padayatchy: «Les photos de singes maltraités sont utilisées hors-contexte»

Nada Padayatchy, président de la CynoBreeders Association
Les exportateurs mauriciens de singes montent au créneau. Le président de la CynoBreeders Association, Nada Padayatchy, affirme que les opposants à cette pratique négligent d’utiliser toutes les données disponibles. Il considère que l’utilisation des primates est essentielle aux avancées de la médicine. L’exportation de singes est pointée du doigt par les organisations internationales. Qu’en pensez-vous ? C’est tout à fait logique que ces organisations mettent en avant leur agenda. Bien sûr, ce n’est pas justifié. Il y a un réel besoin d’un certain nombre de primates pour la recherche biomédicale dans plusieurs secteurs. Leur utilisation pour les tests, les conditions d’élevage et l’acheminement vers les centres de recherches, sont régis par un cadre légal très strict. Par exemple, l’exportation des animaux, y compris des singes, est régie par les normes imposées par l’International Air Transport Association. Cette instance définit le design et la taille des compartiments d’acheminement de même que les dispositions à prendre pour la nourriture et l’eau à fournir aux animaux durant le transit. Le fait que le Royaume-Uni utilise principalement des singes en provenance de Maurice est signe que les centres de recherche et le gouvernement britannique reconnaissent la très bonne qualité de nos singes de même que l’excellence de nos fermes d’élevages en termes de suivis sanitaires et vétérinaires de même qu’au niveau du bien-être de l’animal. La maltraitance de singes est un des principaux arguments avancés par les organisations qui condamnent cette pratique. Qu’en est-il au juste ? Les images de soi-disant cas de maltraitance et de cruauté sont les outils utilisés par ces organisations qui militent contre l’utilisation des animaux dans la recherche biomédicale pour faire avancer leurs causes. Mais ces images sont bien souvent prises hors contexte et parfois montées de toutes pièces. Au-delà du cadre légal, il s’agit aussi d’une question d’éthique et également scientifique. La maltraitance et la cruauté n’ont pas de place dans cette industrie. Ces animaux sont utilisés pour faire avancer la recherche biomédicale pour le bien des animaux en milieu vétérinaire mais aussi pour l’humanité. On leur doit de la reconnaissance et du respect. Leur bien-être est d’une importance capitale. D’un point de vue scientifique, un animal en bonne santé physiologique et psychologique est plus apte à apporter des résultats concluants. Dans le milieu de la recherche, la majorité des procédures ne provoque aucune douleur et pour ceux qui en impliquent, la douleur est gérée et mitigée par l’utilisation d’anesthésies et d’analgésiques. Les organisations susmentionnées font bien sûr l’impasse sur tout cela. Elles ne montrent que des images morbides prises hors contexte en faisant croire que c’est la norme! Êtes-vous d’avis que l’exportation de singes à des fins médicales est essentielle pour l’industrie pharmaceutique ? Pourquoi ? L’utilisation des singes dans la recherche est effectuée uniquement dans des cas où c’est seulement cette espèce qui permet d’avoir les résultats les plus probants qui peuvent être transposés chez l’homme. Il faut aussi dire que le singe est l’espèce animale qui se rapproche le plus de l’homme génétiquement et physiologiquement et cela permet bien souvent d’avoir des résultats plus concluants pour la recherche. Il n’y a pas que des soins, il y a aussi des découvertes très importantes qui ont été faites grâce aux singes : anesthésies modernes, vaccins contre la diphtérie, découverte du facteur Rhésus dans le sang, méthodes de dialyse rénales, vaccin contre la polio, vaccin contre la rubéole, traitement de la lèpre, différents traitements contre le virus VIH et les médicaments contre l’asthme, entre autres. Aujourd’hui encore, il y a plusieurs axes de recherche qui utilisent les singes – contre le diabète, les maladies cardiovasculaires, contre différents types de cancer, des maladies gériatriques (Alzheimer, cataracte, ostéoporose etc.), le développement des vaccins, les troubles neurologiques. Pourriez-vous faire le point sur le business d’élevage et d’exportation en termes d’unités, du nombre de sociétés impliquées dans ce business, de revenus et d’emplois et de marchés ? L’industrie d’élevage de singes pour la recherche biomédicale existe à Maurice depuis 30 ans déjà. Il y a cinq sociétés qui opèrent dans ce domaine et en termes de revenus, cette activité, rien que sur les cinq dernières années, a rapporté au pays autour de Rs 3,5 milliards. Le marché de cette industrie est principalement les grandes boîtes pharmaceutiques et autres centres de recherche en Europe et en Amérique du Nord. Cette industrie contribue annuellement quelque Rs 25 millions au Fonds de conservation et du parc national pour financer les projets gouvernementaux de conservation de la biodiversité. Elle assure quelque 500 emplois directs tels que techniciens animaliers, techniciens vétérinaires, vétérinaires, comportementalistes et techniciens de maintenance, entre autres. On estime plus du triple en emplois indirects. Planteurs et fournisseurs de légumes et fruits frais, entre autres. L’industrie consomme à peu près 200 tonnes de légumes et de fruits frais par mois. Tout est produit localement.
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