"Coronados de gloria"! Couronnés de gloire, comme dans les paroles de l'hymne national argentin, les champions du monde aux trois étoiles de Lionel Messi s'apprêtaient lundi retrouver une Buenos Aires encore grisée d'une nuit de liesse après une finale de légende.
Publicité
Les hommes de Lionel Scaloni étaient attendus vers 19H00 locales (22H00 GMT) a l'aéroport d'Ezeiza de Buenos Aires, où une réception en petit comité était prévue, selon une source aéroportuaire. Mais sans certitude encore sur des retrouvailles d'"alegria" XXL le soir même avec le plus d'un million de Porteños qui jusque tard dans la nuit ont fêté le 3e titre mondial.
La fête pourrait durer jusqu'à mardi. Elle le vaut bien, après 36 ans d'attente de l'Argentine depuis son dernier sacre mondial, en 1986.
"Cela ne fait que commencer, et ça ne finira pas demain, parce qu'ils arrivent demain. On va continuer encore un peu", lançait à l'AFP Veronica Silva, une enseignante de 44 ans, au coeur de Buenos Aires où des centaines de milliers, plus d'un million, selon des médias, marée ciel et blanc, sautaient, chantaient, agitaient des drapeaux, plus de huit heures après le match.
Au stade Lusail de Doha, celui-ci avait offert une apothéose de légende à un joueur de légende: l'Argentine de Lionel Messi a remporté la Coupe du monde en battant aux tirs au but la France (3-3, 4 tab à 2), au terme de l'un des plus grands matchs de l'histoire du football.
Alors que les Argentins menaient 2 à 0 grâce à son penalty (23e) et un but de son lieutenant préféré Angel Di Maria (36e), l'autre star de ce Mondial, Kylian Mbappé, a ramené son équipe à hauteur en quelques secondes (80e, 81e). Puis Messi a vu le Français réussir son deuxième penalty de la soirée (118e) alors que l'Argentin venait de redonner l'avantage aux siens et haranguait son public (109e).
Mais après quatre échecs à un Mondial depuis 2006, cette fois, c'était le soir de Messi. Au bout du suspense, aux tirs au but, les Français Kingsley Coman et Aurélien Tchouaméni échouaient dans cette terrible épreuve dont le gardien argentin Emiliano Martinez a été le héros.
- "Que demander de plus ?" -
Cette troisième étoile pour l'Albiceleste, après celles des équipes de Daniel Passarella (1978) puis Diego Maradona (1986), portera la marque de Messi, immédiatement désigné meilleur joueur du tournoi, pour le plus grand bonheur de ses millions d'admirateurs dans le monde.
Ce titre mondial lui permet de rejoindre dans la légende Maradona, "el pibe de Oro". Il surpasse aussi Pelé, avec 13 buts en cinq éditions de la compétition reine du football, un de plus que le Brésilien aux trois titres mondiaux.
Son sacre est "mérité", a réagi sur Instagram Pelé, qui a suivi le Mondial depuis son lit d'hôpital où il lutte contre un cancer du côlon. "Diego est certainement en train de sourire", a ajouté Pelé, deux ans après le décès de Maradona.
"Nous sommes champions du monde!", a lancé Messi au micro, extatique. "Qu'est ce que je peux demander de plus?". Avant de rassurer ses fans: "Je veux vivre quelques matchs de plus" avec la sélection. Les joueurs se sont offert un timide avant-goût de leur retour au pays avec une parade dans un bus à impériale dans les rues de Doha.
Pour la France tenante du titre, cette dernière marche était celle de trop. Malgré son joyau qui a grandement contribué à faire de ce match une oeuvre d'art.
Étincelant, brillant, Mbappé en est à 12 buts en Coupe du monde, autant que Pelé. Son triplé en finale, une première depuis l'Anglais Geoff Hurst (1966) qui s'est fendu d'un tweet de félicitations, lui offre une piètre consolation: le titre de meilleur buteur du tournoi (huit).
Mais la France ne deviendra pas la 3e nation à conserver le plus grand des trophées du football, comme l'avaient fait l'Italie (1934 et 1938) puis le Brésil du "roi" Pelé (1958 et 1962).
Son sélectionneur Didier Deschamps dira début 2023 s'il continue ou s'il passe la main.
Selon la Fédération française de football, les Bleus devaient quittent Doha à 13h30 par un avion Air France spécialement affrété pour une arrivée à 18h00, heure française, à Roissy.
- Bientôt 48 équipes -
Le Mondial du Qatar fut un tournoi à nul autre pareil: un Mondial de la démesure, nécessitant entre 200 et 300 milliards d'euros d'investissements selon les estimations. Sept des huit stades ont été bâtis pour l'occasion.
Il est venu interrompre les saisons de football professionnel, pour éviter les températures estivales insupportables du petit émirat gazier.
Les organisateurs ont été en butte à de nombreuses polémiques.
Il y eut d'abord les accusations de corruption pour obtenir en 2010 l'organisation de la compétition aux dépens des États-Unis, à la surprise générale. Des enquêtes judiciaires sont en cours dans plusieurs pays.
Le Qatar a aussi été critiqué sur la question des droits humains, notamment le traitement réservé aux travailleurs migrants d'Asie du Sud et d'Afrique. Il dément que des milliers d'entre eux aient trouvé la mort sur les chantiers du Mondial.
Dans un entretien à l'AFP, le directeur général de l'Organisation internationale du travail (OIT), Gilbert F. Houngbo, a expliqué que le bilan exact ne serait jamais connu. Mais que "le Qatar (avait) mieux fait dans ce domaine que d'autres pays" et loué un "travail très positif" pour améliorer les droits sociaux à la faveur du tournoi.
En termes de gigantisme, le prochain Mondial s'annonce plus démesuré encore, avec trois pays organisateurs, Etats-Unis, Mexique et Canada, 16 villes distantes de milliers de kilomètres... Un total de 48 équipes y participeront, contre 32, soit plus de cent matchs (contre 64 actuellement).
© Agence France-Presse
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !