«J'échangerais mes cinq Ballons d'or pour un Mondial» : raté pour Lionel Messi, éliminé ce samedi par la France de ce qui sera probablement sa dernière Coupe du monde et qui, s'il a tout gagné avec Barcelone, semble impuissant à stopper la décrépitude de la maison Albiceleste.
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Pas sûr qu'il détrône Diego Maradona dans le coeur des Argentins. Marié à son amour de jeunesse Antonella Roccuzzo, il est pourtant aussi lisse et consensuel - sans frasques connues à part un scandale d'évasion fiscale - que son grand prédécesseur est fantasque et controversé.
Mais alors qu'il aura 35 ans pour le Mondial-2022 au Qatar, cet immense joueur n'a rien gagné d'autre avec son pays qu'un or olympique (2008) tandis que le charismatique «Pibe de Oro» a entraîné l'Argentine jusqu'au sacre mondial en 1986.
Laisser de côté les comparaisons
«On dit que si Messi ne gagne pas le Mondial, il ne sera pas supérieur à Maradona mais je crois que ce sont des comparaisons qu'on devrait laisser de côté», avait plaidé le président de la Fédération argentine de football (AFA) Claudio Tapia, avant que l'Argentine ne bazarde son Mondial russe.
Mais le contraste n'en demeure pas moins grand entre Maradona et Messi, qui reste sur six petits buts en quatre Coupes du monde, une finale perdue en 2014 et sur cette élimination russe.
Ce n'est, bien sûr, pas que le seul fait de la «Pulga» d'1m69. «Il a des repères à Barcelone, dans une équipe qui a des repères collectifs et il est alors capable de faire des choses», note pour l'AFP l'ancien entraîneur de Nantes Raynald Denoueix. «Là, il y a plein de choses qui collectivement n'existent pas».
Pas un politique
Parce que les Argentins ont estimé qu'ayant Messi, ils n'avaient pas besoin de grand-chose d'autre ou parce qu'un joueur avec un tel palmarès (5 Ballons d'Or de 2009 à 2012 puis en 2015, quatre Ligue des champions 2006, 09, 11, 15, huit Ligas...) a forcément plus de poids dans le vestiaire ?
«Quand vous donnez les clés à un joueur, il faut que ce soit quelqu'un qui ait une vraie maturité», tacle l'ancien chef de presse de l'équipe de France François Manardo, désormais consultant sur BFM/RMC Sports. «Là, vous avez quelqu'un qui, pour un papier sur Lavezzi (où il était écrit que l'ancien Parisien avait fumé un joint au centre d'entraînement, NDLR), décide de boycotter tous les médias... Ce n'est pas une décision frappée du sceau de l'intelligence».
«Pendant toute sa carrière, la Fédération argentine aura été impuissante, entre guerres de clans et guerres politiques, à surfer sur le fait d'avoir le meilleur joueur du monde», nuance auprès de l'AFP Alexandre Juillard, auteur en 2017 du livre «Insubmersible Messi». «Et lui, ce n'est pas le genre de mec à pouvoir affronter ça. Ce n'est pas une grande gueule, un politique, un Maradona».
Quatre finales perdues
Messi reste globalement intouchable dans les médias argentins, surtout depuis qu'il a annoncé sa retraite internationale au soir d'une quatrième finale perdue, la troisième consécutive (Copa America 2007, 2015, 2016, Mondial-2014, en 2016), avant de se raviser.
Mais il n'a pas été épargné après la déroute contre la Croatie. Daniel Bertoni, champion du monde 1978, a ainsi estimé que si «l'équipe ne fait rien pour Messi», «lui n'a rien apporté à l'équipe».
Il a été décisif contre le Nigeria mais risque d'être à nouveau ciblé après le huitième de finale perdu. «Les médias argentins ont tout intérêt à le fracasser lui, plutôt que de voir que le foot argentin est un énorme foutoir avec une fédération qui ne marche pas droit», anticipe Alexandre Juillard.
Même dans son grand duel avec Cristiano Ronaldo, le Portugais est en train de prendre l'ascendant. Aussi bling-bling et individualiste que Messi est mutique et collectif dans son jeu, 'CR7' n'en demeure pas moins bien parti pour être le premier à six Ballons d'Or. Il a déjà ravi, en mai et avec le Real Madrid, une cinquième Ligue des champions... Une de plus que Messi.
Surtout, il a offert à son pays le premier titre de son histoire, le championnat d'Europe 2016.
La même année, l'Argentine échouait en finale de Copa America aux tirs au but. Les comparaisons sont décidément cruelles pour Messi.
© Agence France-Presse
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