Dimanche dernier, le pays s’est réveillé en apprenant le meurtre sordide dont a été victime le petit Ritesh Gobin, 11 ans, à Petite-Rivière. Un drame qui a fait couler beaucoup d’encre mais surtout beaucoup de larmes, notamment celles des parents du garçon. La compagne du meurtrier est sortie de son mutisme, racontant le calvaire qu’elle a vécu avec cet homme qu’elle qualifie de « monstre ».
Souffrance, tristesse, révolte, incompréhension, colère… Autant de sentiments qui animent les parents du petit Ritesh froidement tué le samedi 20 octobre. Ce drame, qui a mis tout le pays en émoi, a ébranlé plusieurs vies. À commencer par celle des proches de l’enfant, incluant Sheenah (prénom modifié) la sœur de ce dernier qui l’a vu se faire égorger. Puis il y a la compagne du meurtrier qui, après avoir eu à subir un déferlement de violence de la part de cet homme, doit aujourd’hui faire face au regard des autres. Nous sommes allés à leur rencontre, une semaine après cette tragédie.
Assise et le regard plongé dans le vide, Kushboo, la mère de Ritesh, semble abasourdie. Elle hésite d’abord à nous parler. Mais on comprend qu’il y a une raison à cela. « Les officiers de la Child Development Unit (CDU) m’ont demandé d’éviter d’en parler, surtout devant Sheenah pour ne pas la perturber », finit par confier la jeune femme. La fillette est toujours hospitalisée. D’ailleurs, seuls ses parents ont le droit de lui rendre visite, le but étant de ne pas la traumatiser davantage. Ce n’est que lorsqu’elle sera rétablie que les enquêteurs de la Major Crime Investigation Team (MCIT) l’interrogeront.
Kushboo explique que Sheenah lui parle tous les jours de Ritesh. « Elle me dit : ‘Mama, mo frer mank mwa’. Je ne sais pas quoi lui répondre. Je tente de la consoler comme je peux. Mais c’est difficile pour moi », lâche la maman en pleurs.
Si elle essaie de ne plus en parler, la douleur ancrée au plus profond de son âme la pousse à le faire : « Mon fils n’avait jamais fait de mal à personne. Il était encore si petit. Tout ce qu’il me reste de lui désormais est le souvenir de l’enfant jovial qu’il était. Je suis brisée. C’est la pire souffrance que j’ai eu à vivre de toute ma vie. »
« C’est un monstre »
S’il y en a une qui regrette d’avoir fait la connaissance de Sachin Tetree, c’est bien Reshmi Sumboo, sa compagne. « C’est un monstre qui ne mérite pas de vivre. Je maudis le jour où je l’ai rencontré », lance-t-elle d’emblée. Cette femme âgée d’une quarantaine d’années raconte que son fils de neuf ans est terrorisé à l’idée que son père puisse un jour sortir de prison : « Li dir mwa ki so papa enn demon e ki li per li touy li kan li sorti depi dan prizon kouma linn touy so kamarad. »
Elle explique que si elle avait accepté de souffrir en silence jusqu’ici c’est par amour pour son fils. Elle ne voulait pas que ce dernier éprouve du mépris à l’égard de son père. « Il aime son papa. Il gardait espoir qu’il changerait un jour. Il ne veut désormais plus entendre parler de lui. Mon enfant est stressé. Il ne sort plus de la maison. Il me dit que son père est un criminel. Il me demande si les gens le qualifieront un jour de fils de criminel », se désole-t-elle.
Reshmi raconte que deux semaines avant le meurtre, Sachin avait menacé de la défigurer. « Li finn amenn mwa devan laglas linn dir mwa : ‘Get byen. Mo pou defigir twa. Mo pou mark twa avi pou to rapel mwa touletan’. » Elle soutient qu’il l’empêchait de parler aux voisines. « J’étais torturée par ce bourreau », conclut-elle.
Nous sommes également allés à la rencontre de Vimila, l’ex-épouse de Sachin. Elle a déclaré d’entrée de jeu que comme elle, aucune mère ne pourra pardonner à son ex-mari cet acte abominable. « Mon cœur de mère saigne quand je pense à ce crime. Mo demann mwa kouma enn boug 37 an kapav pena lespri koumsa. »
Elle relate que c’est à travers les médias qu’elle a appris que Sachin a dit avoir tué le petit Ritesh pour venger leur fils de 11 ans. Elle précise que ce dernier a été transféré à l’école de Gros-Cailloux parce qu’il avait agressé un élève dans son ancien établissement à Bambous. « Eski lot paran-la ti bizin touy mo garson akoz mo garson finn bat so zanfan ? Les enfants sont naïfs et innocents. Il faut être doux avec eux. Si on leur parle avec amour, ils en feront de même avec les autres. Sachin aurait dû réfléchir avant d’agir comme un monstre », fulmine Vimila.
C’est dans la nuit du samedi 20 octobre que Ritesh Gobin, 11 ans, a été égorgé dans un buisson à Petite-Rivière par Sachin Tetree, un ami de son père. Sheenah, la sœur du garçon, a été témoin de ce crime. Dans sa déposition, le meurtrier dit avoir agi par vengeance. Il allègue que Ritesh agressait son fils de 11 ans à l’école et que ce serait pour cette raison il l’a tué. L’enquête policière se poursuit. Elle est menée par la MCIT sous la supervision de l’assistant commissaire de police Callee.
La mère du meurtrier : « Sachin n’est pas un pervers »
Si Saroj, la mère de Sachin Tetree, affirme qu’il lui est difficile de pardonner le geste de son fils, elle nie toutefois l’allégation selon laquelle son fils serait un pervers. Elle réagit à la déclaration de la mère du petit Ritesh qui avait dit à la presse : « Sachin ti pe fer lespri lor mo tifi. » Saroj affirme que son fils a toujours respecté les femmes, qu’il s’agisse des membres de la famille ou de la localité. « Si li ti ena lespri lor sa tifi-la, be lontan li ti pou fini trap enn ta tifi », martèle Saroj. Elle explique que les trois enfants de Sachin sont tous traumatisés, soulignant qu’ils sont suivis par une psychologue depuis le drame.
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