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Metro Express : le grand départ ce dimanche

Metro Le premier train quittera la station de Rose-Hill vers 10 heures.
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Le lancement du Free Passenger Service du Metro Express entre Rose-Hill et Port-Louis est prévu ce dimanche à 11 heures. C’est le Premier ministre Pravind Jugnauth qui donnera le signal de départ après une cérémonie informelle à Rose-Hill à 10 heures. Jusqu’ici, 120 000 tickets gratuits sur les 432 000 mis à la disposition du public ont été distribués en quelques jours.

Ils ne siffleront pas, mais un avertissement sonore signalera leur arrivée à chaque station. Les trains Mauricio du Metro Express entrent enfin en service. Annoncé depuis novembre, c’est finalement ce dimanche 22 décembre qu’ils entrent en opération, après plusieurs semaines d’essais. Les trains seront à la disposition du public gratuitement, et ce  jusqu’au dimanche 5 janvier 2020. Le service deviendra payant à partir du lundi 6 janvier 2020.

Des  conseillers seront sur place pour guider, renseigner et donner les consignes de sécurité au public. La distribution gratuite des tickets, qui a débuté le mercredi 18 décembre, continue d’attirer les foules aux points prévus à cet effet : les stations du Metro Express à Rose-Hill, Beau-Bassin et Victoria, ainsi que les cinq mairies et les conseils de district. « L’engouement est fort. Tout se passe comme prévu », se réjouit Das Mootanah, Chief Executive Officer (CEO) de Metro Express Ltd (MEL). Selon lui, 120 000 tickets ont été distribués en quelques jours sur les 432 000 mis à la disposition du public gratuitement.

La distribution se poursuivra, avec des dates et horaires précis, selon un calendrier établi afin que chacun puisse voyager selon l’heure qui lui convient le mieux et en fonction des places disponibles. Dans un communiqué, MEL indique que la distribution pour le trajet du 30 décembre 2019 au 1er janvier 2020 se fera le lundi 23 décembre. Celle du trajet du 2 au 5 janvier 2020 aura lieu le mardi 24 décembre 2019.

Le CEO de MEL précise que ceux qui ont récupéré leur ticket peuvent prendre le train à n’importe quelle station. « Si quelqu’un a pris son ticket pour Port-Louis par exemple, il peut embarquer à n’importe quelle station (Vandermeersch, Beau-Bassin, Barkly, Coromandel ou St-Louis) allant dans cette direction. Il n’a pas nécessairement besoin de prendre le train de la station de Rose-Hill », dit-il. Idem pour ceux qui ont pris leur ticket pour aller dans le sens inverse, c’est-à-dire de Port-Louis à Rose-Hill. Ces trajets gratuits coûteront Rs 1,2 million par jour à MEL.

Pour le lancement du Metro Express sur la base de la gratuité, quatre trains seulement seront en service sur les huit qui sont arrivés à Maurice. Mais ce sont au total six trains qui sont prêts à être utilisés. Ils ont tous passé avec brio les tests nécessaires auxquels ils ont été soumis avant leur mise en opération.

Du côté de Larsen and Toubro, société chargée des travaux du projet, la veille du lancement, soit le samedi 21 décembre, a été consacré au grand nettoyage des sites. Une dernière vérification des systèmes a aussi été faite. « Tout est prêt pour le lancement. Nous nous sommes assurés que tous les sites soient propres pour la mise en opération du service de Metro Express », a affirmé, samedi, Nausheen Aullybux, responsable de communication de Larsen and Toubro. Le premier train quittera la station de Rose-Hill vers 10 heures, juste après la cérémonie protocolaire qui se déroulera en présence de quelques dignitaires du pays.


Vasant Jogoo, urbaniste : « Pas une solution à la congestion routière »

Vasant Jogoo

L’entrée en opération du métro suscite engouement et excitation. Mais elle engendre aussi des interrogations. À quel point modernisera-t-il notre système de transport ? Ce projet résoudra-t-il vraiment le problème de congestion routière ? Si l’urbaniste Vasant Jogoo, qui est aussi consultant de la Banque mondiale (BM), concède que cela apportera de la modernité, il estime, néanmoins, que ce n’est pas la solution à la congestion routière. Dans l’entretien qui suit, il répond en son nom personnel. Ses réponses n’engagent pas la BM.

Dans quelle mesure le métro modernisera-t-il notre système de transport ?
Nous avons eu l’occasion, à travers plusieurs gouvernements, de discuter des moyens de moderniser notre système de transport. Certes, le métro modernisera un système qui était en souffrance, la capacité de nos routes étant dépassée. Le projet de modernisation date des années 1977. On avait déjà identifié les lacunes du pays qui est un très petit territoire avec un parc automobile constamment en croissance. Il était clair qu’à l’époque nos routes ne suffiraient plus à un système de transport fluide. C’est là où le Metro Express intervient. C’est une des options aux routes et il évitera les bouchons. Mais il existe beaucoup de réserves sur cette solution.

Il y avait d’autres solutions, comme le « bus lane »…
C’est la question fondamentale. Avait-on réellement besoin d’un tramway, car le Metro Express n’est pas un métro comme celui de Paris ? C’est une version légère qui partage la chaussée avec les autres véhicules et il y a des intersections. On se pose aussi la grande question de la rentabilité du projet. Je suis d’avis qu’il ne sera pas rentable, comparé au coût du projet en lui-même. Les Mauriciens qui seront appelés à prendre le métro ne représentent que 5 % à 10 % de la population, ce qui est insignifiant.

En 1977, on avait déjà deux solutions en tête : le Light Rail ou le Bus Lane. Nous parlons là d’autobus modernes, comme les semi-low floor buses et des autobus électriques disposant des meilleures caractéristiques pour assurer le confort des passagers. Les précédents gouvernements ont hésité entre les deux. C’est pour cela que le tracé des anciens trains a été préservé. Un système d’autobus avec une route dédiée aurait été moins coûteux que le métro. Un tram peut transporter 350 passagers, dont la majorité voyagera debout. Ce sont donc six ou sept autobus qui disposent de sièges pour tous.

En dehors des heures de pointe, les autres véhicules auraient pu avoir la possibilité d’utiliser cette route dédiée. Je vois mal les voitures rouler sur des rails avec le light rail. De plus, avec le Metro Express, il y aura la nécessité de venir avec des feeder buses. C’est pour cette raison que les consultants ont, au fil des années, presque tous privilégié le système de bus. Nous avons eu une dizaine de rapports sur la question. Comme consultant à la Banque mondiale, nous avons mis en pratique le système de bus à Dar es-Salaam. Aujourd’hui, les autobus modernes sont viables et pas onéreux. Ce projet fonctionne très bien.

Qu’en est-il de l’élimination de la congestion routière ?
Vous pensez que les Mauriciens abandonneront leur voiture pour attendre l’arrivée d’un feeder bus, se rendre à une station, attendre l’arrivée du tram, puis voyager debout pendant 20 minutes pour arriver à la gare et ensuite reprendre un autre feeder bus, voire marcher jusqu’à sa destination finale ? Je n’arrive pas à y croire moi-même. C’est pour cela que je suis d’avis que le Metro Express est uniquement un projet de prestige qui satisfait une poignée de Mauriciens. Il ne désenclavera pas le gros problème d’embouteillage aux heures de pointe.

Au contraire, les intersections avec les routes créeront des temps d’arrêt supplémentaires. Quand vous dites que le métro est là, le Mauricien se réjouit d’avoir un nouveau jouet. En tant qu’urbaniste, je trouve que le fait de ne pas avoir construit de Grade Separate Junction aux intersections a été une erreur. Tôt ou tard, il faudra construire ces pilotis, car la situation deviendra ingérable.

Des dispositions prises pour des autobus le soir
Afin de ne pas poser d’inconvénients aux derniers passagers du métro, la National Land Transport Authority a prolongé les horaires de disponibilité des autobus. Les lignes opéreront jusqu’à 21 heures dès ce dimanche 22 décembre, et ce jusqu’au 5 janvier 2020. Soit pour les 15 jours du Free Passenger Service. Le métro sera opérationnel ces 15 jours de 7 heures à 19 heures.

Métro ou tram ?

On essaie toujours de faire la différence sur la question de savoir si le Metro Express est un métro ou un tram. Selon la définition même d’un tramway dans le dictionnaire Larousse, autrefois, un tramway était un chemin de fer établi sur la chaussée d’une route ou d’une rue au moyen de rails sans saillie, d’intérêt local établie en totalité ou en partie sur la voie publique ou en accotement de route. Aujourd’hui, le tramway est défini comme un chemin de fer électrique destiné au transport urbain et suburbain des voyageurs et implanté en totalité ou en partie sur la chaussée des rues empruntées.

Quant au métro, il est défini comme un chemin de fer urbain à traction électrique établi en site clôturé, généralement en souterrain ou sur viaduc, et destiné au transport des voyageurs avec une fréquence élevée de desserte. Ce qui signifie qu’elle n’intercepte jamais la circulation routière. Mais dans plusieurs pays, comme à Maurice, le débat demeure. C’est le cas à Rouen en France où des irréductibles persistent à dire que leur tramway est en fait un métro.

Un trajet  de 19 minutes au lieu de 45 minutes

Les principaux avantages du  Metro Express sur les autres moyens de transport en commun sont :  le temps d’attente pour obtenir un véhicule, ainsi que la courte durée du trajet entre Port-Louis vers Rose-Hill ou vice versa. Le trajet entre les deux stations dure 19 minutes, contrairement à un trajet en autobus empruntant le même tracé qui est de 45 minutes, voire plus aux heures de pointe. Vu qu’il aura la priorité, le Metro Express ne subira pas les aléas de la circulation routière. Un passager aura aussi la chance d’obtenir un tram en moins de 12 minutes.

Côté confort, les passagers, seront également bien servis, hormis le fait que la majorité aura des places debout. L’Urbos 100 peut accueillir 307 passagers, mais il a uniquement 78 sièges. À bord du métro, il y a aussi des sièges réservés aux passagers âgés ou ceux à mobilité réduite. Le véhicule dispose aussi de places pour les fauteuils roulants. Le maximum de sécurité et de confort à bord des véhicules sera assuré, explique Metro Express Ltd. Il y aura des patrouilles d’agents de sécurité et des caméras de vidéosurveillance dans toutes les stations et véhicules. Les wagons sont également climatisés.


Plan de déviation à Curepipe : début des travaux de la phase II compromis

Le début des travaux de la phase II du projet à la rue Swami Sivananda à Curepipe est compromis. Raison : un veto apposé par le ministre du Logement et des Terres Steve Obeegadoo, lors de la réunion de coordination qui s’est tenue à la mairie de Curepipe le jeudi 19 décembre 2019. Selon lui, le plan de déviation, qui devait entrer en vigueur le 19 décembre, risque de provoquer des embouteillages en cette période de fêtes et à la rentrée scolaire en janvier.

Ce plan de déviation avait pourtant été préparé après une série de consultations avec les parties prenantes, dont la Traffic Management and Road Safety Unit (TMRSU), la police et le contracteur Larsen and Toubro, responsable des travaux. Selon diverses sources, un constat sur le terrain a même été fait. Le plan qui avait été décidé et qui devait entrer en vigueur le jeudi 19 décembre aurait été mis en place à « titre d’essai ». Il était appelé à être optimisé et modifié où cela s’avérait nécessaire, avant le début des grands travaux. Mais là les choses sont au point mort.

« Nous ne savons pas si la TMRSU ou la police modifiera le plan de déviation qui avait été établi. Tout est prêt à notre niveau. Nous attendons l’aval des autorités », explique la responsable de communication de Larsen and Toubro, Nausheen Aullybux. Elle n’a pas souhaité se prononcer sur d’éventuels retards que le report du début des travaux sur ce tronçon du tracé du Metro Express pourrait engendrer.

Nous avons tenté, en vain, d’avoir une déclaration du ministre concerné pour avoir plus de détails sur ses objections. Il n’a répondu ni à nos messages, ni à nos nombreux appels téléphoniques.


Les opérateurs d’autobus toujours dans le flou

Siddharth Sharma directeur général de RHT.
Siddharth Sharma directeur général de RHT.

Comme annoncé par le ministre du Light Rail Alan Ganoo, les feeder buses et les opérations commerciales du Metro Express débuteront le 5 janvier 2020. Ces feeder buses seront alors gratuits pour deux mois. Période durant laquelle le tarif de ce moyen de transport sera appliqué. « Nos compagnies doivent être rentables », soutiennent à la fois Siddharth Sharma, directeur général de Rose-Hill Transport (RHT), et Swaley Ramjane, directeur de United Bus Service (UBS).

Ils expliquent cependant qu’ils ont été rassurés par le gouvernement. Ils obtiendront de l’aide en cas de problèmes financiers. « Le gouvernement, à travers la NTA et d’autres autorités, ont expliqué que le gouvernement fera un top-up sur nos recettes si nous avons des pertes trop conséquentes », explique Swaley Ramjane. C’est le même discours que nous livre Siddharth Sharma.

Cependant, c’est RHT qui sera le plus impacté par les opérations de la première phase du métro. « Nous avons déjà mis en place un plan d’action. Maintenant, pendant les deux premiers mois d’opération du métro, nous aurons une idée du véritable impact du projet sur nos opérations. Nous déciderons ensuite de la marche à suivre », explique le directeur général de RHT.

Selon les chiffres, le Metro Express devrait avoir un impact important sur la masse de passagers qui utilisent les services courants de RHT et de UBS. Le chiffre de 50 % du flux de passagers a été évoqué pendant des réunions entre les autorités et les opérateurs ; dès 2020 pour RHT et à la concrétisation de la phase II du projet entre Curepipe et Port-Louis pour UBS.

 

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