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Metro Express : ils passent du statut de propriétaires à celui de squatters

« Si vous ne quittez pas cette propriété au plus tard le 18 août 2017, vous serez expulsés. » C’est ce qu’indique la lettre adressée par le ministère du Logement et des Terres à des habitants du quartier de La Butte, à Port-Louis. L’exode débute cette semaine.

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Des propriétaires de terrains situés sur le tracé du Metro Express ont reçu une Notice to squatters, le 10 août, leur demandant d’évacuer les lieux. Une quinzaine de familles du quartier de La Butte, à la sortie sud de la capitale, devront quitter les lieux entre les 18 et 23 août. Même scenario à Rose-Hill : ceux qui ont reçu leurs compensations, le 14 juillet dernier, devront bouger vers leurs nouveaux logements encore en construction.

C’est jeudi de la semaine dernière que le chef de cabinet du ministère du Logement et des Terres leur a adressé la dernière lettre. Les personnes concernées avaient été averties en avril dernier. Toutefois, certains propriétaires des maisons ex-Central Housing Authority (CHA) devront déposer leur contrat chez le notaire de l’état au plus tard le 18 août. Au cas contraire, ils seront expulsés et leurs maisons détruites.

Sept autres occupants sont invités à déposer leurs documents pour obtenir une compensation. Ils bénéficient chacun d’un bail sur un terrain de l’état depuis presque 40 ans. Les compensations varient entre Rs 1,2 million et Rs 1,8 million. Certaines maisons seront rasées, d’autres resteront intactes, car le ministère n’aura besoin que d’une partie de leur cour.

Azam Rujubali, porte-parole des     habitants de La Butte.

Ce qui intrigue le plus, c’est le délai extrêmement court. Ils devront déposer leurs papiers, obtenir leurs compensations, évacuer les lieux et se trouver un autre logement en moins d’un mois. « C’est de la dictature », fustige Azam Rujubali, porte-parole des habitants. Il animera un point de presse ce mercredi pour annoncer la voie à suivre. Samedi, il prévoit une marche de protestation entre Coromandel et Rose-Hill. « Nous ne sommes pas des squatters. Nous payons le loyer de notre bail et ceux qui occupent des maisons ex-CHA ont acquis leurs terrains. Pourquoi la lettre du ministère nous qualifie-t-elle de squatters ? »

à Rose-Hill, c’est le même problème. Une lettre du ministère somme plusieurs familles d’évacuer les lieux au plus tard le 23 août. Shoba Teeluckee, une habitante de la région, affirme que sa nouvelle maison est toujours en construction. Elle a reçu une compensation de Rs 12 millions le 14 juillet. « Nou fek koul dal kouma mo pou al ress laba pa pe donn nou ase letan », déplore cette mère de famille désespérée. Elles sont sept familles à devoir évacuer les lieux. Le hic, c’est que cinq d’entre elles n’ont pas encore touché de compensation. Comme les habitants de La Butte, elles ne comprennent pas comment l’état peut-il agir de la sorte. Une source au ministère souligne que les ordres d’évacuation sont normalement émis lorsque les terrains sont acquis et les compensations déboursées. Entretemps, les contestataires s’organisent pour se faire entendre.

Premières consultations de la NTA

L’intégration du Metro Express aux autres moyens de transport public est loin d’être faite. Alors que les autorités disent à qui veut l’entendre que le travail sur l’organisation du feeder system a déjà démarré, la National Transport Authority (NTA) a été surprise d’apprendre, hier, qu’aucune étude n’a encore été menée sur le sujet. Il y a eu une réunion avec les représentants de la corporation nationale de transport pour aborder la question et la NTA doit désormais faire un sondage sur les différentes dessertes concernées sur le couloir Curepipe-Port-Louis pour décider s’il faut des extensions ou carrément revoir certaines. Les trajets couverts par la United Bus Service et Rose Hill Transport sont aussi concernés par ce sondage et les représentants de ces compagnies devront aussi rencontrer ceux de la NTA dans les prochains jours.

Les contestataires s’organisent pour se faire entendre.

Les habitants avertis depuis plus de deux ans

« Chaque cas diffère. » C’est ce qu’affirme une source au ministère du Logement et des Terres. « Les dossiers sont traités au cas par cas. » La source martèle que les propriétaires des maisons ex-CHA ne sont pas considérés comme des squatters car ils possèdent un contrat de bail ou un titre de propriété du terrain qu’ils occupent. « Concernant les familles propriétaires de leurs terres, c’est le ministère des Infrastructures publiques qui se charge des expulsions de ceux qui tardent à évacuer leurs terrains. »

Quatre familles de la rue Mgr Leen, La Butte, ont ainsi reçu un avis d’occupation illégale de terres de l’État. Ces terrains sont sur le tracé du Metro Express. Le squatting ayant eu lieu après la date limite du 1er juillet 2015, leur régularisation n’a pas été considérée, suivant la politique du ministère.

« Depuis deux ans, le ministère informe les familles qu’elles peuvent s’inscrire pour l’obtention d’un logement de la National Housing Development Company (NHDC) ou de la National Empowerment Foundation (NEF). Elles peuvent aussi demander à occuper une partie des terrains contre le paiement d’une location », ajoute une source au ministère du Logement et des Terres. Un conseiller au ministère des Infrastructures publiques souligne qu’une équipe spéciale a été mise sur pied pour encadrer les habitants. « Nous adoptons une approche humaine et nous n’abuserons pas de nos prérogatives », indique notre intervenant. Pour le moment, le ministère ne dispose d’aucune information sur l’avancée du dossier. « Ce qui est certain, dit-il, c’est que les habitants ont été avertis depuis plus de deux ans qu’ils devraient partir. »

 

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