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Métiers de croisiériste : un défi à relever!

Travailler sur un bateau de croisière est une expérience unique. Pour certains c’est une aventure extraordinaire, pour d’autres, cela requiert du courage et de l’audace. Des jeunes employés de mer racontent leur aventure dans ce monde du travail qui de plus en plus attire les jeunes.

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Wencessla Moura, 24 ans, cuisinière : «Certains abandonnent au bout de deux ou trois semaines»

J’ai toujours rêvé de travailler sur un bateau de croisière. Je voulais voyager, faire de nouvelles rencontres, avoir de nouveaux amis. Au niveau personnel et professionnel, c’est aussi une grande aventure.

Certains de mes amis qui sont partis avant moi m’ont laissé le numéro d’une agence. Après l’avoir contactée, j’ai envoyé mes certificats. Ils m’ont rappelé pour un premier entretien. C’était un face-à-face avec des agents locaux et ils m’ont seulement dit qu’ils reprendront contact si mon profil correspondait à ce que les recruteurs recherchent.

Ce n’est qu’au bout de deux ans qu’ils sont revenus vers moi. J’avais perdu tout espoir. Mon deuxième entretien, c’est fait à travers Skype avec l’un des responsables de la compagnie. C’est après cet entretien que j’ai été accepté.

Après le test médical et les démarches pour obtenir le visa, je me suis lancé en tant que cuisinière sur le « Celebrity Equinox » en décembre 2015. Je prépare le petit-déjeuner et le soir, je travaille dans un restaurant sur le bateau. Je m’occupe spécialement des plats végétariens. Quand le bateau est en mer, on prépare aussi le déjeuner.

Je dois être polyvalente. Je dois souvent aller travailler dans d’autre restaurant quand il y a un manque de personnel ou aider mes collègues quand j’ai terminé mon travail. J’aime ce que je fais. Le jour de l’embarcation fut l’événement marquant de ma vie. Je me disais qu’enfin mon rêve devenait réalité. J’étais heureuse, mais aussi très émue. Tout ce que j’avais vu dans les films ou les documentaires était devenu réalité pour moi.

Je me suis vite adapté à la vie sur le bateau, car j’y avais déjà des amis et il y avait aussi d’autres Mauriciens que j’ai rencontrés et qui m’ont beaucoup aidé à me sentir bien.

Malheureusement ce n’est pas le cas de tous. Certains abandonnent au bout de deux ou trois semaines. Le plus difficile pour moi a été d’avoir laissé ma famille. On ressent un vide surtout pendant les périodes festives.

Ce qui me donne la force d’avancer, c’est le but que je me suis fixé. C’est aussi l’encouragement et le soutien de mes proches, de mes amis et surtout ma nouvelle famille du bateau. Il faut travailler dur et donner le meilleur de soi-même. C’est un métier qui paye bien. D’ailleurs à chaque renouvellement de contrat la base du salaire augmente et il peut augmenter davantage grâce aux heures supplémentaires. Pour les cuisiniers le contrat est de huit mois et de deux mois de vacances.

Jean-Luc Jhulloo, 27 ans, demi-chef de partie en pâtisserie : «Il vous faut avoir un mental d’acier»

J’ai toujours rêvé de travailler en tant que pâtissier sur un bateau de croisière. Après mes études secondaires, j’ai pris des cours à l’école navale de Pointe-aux-Sables. Ensuite j’ai postulé dans plusieurs compagnies, mais il y avait beaucoup de recruteurs qui demandaient de l’argent pour recevoir les candidatures. Il m’est arrivé de payer Rs 13 000 sans obtenir de réponse.

Un jour un ami m’a donné le nom d’un agent qui m’a tout de suite mis en contact avec des recruteurs sur les bateaux de croisières. Après un entretien, ils m’ont rappelé le jour même pour me dire que j’étais pris et que j’avais à faire des examens médicaux dès le lendemain.

Pour moi le premier jour fut le plus difficile. J’ai dû abandonner ma famille, ma fiancée et mes amis. Mais au fur et à mesure, je me suis habitué. J’ai aussi rencontré des amis mauriciens. Ce sont eux qui m’ont donné le courage de continuer. Malgré cela, il vous faut avoir un mental d’acier.
C’était dur de communiquer avec mes proches. Je devais acheter une carte WiFi à 15 livres sterling pour obtenir trois heures d’internet et si on est venu avec l’objectif d’économiser on ne peut pas se permettre de payer une telle somme tous les jours.

Je compte aujourd’hui plus de sept ans d’expérience en tant que cuisinier croisiériste. J’ai travaillé notamment sur deux bateaux de croisière : Oriana Cruise et Arcadia Cruise. Mon objectif était de travailler pour économiser et construire ma maison. Le salaire est de quatre fois plus que ce que je recevais à Maurice. Toutefois, pour avoir une promotion ce n’est pas évident, car il n’y a pas que les Mauriciens sur les bateaux. La majorité est des travailleurs viennent de l’Inde et des Philippines et ils sont aussi très bons.

Oumesh Arjoon, recruteur : «Travailler sur un bateau de croisière comporte beaucoup d’avantages»

Oumesh Arjoon, est le directeur de Oumesh Viaggi Shipping Co. Ltd (OVSC). Il explique qu’il a lui-même travaillé en tant que Chief Housekeeper sur un bateau de croisière en 2011. Aujourd’hui, il a sa propre agence de recrutement. « Il y a une grande possibilité d’évolution de carrière dans ce domaine, mais il faut se dévouer,» ajoute le directeur de l’OVSC. Il cite aussi les autres qualités pour être embauché sur un bateau de croisière.

« Vous voyagez aux frais de la compagnie et vous pouvez découvrir dix à quinze pays. Il est facile pour un employé de croisière de facilement économiser de l’argent, car nul besoin de s’inquiéter du loyer, de l’électricité et des autres factures. Plusieurs jeunes viennent travailler à bord des croisières pour pouvoir aider leur famille et ils y parviennent très bien. »

Il explique que les membres d’équipage sont souvent des employés de différentes nationalités. Ils vivent ensemble pendant plusieurs mois et ce métier leur permet d’échanger et de partager sur leurs différentes cultures et leurs modes de vie. C’est ainsi que le partage est vécu.

« C’est un très grand avantage en termes de connaissance à travers le monde. Si un jour vous voyagez, vous savez que vous ne serez pas seul dans un pays que vous ne connaissez pas, vous aurez toujours un contact pour vous tirer d’affaire », précise-t-il.

Fabio Cédric Jacques, 25 ans, IT Insfractructure Specialist : «Il faut faire ses preuves et travailler dur»

Je travaille sur un bateau de croisière depuis septembre 2016. Je m’occupe du système informatique sur le bateau et j’interviens en cas de bug. Je procède aussi à la vérification régulière des logiciels pendant l’embarcation. Je répare aussi les ordinateurs. Je suis encore à mon premier contrat. Au bout du 4e contrat, on obtient une promotion.

J’ai postulé après avoir vu une annonce. J’ai par la suite eu trois entretiens à travers Skype avec le responsable des Resources humaines de Royal Carribean Ltd. Ils recherchaient quelqu’un avec un diplôme en informatique et de l’expérience en « System Support ».

On m’a alors proposé un contrat de six mois sur un bateau de croisière et deux mois de vacances. J’ai accepté. Après quelques tests médicaux, je me suis retrouvé sur « Allure of the Seas ».

Ce n’était pas évident pour moi de prendre cette décision, parce que j’avais déjà un travail stable dans le domaine de l’informatique. Mais ce travail me donnait la possibilité de voyager dans plusieurs pays en peu de temps et le salaire proposé était beaucoup plus intéressant. J’ai laissé derrière moi la famille et les amis pour plusieurs mois et c’était la première fois que je me retrouvais loin d’eux. Le premier mois fut le plus difficile. Il y avait beaucoup à apprendre et j’étais le seul Mauricien à travailler dans ce secteur. Je n’avais pas beaucoup d’information sur le travail que je devais effectuer.

Le style de vie était très différent et j’ai dû m’adapter. Il fallait aussi faire ses preuves et travailler dur. Parfois, je travaillais 11 heures d’affilée. Pour ne pas craquer, j’ai trouvé le moyen de décompresser. Je vais souvent à des soirées, je visite les pays ou on accoste entre midi et 17 heures, car nous travaillons 7/7 et nous n’avons pas de jour de congé.

Je fais des exercices au gym. Je rencontre aussi les autres Mauriciens qui travaillent sur le bateau. C’est essentiel. De temps en temps, je me connecte à Skype ou Watsapp pour communiquer avec ma famille. Après quelques mois sur le bateau, on s’habitue au train-train quotidien.

Caroline Pierre-Jean, 26 ans, coiffeuse, maquilleuse et Nail Artist : «Le style de vie est très différent»

Une de mes anciennes collègues m’a parlé d’une agence de recrutement. J’ai appelé un agent qui m’a proposé un entretien. J’ai passé un test sous la supervision de plusieurs coiffeuses venue de l’Italie. Il y avait environ 25 candidates et j’ai dû faire une coupe, un brushing et une haute coiffure en une heure. Je me suis super bien débrouillée.

Après l’entretien, on m’a proposé de travailler en tant que coiffeuse et j’ai accepté. J’ai par la suite pris des cours navals à Pointe-aux-Sables pendant un mois et après je me suis retrouvée sur la MSC Fantasia en décembre 2015. Mes débuts étaient très difficiles, car la vie sur un bateau est différente de ce qu’on connaît dans un pays. J’ai dû abandonner la famille et les amis et je me sentais seule.

J’étais aussi l’unique Mauricienne à travailler dans ce département. Les premiers jours je n’étais pas habitué avec le bateau qui bougeait beaucoup. Il y avait aussi un très mauvais temps. Les clients étaient très exigeants et différents de ceux de l’île Maurice. Tout cela me rendait nerveuse et je me posais beaucoup de questions par rapport à mon avenir sur le bateau.

Mes collègues m’ont encouragée en me racontant leurs expériences et petit à petit je me suis concentrée sur mon objectif et j’ai fait de mon mieux pour ne pas abandonner. J’ai même appris l’italien et l’espagnol grâce à eux. En retour eux, ils ont appris le créole.

Ma famille, surtout, la tante avec qui je vivais m’a apporté son soutien. C’est aussi grâce à elle que je poursuis ce rêve. Dans le département dans lequel je travaille, devenir manager ou avoir une promotion n’est pas difficile. Le plus important c’est de travailler dur. C’est seulement à ce moment qu’on réussit vraiment. Je suis actuellement en vacances. Je repars dans quelques jours sur un bateau fraîchement inauguré.


Les principales compagnies maritimes proposant des croisières

  • MSC Croisière (10 navires),
  • Costa Croisière (15 navires),
  • Royal Caribbean Cruise (35 navires),
  • Carnival Corporation (86 navires),
  • Groupe Apollo Management (22 navires)
 

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