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Métier : quand la passion devient gagne-pain

Jean-Marie Jean-Marie suit les traces de son oncle cordonnier.

Vivre de sa passion… Ils ne sont pas nombreux à avoir réussi cet exploit. D’autres, malgré les obstacles, ont réussi à transformer leur passion en métier. Quels sont les secrets de leur réussite ? Rencontre.

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Nous sommes au Caudan Waterfront. Il est 14 heures et l’allée des artistes grouille de monde. Des touristes nonchalants, bon nombre de jeunes qui flânent alors que d’autres semblent pressés.

Dans un coin, un homme assis ne semble pas retenir l’attention des passants. Il faut s’approcher pour voir ce qu’il fait. Un des plus vieux métiers du monde, appris de son oncle, et qu’il fait avec fierté. Jean Marie Chatour est cordonnier. Sa passion : la créativité. Cet habitant de Pamplemousses affirme avoir essayé d’autres métiers dans le passé, notamment dans la construction. Il a finalement décidé d’écouter son cœur. « C’est un métier en voie de disparition. Beaucoup de jeunes aujourd’hui ne veulent pas faire ce métier. Pour moi, cela représente la liberté. Je me sens bien. De plus, je travaille aux horaires que je choisis, tantôt au Caudan tantôt à Pamplemousses. Le plus important, c’est d’avoir suffisamment de revenus pour les dépenses de la famille. »

Jean-Marie a un fils de cinq ans à qui il veut transmettre cette passion. « Je lui apprends qu’il faut être humble dans la vie et qu’être au service des autres apporte beaucoup de satisfaction personnelle et génère de la reconnaissance ». Ce qu’il aime le plus dans ce métier ? « Redonner vie à des chaussures qui allaient atterrir dans un coin ou à la poubelle… C’est une chance de pouvoir aider les gens à les retrouver comme neuves ! »

Aisha Chummun, coach explique que la passion procure une force de travail inégalable. « Elle donne de la joie et du plaisir mais ce n’est pas que cela, explique-t-elle. Il faut savoir s’imposer des disciplines, être patient, performant et organisé surtout quand on veut devenir son propre patron. » Elle estime qu’il est bien important de faire une étude pour analyser si le domaine choisi est bien approprié. « Il ne suffit pas d’avoir une passion et de vouloir à tout prix en faire son métier sans savoir s’il va rapporter quelque chose. Chaque personne qui décide de se lancer doit bien connaître ses forces et ses faiblesses. Il est aussi important de s’entourer de personnes qui peuvent nous conseiller mais surtout auxquelles on peut faire confiance. »


Annabelle Fleury : «Une question de style»

Il suffit de voir les modèles proposés par Annabelle Fleury pour savoir qu’elle y met tout son cœur. La styliste et créatrice nous ouvre les portes de son univers. Si au collège, elle avait opté pour les sciences afin de devenir vétérinaire, elle a vite réalisé que ce n’était pas fait pour elle. Elle décide alors de s’envoler pour Paris.

Elle choisit un atelier artistique et elle se spécialise dans la mode avant de rentrer au pays en 2009. Les rêves pleins la tête, Annabelle Fleury ne tarde pas à vouloir les concrétiser. Elle lance sa toute première collection, Bénares, en s’inspirant de l’univers indien. « Les gens ont tout de suite accroché, les médias ont suivi et c’est ainsi que je me suis fait connaître. » Aujourd’hui, elle compte au moins 16 collections et elle ne cesse d’agrandir et de fidéliser sa clientèle en proposant surtout du sur-mesure. « Tout le monde peut s’habiller sur Oriya car nous faisons des vêtements adaptés à toutes les morphologies. »

Son secret : il n’y en a pas, dit-elle. « Les entrepreneurs rencontrent beaucoup d’obstacles, il faut faire des sacrifices, accepter qu’on ne va pas avoir de salaires fixes, comprendre que les échecs font partie du parcours. Il faut savoir retenir le positif et rebondir. Pour moi, il est important de créer et d’innover. Sinon, les gens se lassent et vont chercher ailleurs. »


Hans Dax, make-up artist : «Pouvoir transformer une personne ordinaire en star»

Il se passe de présentation. Hans Dax, qui ne cesse de faire parler de ses prouesses, incarne la réussite. Son secret ? La force de croire dans ses rêves et se battre pour les réaliser. « Le make-up est un moyen d’expression mais pour moi, c’est plus que cela : c’est l’extraordinaire possibilité de transformer une personne ‘ordinaire’ en star. On a tous cela, il suffit juste d’un petit coup de pouce pour réveiller la star qui est en nous. »

La métamorphose

C’est à l’âge de 14 ans que le jeune homme découvre sa passion pour le maquillage. Au début il voulait devenir médecin mais des shows à la télé lui font changer d’avis. « Depuis, je me suis de plus en plus intéressé à l’art. »

Quand on parle de métamorphose, on ne parle pas uniquement du changement de carrière de l’étudiant mais de sa capacité, aujourd’hui à 19 ans, à métamorphoser les gens. « Il y a tellement de choses à dire sur cet univers. Quelques coups de brosse, du bon maquillage et hop, c’est quelqu’un d’autre qu’on découvre. Certaines personnes ont besoin d’un peu de magie pour dissimuler leurs petites imperfections et revaloriser leurs atouts. »

Actuellement, Hans Dax est l’un des plus jeunes make-up artists du pays sollicités tant par les particuliers que les professionnels. Autodidacte, il n’a qu’un but : s’améliorer encore et toujours afin d’offrir à ses clients de meilleurs services. « Ce ne n’est pas facile de se faire un nom mais j’ai de la chance d’avoir pu percer dans ce domaine. » À tous ceux qui souhaitent concrétiser leurs projets, il conseille : « Ne laissez jamais vos rêves rester… des rêves. Réalisez-les ! » En d’autres mots, arrêtez de rêver. Agissez !


Témoignage

Lovish Appadoo : «À 16 ans, je savais que je serai cuisinier»

Ceux qui croyaient que Lovish était voué à l’échec ont dû revoir leurs prédictions. Il a 16 ans et il… déguste une émission culinaire à la télé quand il lâche à son père : «  Mo anvi met linz chef kouma zot. » Il est bouche bée devant les bons petits plats concoctés par des personnes qui connaissent leur métier sur les bouts des doigts. Lovish est conquis. « Je voulais faire des plats aussi bien présentés. » Il décide de faire son chemin dans ce domaine : « Mon père était malade et j’avais besoin d’argent. J’ai donc décidé d’abandonner mes études et d’aller travailler. » Lovish essaie de se faire une place dans la cuisine après des études à l’hôtel Royal Palm. À 27 ans et depuis 2012, il est chef à son compte dans une petite entreprise. Il a commencé avec sept employés. Aujourd’hui, il en compte une trentaine.

La cuisine est devenue sa passion ou vice versa. Il n’a pas oublié ses débuts difficiles, dit-il, mais c’est avec plaisir qu’il se met au service des autres afin de venir en aide aux jeunes qui débutent dans ce domaine : « C’est un métier passionnant qui demande beaucoup de sacrifices mais le plus important, c’est de faire ce qu’on aime. »

Yvan Ducasse – directeur de Laugh Entertainment : «Le plaisir de faire plaisir»

Rire. S’amuser. Jouer. Voilà la mission d’Yvan Ducasse. Cela fait deux ans qu’il a fait un pari fou. Il abandonne un emploi à plein temps pour se consacrer à sa passion. Celle d’organiser des anniversaires et autres événements principalement pour les enfants. « J’aime tout ce qui est artistique. J’ai fait du théâtre avec l’atelier Pierre Poivre. Quand j’étais scout, je me suis beaucoup occupé des enfants et tout au long de ma vie, j’en ai côtoyé tout plein à travers mes activités. »

S’il a quitté son travail, c’est aussi pour s’occuper de sa fille handicapée. Il décide donc de faire un travail aux horaires flexibles qui lui permettent d’avoir plus de temps libre. C’est vrai qu’il n’en a pas beaucoup, dit-il, mais il sait très bien s’organiser pour répondre à ses obligations professionnelles et s’occuper de sa famille. « De plus, j’ai eu l’occasion de rencontrer des personnes qui partageaient la même passion que moi : Angie, qui est une pro du Face painting, et Magalie qui est très douée pour la déco et l’organisation des fêtes. »

Ils se sont réunis. Un, puis deux anniversaires, et ils ont vite compris que c’était un créneau prometteur. « On a organisé de grosses fêtes mais notre spécialité, ce sont des anniversaires à petits prix personnalisés. »

Aujourd’hui, le groupe est passé d’un anniversaire par mois à trois événements par semaine. « Nous proposons divers services comme des châteaux gonflables, cascade au chocolat, appareil à bulles, barbe à papa, popcorn et d’autres jeux. » Ils ont démarré une nouvelle aventure : l’organisation des fêtes d’enfants dans les mariages et autres événements familiaux. « De nos jours, les gens ne savent pas trop comment s’occuper des enfants pendant les fêtes. Nous leur proposons des coins enfants avec des personnes qui s’occupent à amuser les enfants pendant que les adultes font la fête. Donc, plus besoin de les faire garder à la maison. »

 

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