Depuis juin 2025, le taux de TVA sur les services de coiffure est de zéro. Annoncée comme une mesure de soulagement pour les consommateurs, cette disposition n’a pourtant pas conduit à une baisse des tarifs. Entre seuil de chiffre d’affaires, coûts de fonctionnement et réalités du marché, l’impact réel de cette décision reste limité.
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Dans le Budget 2025-2026, le gouvernement a introduit une série de mesures visant à réduire la pression financière sur les ménages. Parmi elles, l’exonération de la TVA sur les services de coiffure. Depuis le 6 juin 2025, tous les services liés à la coiffure et aux soins capillaires sont classés à taux zéro. La Mauritius Revenue Authority (MRA), par le biais d’un communiqué de rappel émis cette semaine, a rappelé que la mesure couvre un large éventail de prestations. Elle inclut la coupe, le brushing, le coiffage, la coloration, la décoloration, le lissage, ainsi que les traitements capillaires comme le conditionnement profond, les soins à la kératine ou encore ceux ciblant le cuir chevelu. Du côté des barbiers, les services de rasage, de taille de barbe et de moustache entrent également dans le champ d’application.
« Les opérateurs enregistrés à la TVA ne doivent désormais plus appliquer de taxe sur ces prestations. Cette mesure vise à alléger les coûts pour les consommateurs tout en apportant une clarification fiscale aux professionnels du secteur », précise l’instance. La MRA a aussi insisté sur l’importance pour les prestataires concernés de respecter strictement cette disposition afin d’éviter toute confusion dans la facturation.
Une réalité différente
Si sur le papier, la mesure semble prometteuse, la réalité est tout autre dans les salons de coiffure à Maurice. En effet, la TVA sur les services n’était imposée que dans un cas précis : lorsque le salon dépassait un chiffre d’affaires annuel de Rs 6 millions. Autrement dit, seuls les grands établissements ou les enseignes de renom étaient concernés. Rezah Emamdhully, gérant de Rezah Hairway, explique, « nos services étaient déjà hors TVA avant l’introduction de cette mesure budgétaire. Nous ne faisons pas partie des salons dépassant le seuil de Rs 6 millions de chiffre d’affaires. Les tarifs restent donc inchangés. » Son établissement n’a jamais facturé de TVA à ses clients.
Même constat chez Vino Hair Designer, à Quatre-Bornes. Sa gérante, Sharmila Mungur, fait ressortir : « Nous ne facturons pas la TVA à nos clients. Ce sont des tarifs finaux que nous proposons. La mesure n’a donc aucun impact. Les prix demeurent les mêmes. »
La directrice de Marion Salon & Spa, Sophia Marion, souligne, elle aussi, le caractère limité de cette réforme. « On peut les compter sur les doigts de la main, les salons qui dépassent Rs 6 millions de chiffre d’affaires à Maurice. La majorité n’est pas concernée par la TVA. Nos tarifs étaient déjà sans taxe, donc rien ne change pour nos clients », avance-t-elle. Selon elle, la vraie problématique se situe ailleurs dans les charges fixes et les coûts d’exploitation. « Avec la hausse de l’électricité, de l’eau et des produits de soins, il est impossible de revoir les tarifs à la baisse. Ce que nous proposons à nos clients reflète notre savoir-faire et le temps consacré », dit-elle.
Au-delà de la question des services, les gérants de salon expliquent que c’est surtout le prix des produits qui pèse sur la facture finale. Pour Sophia Marion, si le gouvernement voulait réellement soulager les consommateurs, il aurait fallu agir à ce niveau. « Enlever la TVA sur les shampoings, masques, colorations et autres produits aurait eu un véritable impact. Une telle mesure aurait non seulement allégé la charge pour les clients, mais aussi réduit les coûts pour les prestataires », dit-elle.
L’exonération de TVA sur les services de coiffure apparaît davantage comme une mesure symbolique que comme un levier de réduction des coûts pour les ménages. Pour les clients, la facture n’a pas changé depuis l’entrée en vigueur de la réforme. Les professionnels du secteur, de leur côté, rappellent que leur marge de manœuvre est limitée. Entre charges opérationnelles croissantes et hausse des prix des produits importés, les salons préfèrent maintenir leurs tarifs afin d’assurer la pérennité de leurs activités.
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