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Médicaments: la qualité est-elle toujours garantie ?

Krishna Bucktowar, Principal Pharmacist à la Santé, et Ravind Gaya, président de la Pharmaceutical Association, étaient les invités d’Xplik ou K Santé.
Avec les nombreuses maladies qui nous guettent, la fabrication des médicaments est devenue une manne ! Toutefois, la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. D’où la nécessité de la surveillance permanente de ces produits. Récemment, les autorités indiennes ont interdit la vente de 344 médicaments. Quelque 500 autres risquent d’être bientôt sous le coup d’une interdiction. Or, certains de ces remèdes sont toujours disponibles chez nous. Mais pour Krishna Bucktowar, Principal Pharmacist à la Santé, il n’y a pas lieu de s’alarmer. Ce ne sont que quatre de ces produits, précise-t-il, qui sont en vente chez nous, principalement des médicaments anti-toux. « Ces médicaments qui ont été mis en cause contiennent plus d’un principe actif, soit une combinaison de principes actifs. Tel n’est pas le cas pour ceux disponibles chez nous, puisque nous n’autorisons pas ce type de médicaments. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter », assure-t-il. Krishna Bucktowar soutient, toutefois, qu’aucun laboratoire ne peut affirmer que son système est infaillible. D’ailleurs, dit-il, c’est pour cela qu’il y a un système de surveillance des médicaments – la pharmacovigilance. « La quatrième phase des essais cliniques demeure d’ailleurs le post-marketing surveillance. Phase qui ne prend jamais fin puisque les médicaments sont sous surveillance en permanence. Il arrive aussi que le laboratoire de son propre chef, demande le retrait de son médicament s’il s’avère qu’il n’est pas de bonne qualité. Dans d’autres cas, ce sont les autorités qui rappellent à l’ordre le laboratoire concerné », explique notre interlocuteur. Le président de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM) abonde dans le même sens, soutenant qu’il n’y a pas lieu de paniquer à la suite de l’interdiction de ces médicaments en Inde. « Il faut savoir qu’en Europe également, on a recours à ce système de combinaison de principes actifs. Et ce n’est pas pour autant que les produits concernés ont été interdits. Ce n’est pas parce que les autorités indiennes ont pris cette mesure que nous devons tout de suite en faire de même ! » argue Ravind Gaya.

« Pratique universelle »

Nous avons, ajoute-t-il, nos autorités locales qui peuvent se prononcer sur la question en temps et lieu. « D’ailleurs, le ministère de la Santé et les pharmaciens du privé sont en pourparlers pour décider de la marche à suivre concernant ces produits », soutient le président de la PAM. Il admet, toutefois, que certains laboratoires font des combinaisons de principes actifs qui semblent irrationnelles. Comment s’y retrouver? Krishna Bucktowar précise que ce genre de pratique est universel. « Les diverses marques du même médicament sont vendues à des prix différents. C’est une pratique courante dans presque tous les pays. D’ailleurs, nous ne pouvons pas autoriser la vente d’une seule marque de médicaments puisque cela favorisera une situation de monopole. Ce qui va à l’encontre de la Fair Trading Act », fait-il ressortir. Le Principal Pharmacist met plutôt l’accent sur l’usage rationnel des médicaments. Il insiste que les membres du public doivent comprendre que ceux-ci sont après tout des corps étrangers que nous ingérons et ils feront du tort automatiquement à notre organisme. Cela, même s’ils sont de bonne qualité. Pourquoi ne pas analyser des échantillons des médicaments avant d’autoriser leur importation ? « Analyser des médicaments avant d’autoriser leur importation n’est pas chose faisable et cela ne se pratique dans aucun pays. Sinon, on n’en finira jamais ! Et cela provoquera inévitablement une pénurie de médicaments. Je précise que nous scrutons le certificat d’analyse d’un médicament et, si besoin est, nous recherchons d’autres précisions auprès de l’importateur avant de donner notre feu vert. Contrairement à ce que l’on croit, nous n’autorisons pas facilement l’importation des médicaments puisqu’il y va de la santé de nos concitoyens ! » affirme notre interlocuteur. Il faut au plus vite mettre en place un mécanisme pour contrôler les médicaments qui circulent dans le secteur offshore. C’est ce que suggère le président de la PAM. « Ils ne sont pas censés entrer sur notre territoire. Nous avons toujours demandé à ce que les autorités mauriciennes aient un droit de regard sur ce qui se passe dans ce secteur concernant les médicaments. Nous avons vu, dans le passé, que des médicaments de mauvaise qualité avaient transité dans notre zone offshore. Cette affaire avait d’ailleurs porté atteinte à la réputation de Maurice », souligne Ravind Gaya.

« Luggage importations »

L’importation des médicaments peut aussi se faire de façon illégale, soit à travers les ‘luggage importations’. Les gens qui introduisent des médicaments chez nous dans leurs valises lorsqu’ils reviennent de l’étranger. Ils ne passent ainsi par la filière normale. Ils placent ensuite ces produits dans les pharmacies. « Or, les gérants de celles-ci doivent se rendre compte que ces médicaments sont entrés sur notre territoire de façon illégale. Dans ce cas, il est impossible de garantir leur qualité et leur traçabilité », indique le président de la PAM. Les membres du public doivent pouvoir faire confiance aux pharmaciens. Quant à ces derniers, il est de leur devoir de se mettre au diapason des avancées dans leur domaine. « Ce n’est plus possible d’ignorer les dernières données sur les médicaments en se limitant à ce que l’on a appris durant ses études. Le domaine pharmaceutique est trop dynamique et ne cesse d’évoluer. Ce n’est pas normal que parfois, c’est le patient qui est plus avisé que le pharmacien concernant le domaine pharmaceutique. Les pharmaciens doivent honorer leur profession », insiste Ravind Gaya.
 

L’importance de se tourner vers l’unité de pharmacovigilance

La pharmacovigilance est une science qui concerne la surveillance des médicaments, surtout leurs effets indésirables chez les malades. Cette surveillance se pratique dans plusieurs pays. C’est en 2003 que la pharmacovigilance est devenue une réalité en Afrique. « Nous avons depuis un certain temps notre propre unité de pharmacovigilance. Toutefois, si les membres du public et les professionnels de santé ne viennent pas vers nous pour nous faire part des effets adverses des médicaments, nous ne pourrons agir. Les patients doivent comprendre qu’il est désormais possible pour eux de rapporter les problèmes auxquels ils sont sujets avec les médicaments auprès de leur médecin traitant, des comptoirs des pharmacies du service hospitalier et auprès de notre unité de pharmacovigilance », précise Krishna Bucktowar. Pour avoir accès à cette unité, appelez les numéros suivants : 201 1334, 201 2697 ou 201 2036. Vous pouvez aussi faire part de vos doléances par courriel : moh-pharm@govmu.org. Notre pays est devenu membre du département de pharmacovigilance de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) il y a deux ans de cela. Ce département est avisé de tous les médicaments dans le monde qui ont des effets adverses. Le plus grand défi de tous les États membres est d’encourager les patients et les professionnels de santé à rapporter ces cas.

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